Face à la dégradation constatée des politiques d’accueil, des citoyens s’unissent pour obtenir le respect de la loi, des droits fondamentaux

Publié le par Michel Durand

Face à la dégradation constatée des politiques d’accueil, des citoyens s’unissent pour obtenir le respect de la loi, des droits fondamentaux

La Cimade, avec de nombreuses associations*, publie ce manifeste. Je l’ai connu par l’association lyonnaise Coordination Urgence Migrants.

Qui ne signerait pas ce texte ?

Mais, une fois signé, que va-t-il se passer ?

Les élus politiques vont continuer leurs engagements en droite ligne d’un libéralisme libertaire. Le maintien du profit individuel de celles et ceux qui sont bien placés dans la société va toujours l’emporter sur le souci de soutenir les plus pauvres parmi les citoyens.

Alors que faire ? Une grève générale ? Bloquer les systèmes économistes, financiers ? Paralyser les administrations ? Je rêve !

En fait, je ne suis capable que de poser des questions. Les connaissances techniques me manquent pour discerner comment réussir un profond (radical) changement des modes de vie. Nous parlons et rien ne bouge. Comment obtenir des dirigeants plus de regards humains ? Comment faire ? J’imagine qu’avec le très grand nombre, sous la forme d’une action non violente, il serait possible d’influer sur les décisions économistes. Une grève vraiment générale.

Manque, de fait ce très grand nombre de résistants à l’économisme ambiant. Alors, les dirigeants savent que le système en vigueur ne sera jamais radicalement en danger. Les militants peuvent rédiger des manifestes, leur politique ne changera pas. Pourtant, il est très urgent que nous devrions en finir avec les situations inhumaines d’errance.

Où se manifeste la violence pacifiste des lecteurs de l’Évangile ?

En finir avec les situations inhumaines d’errance et de campements en France

 

Manifeste national des associations et des collectifs citoyens

Nous, fédérations et associations accompagnant des personnes en situation de précarité et collectifs citoyens de soutien aux personnes migrantes/exilées, ne cessons de constater et d’alerter sur l’augmentation du nombre de personnes, de familles et de mineurs non accompagnés à la rue, vivant en squats ou en campements dans des conditions sanitaires et sociales indignes.

C’est pourquoi nous dénonçons :

- Le manque de volonté politique et de moyens pour respecter le principe d’accueil inconditionnel, socle fondamental de solidarité vis-à-vis des personnes en situation de précarité en France ;

- Le durcissement actuel des conditions d’accès à l’hébergement et aux droits fondamentaux dont sont victimes les familles et les personnes qui demandent protection à la France ou qui fuient des conditions de vie inhumaines.

La dégradation des conditions d’accueil et d’accompagnement des personnes et des familles les plus vulnérables devient une méthode des autorités pour décourager la demande d’asile.

Les personnes sans abri, isolées ou en famille sont victimes de discrimination pour l’accès où le maintien dans les structures d’hébergement généralistes, à la demande de l’État et en violation du principe d’accueil inconditionnel. Le « tri » des personnes qui sollicitent un hébergement se généralise dans le territoire, laissant à la rue et sans soins des familles, parfois avec des enfants malades, comme cela a été récemment dénoncé par les associations à Caen ou Brest.

Malgré l’obligation d’hébergement et d’accompagnement des demandeurs d’asile, moins d’une personne sur deux est aujourd’hui hébergée dans le Dispositif National d’Accueil (DNA). Une situation qui résulte d’un manque structurel de places d’hébergement (90 000 places dans le DNA pour 180000 personnes dont la demande d’asile est en cours d’instruction ou récemment réfugiées) et qui alimente le développement des squats et des campements indignes, comme à Paris, Saint-Denis, Nantes, Strasbourg, Toulouse, Bordeaux...

Par ailleurs, au nom de la « fluidité » dans les structures d’hébergement, l’OFII1 demande même aux centres d’hébergement de mettre fin à la prise en charge des personnes et des familles ayant obtenu l’asile ou en situation de détresse, sans solution de relogement. Ici non plus, le gouvernement n’atteint pas ses objectifs (8 700 relogements réalisés en 2018 contre 16000 promis) qui nécessitent aussi un engagement fort des collectivités locales.

Cette politique a pour conséquence de maintenir un cycle infernal aboutissant à plus de personnes à la rue.

Ce durcissement des conditions d’accès à l’hébergement et aux droits fondamentaux n’est pas une fatalité. Nous déplorons le manque de volonté politique et de moyens pour respecter le principe d’accueil inconditionnel qui fonde la tradition de solidarité vis-à-vis des personnes en situation de précarité en France.

Face à la dégradation constatée des politiques d’accueil et d’hébergement, les fédérations, associations et collectifs citoyens s’unissent pour demander au gouvernement le respect de la loi et des droits fondamentaux de toutes et tous, dont font partie les plus vulnérables :

  • - Une protection et un hébergement d’urgence, immédiats et inconditionnels des personnes en errance dans différentes villes de France, leur permettant d’accéder à leurs droits fondamentaux ;
  • - Un accès rapide aux procédures de demande d’asile, dans le respect des délais définis par les textes, y compris pour les personnes sous procédure Dublin, ainsi qu’aux conditions matérielles d’accueil ad hoc ;
  • L’accès aux conditions matérielles d’accueil (hébergement, ADA2, accompagnement dans les procédures et l’accès aux droits) tel que prévu par les textes européens pour tous les demandeurs d’asile, la création de 40000 places d’hébergement et l’abandon des orientations directives des demandeurs d’asile vers les régions sans garantie d’hébergement qui auront très bientôt pour conséquence la création de nouveaux campements ;
  • -  L’assurance d’une continuité de l’hébergement pour toutes les personnes sans domicile fixe, quelles que soient leurs situations administratives, qu’il s’agisse de structures dédiées aux demandeurs d’asile ou de structures d’hébergement généraliste ;
  • -  La garantie de conditions d’hygiène dignes (sanitaires, urinoirs, accès à l’eau, gestion des déchets), arrêt des confiscations de matériels tant que les campements perdureront ;
  • -  La protection des personnes vulnérables face aux réseaux de passeurs et de trafiquants.

 

Nous, fédérations et associations accompagnant des personnes en situation de précarité et collectifs citoyens de soutien aux personnes migrantes/exilées, demandons une réponse forte, nationale, interministérielle (santé, logement, intérieur) et des mesures immédiates, en lien avec les collectivités locales pour en finir avec ces situations inhumaines.

 

 

1 Office Français de l'Immigration et de l'Intégration )

allocation pour demandeur d'asile

 

 

* Cimade - Emmaüs Solidarité - Emmaüs France - Fédération des acteurs de la solidarité - Fondation de l’Armée du Salut - Médecins du Monde – Secours Catholique-Caritas France

 

J’espère que d’autres signatures suivront.

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