Il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune et cette nuit-là dans la vie du couple de Nazareth venait du ciel l'envoyé du Père

Publié le par Michel Durand

lou ravi
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Lettres de Noël de l’association des prêtres du Prado

Prado Général et Prado de France

 

1 - « Il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune » Lc 2,7

 

Cher frère en Christ Jésus.

 

La fête que nous allons célébrer n'est pas n'importe quelle fête. C'est l'événement grâce auquel, la terre ne pouvant pas aller au ciel, le ciel vient à la rencontre de la terre, pour recevoir des mains du Père de toute miséricorde son Verbe fait chair.

Le texte de Saint Luc, 2,1-18, qui sera proclamé la nuit de Noël, dit que Jésus est né dans une mangeoire parce qu'il n'y avait pas de place pour Lui dans la salle commune. Ce petit détail narratif de l'évangéliste semble déjà dire le début d'un refus. Mais, si nous regardons plus en profondeur, il nous parle de quelque chose d'essentiel : Jésus a déjà trouvé un abri dans le cœur d'un jeune couple rempli de foi dans l'attente de la promesse de Dieu.

Marie et Joseph dans l'anonymat de cette nuit, étrangers, dépourvus des biens de ce monde, ne comptaient pas, comme beaucoup de nos frères aujourd'hui, en marge du système socio-politique et économique. Ils abritèrent dans leur cœur et dans leurs bras le Seigneur de la Vie.

Jésus, le Fils de Dieu est entré dans l'Histoire à contre-sens des intérêts du cœur humain, avide de l'avoir, pour y cacher son impuissance face à son destin inexorable.

Tout a commencé dans deux petits cœurs remplis de foi et d'espérance en Dieu qui a la dernière PAROLE capable de sauver le monde.

En ce sens, Marie et Joseph sont signes de tous les pauvres, qui jamais ne perdent l'espérance, que Dieu les accompagne et intervient par son amour dans l'histoire des hommes.

Et nous, comme ministres du Verbe de Dieu incarné, notre devoir est d'être au service de l'espérance des pauvres, dans un monde menacé par le déséquilibre écologique, résultat de l'avidité des cœurs sans Dieu, où s'affirme l'individualisme, et où tout type d'altérité et de communion est banni.

Comme Marie et Joseph, ne perdons pas l'espérance, même en voyant aujourd'hui comme à leur époque, les peuples sous le joug de tant d'autres nations, sont appelés à accueillir l'espérance messianique. Nous, ministres de la Nouvelle Alliance, au milieu de tant de menaces de la vie, affirmons la centralité du Christ, Seigneur de l'univers. Comme porteurs de la Parole, annonçons Jésus qui, dans son ministère d'amour, fait de nous, des apôtres d'espérance pour une écologie intégrale vers le règne définitif.

Chers frères, qu'il est bon chaque année, devant le mystère de la crèche, de faire mémoire de cette nuit de Noël de 1856. Cette nuit-là, le Vicaire de la Paroisse Saint André fût touché par la grâce divine, et comme Marie et Joseph, il a accueilli, dans un cœur disposé, le Verbe de Dieu envoyé au monde pour sauver les pécheurs.

Nous ne pouvons pas oublier le 10 décembre, date de la fondation de l'œuvre du Prado. Le Père Chevrier a acheté la salle de danse, où a commencé son œuvre apostolique en vue de connaître et faire connaître notre Seigneur Jésus-Christ aux pauvres.

Le Père Chevrier est le guide sûr d'une vie configurée au Christ au service de l'espérance des pauvres de ce monde.

Si nous voulons être serviteurs de l'espérance des pauvres, nous devons faire comme le fondateur du Prado, décider avec diligence de suivre Jésus-Christ de plus près, en nous plongeant dans une profonde connaissance de sa personne, par l'étude des Saints Évangiles, notre premier travail.

La mission d'animer l'espérance des pauvres ne peut pas être une tâche individuelle, mais communautaire. Ainsi, au cœur de notre presbyterium, dans nos Églises particulières, les équipes de base, sont les lieux où naissent le dynamisme, l'écoute, l'accueil et l'annonce de la Parole de Dieu, afin de faire naître l'homme nouveau en vue d'un monde nouveau.

Notre ministère est aujourd'hui pour le monde, comme la mangeoire a été pour les pasteurs : maison du Pain et la table de la Parole, signe d'espérance.

Le ministre ordonné dans la communauté, annonce la parole, préside l'Eucharistie et est identifié au Christ. Par son vécu des conseils évangéliques, il réalise concrètement ce que Dieu a inspiré dans le cœur du P. Chevrier, si bien représenté dans le tableau de Saint-Fons : le Prêtre est un autre Christ. Un homme pauvre, semblable à Jésus dans la mangeoire, consommé comme le pain de l'Eucharistie, livré par amour au monde sur la Croix.

"Il n'y avait pas de place pour eux dans la salle commune". Pourtant, cette nuit-là, dans la vie du couple de Nazareth, venait du ciel l'envoyé du Père. Aujourd'hui, tant de lieux sont hostiles à la présence du Fils de Dieu, les esprits fermés, les temples de la consommation, les pouvoirs corrompus et corrupteurs, les incertitudes de nombreux peuples dans le contexte politique actuel qui va en contre-sens de notre bien commun. Jésus-Christ a une place dans le cœur de l'Église, au milieu des pauvres et dans le cœur de ceux qui, par l'imposition des mains, sont devenus serviteurs de l’espérance.

Que le cœur de chaque pradosien, dans les équipes de base, en ce Noël, soit le lieu où résonne l'appel à la sainteté que nous communique le Verbe de la Vie, qu'il nous fasse apôtres pauvres au milieu des pauvres de ce monde.

Avec fraternelle tendresse, JOYEUX NOËL.

P. Armando Pasqualotto P. Luc Lalire P. Sérgio Braga

Responsable général Premier Assistant Second Assistant

 

 

 

 

2 - « Représenter l'événement de la naissance de Jésus équivaut à annoncer le mystère de l'incarnation du Fils de Dieu avec simplicité et joie. La crèche, en effet, est comme un Evangile vivant, qui découle des pages de la Sainte Ecriture. »

(Pape François, lettre apostolique « Admirabile Signum », 1" décembre 2019)

 

 

Chers frères pradosiens,

Comment ne pourrions-nous pas nous retrouver pleinement dans ces paroles du Pape François et dans sa si belle méditation sur « le merveilleux signe de la crèche » ?

Sentir et toucher la pauvreté du.Fils de Dieu.

Le Père Chevrier avait parfaitement compris que dans la simplicité de ce signe, Saint François d'Assise « a réalisé une grande œuvre d'évangélisation ». En effet, la crèche de Noël ne vient pas seulement nous faire rêver. Elle ne peut pas nous détourner de la pauvreté, des souffrances et des épreuves qui touchent durement notre humanité : « la crèche est une invitation à 'sentir' et à 'toucher' la pauvreté que le Fils de Dieu a choisie pour lui-même dans son incarnation ». Notre prochaine Assemblée du Prado de France devrait nous aider à déployer encore ce point d'évangélisation.

D'ailleurs, la lettre apostolique du Pape nous rappelle ce que voulait réellement vivre le petit pauvre d'Assise, à Creccio : il voulait « représenter l'Enfant né à Bethléem et voir avec les yeux du corps les souffrances dans lesquelles il s'est trouvé par manque du nécessaire pour un nouveau-né, lorsqu'il était couché dans un berceau sur la paille entre le boeuf et l'âne. » C'est précisément ce qui a touché Antoine Chevrier lui-même, devant la crèche de l'église St André, en 1856 ; mais c'est aussi ce qu'il n'a ensuite pas cessé de placer au centre de son message et de ses initiatives pastorales.

Dans chacune de nos crèches, nous pouvons donc nous-mêmes déposer, comme prêtres, diacres ou laïcs-consacrés du Prado, tous ceux et celles qui sont durement blessés dans leur dignité et dans leur existence. Ils sont si nombreux et nous en connaissons ! N'oublions pas de le faire. Et que le Seigneur nous épargne l'hypocrisie de détourner notre regard vis-à-vis de certains pauvres, en particulier les victimes des abus sexuels en Eglise, dont la douleur et le cri peuvent enfin désormais s'élever de la terre. N'oublions pas non plus de déposer nos propres pauvretés ou blessures dans la crèche du Sauveur, car elles pourraient devenir de véritables chemins d'évangélisation.

Ajouter d'autres figurines.

Dans la même lettre, notre bon Pape François remarque que des adultes, comme les enfants, « adorent ajouter à la crèche d'autres figurines qui semblent n'avoir aucun rapport avec les récits évangéliques ».

Alors, avec ce dernier message de Noël de notre mandat au service du Prado de France, pouvons-nous oser vous faire une suggestion ? Ce serait de placer en esprit les sept « ravis » de notre Conseil ! Car, lors de notre rencontre de décembre, en plus de mettre la dernière main à la préparation de l'Assemblée, nous avons pris le temps de nous partager « comment nous avons vécu ce service et ce que nous aimerions en partager à nos frères ? ».

Eh bien, les mots d'action de grâce, de joie et de merci sont revenus en cascade. Mais ce n'était pas des mots en l'air !

Merci, pour cette expérience de travail d'équipe très fraternelle. Nous avons pu jouer un vrai jeu collectif, dans un bon va-et-vient entre les membres du Conseil et les deux permanents. Un travail bien rythmé et soutenu par des temps d'étude de Jésus-Christ, de prière, avec la liturgie ordinaire de l'Eglise. Qu'il est bon pour des frères de prier et de célébrer ensemble, en portant ainsi le souci particulier de tous nos frères du Prado de France !

Merci, pour la belle responsabilité de discernement, à la lecture des nombreuses lettres de demandes d'entrée en première formation, d'engagements temporaires ou définitifs, ou d'accueil comme membres associés dans la Fraternité pradosienne des diacres et épouses de diacre. Toujours, nous avons été édifiés par le témoignage du travail de l'Esprit dans la vie de tous ces frères et sœurs... Et nous nous sommes dit que c'était un véritable privilège, puisque ces lettres ne sont évidemment pas publiables !

Merci, pour avoir pu nous-mêmes participer à la mise en œuvre de certaines initiatives au service de la vie du Prado en France. En premier lieu bien sûr, le Rassemblement 2016 à Lourdes. Quelle joie ! Mais encore, les pèlerinages pour les prêtres diocésains sur les pas du Père Chevrier, l'écriture des Kit'Prado, la participation à telle ou telle session... etc. Dans ces moments-là, nous avons senti que nous n'étions absolument pas à côté de notre ministère, même s'il a fallu prendre les moyens de nous arracher un peu à notre mission locale : « Servir le Prado, c'est aussi servir toute l'Eglise ! »

Merci, pour ces années de Conseil et de responsabilité, qui nous ont enracinés dans la spiritualité pradosienne et dans une plus grande familiarité avec Antoine Chevrier. Nous avons conscience d'avoir été dynamisés dans notre vocation presbytérale, tout en prenant du recul par rapport à notre ministère paroissial ou local. Nous avons été beaucoup enrichis humainement et ecclésialement, en gagnant dans une meilleure vision d'ensemble de notre Eglise, en France et à l'échelle du monde.

Oui, tout cela fait de nous des « ravis » de la crèche ... malgré les inévitables soucis, difficultés, les moments de baisse de régime ou la conscience de tout ce que l'on n'a pas pu mieux faire progresser, pour la vie du Prado en France.

Non, les « ravis » de la crèche ne sont pas des naïfs ! Car ce ravissement-là nous vient de trois choses : en premier de Jésus-Christ ; en second, du sentiment d'avoir été bien inspirés lorsque nous avons répondu oui à son appel pour le Prado ; et enfin de la confiance en Dieu, qui saura encore en embaucher d'autres, pour le service et la vocation de leurs frères.

« Quel père parmi vous donnera une pierre à son fils, s'il lui demande du pain ? » (Lc 11,11)

Philippe Brunel - Robert Peloux - Emmanuel Blondeau - Michel Duquet - Jean Claude Klotz - Pierre Morin

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G
J aime beaucoup de redonne la joie l espérance par la première creche et c est pour ça que chaque année je la fais car c est par ce petit enfant ne a Noël que Dieu nous a redonné vie a un monde meilleur merci joyeux Noël
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M
Oui, Gisèle, ouvrons grandement la porte de l'espérance. En Jésus Dieu vient lui-même pour unir le ciel et la terre. Nos errances sortent de l'enlisement.