Progressisme et révolution -1

Publié le par Michel Durand

Je propose dans cette catégorie une vieille réflexion sur le sens des mots progrès, évolution ou révolution.
Où se situe l'Evangile ?

En premier, le progrès interrogé.

En second, existe-t-il une limite au progrès ?

En troisième, avec qui me retrouver ?

Enfin, quel chemin prendre pour une transformation dans le sens de l'Evangile ?

 

Premier temps : le progrès ?


Il y a peu de temps, je suis enfin parvenu à comprendre le mot "progrès" en pénétrant et ce que le concept véhicule et les raisons pour lesquelles je n'entre pas pleinement dans le courant progressiste. Cela va du reste ensemble. Bien sûr, mes sympathies naturelles vont plutôt vers cette "gauche" française dont on parle tant parce qu'elle parle beaucoup. En aucun cas, je ne me suis senti à l'aise avec les discours des conservateurs et les actions des tenants de l'ordre. Dois-je affirmer pour autant que j'estime que la vérité ne se trouve que dans le changement ? Le vrai est-il synonyme de progrès ? Dans une revue socialiste des villes d'Autun et du Creusot - à moins que cela n'ait changé - je me suis exprimé à ce propos, soulignant que même si nous pensons devoir tendre nos forces en direction de l'avenir, il ne fallait pas oublier notre passé, qui est la plate-forme de nos décisions présentes et futures.

La progression ne peut pas se vivre sans la tradition. Le comité de rédaction "tiqua" légèrement, même pas mal, sur ce mot de tradition ; mais il convint que l'on ne pouvait pas impunément abandonner le passé. La vérité est dans le changement; n'est-elle que dans le changement ? L'erreur serait alors dans l'immobilisme !


Comment définir le progressisme ?


Reprenons le mot lui-même : Progrès.

Progresser, c'est-à-dire aller de l'avant ; toujours mieux faire ; développer sans cesse ses possibilités, ses ressources. Avant, j'associais à cette volonté de progresser l'idée de révolution, de changement radical. Et c'est bien ainsi que l'on parle dans les divers Partis lorsque l'on commente le nécessaire changement des structures. Seulement, ce changement est-il conçu aussi radicalement qu'on veut bien le dire ? Voilà une question qui mérite d'être approfondie.

Divers mouvements politiques récents, mal situés sur l'échiquier des Partis traditionnels, remettent en cause l'aspect non-révolutionnaire des classiques partisans de la révolution. Ce sont les Partis accusateurs de réformisme qui se trouvent à leur tour accusés de ce mal. Que ne dit-on pas dans les groupes "métapolitiques", selon l'appelation de Schwartzenberg, comités de défense de tous poils, écologistes anti-nucléaires, violents et non-violents... Que ne dit-on pas sur l'électoralisme des partis puissants, bien en place dans l'opposition ! "Nous avons d'autres chats à fouetter qu'à chercher à nous faire élire au gouvernement. Il y a tant et tant de choses à faire dans notre quartier !" Cette affirmation est, bien sûr, à nuancer par la présentation aux diverses élections, des listes écologiques. Mais, il semblerait que ces candidatures s'opèrent dans un esprit moins électoraliste. Nous verrons à l'usage. "Il y a une vérité à proclamer, un droit à défendre, alors nous parlerons !" disent donc les anti-électoralistes. La gauche traditionnelle, quant à elle, semble plutôt occulter certains éléments de son programme afin de n'effrayer personne. Il lui faut le plus de voix possible. Voilà le but recherché : gagner des électeurs. Jacques Ellul a, à mon avis, admirablement décrit la trahison de la gauche française. N'agit-elle pas seulement quand elle peut en tirer profit ? Vietnam, Palestine... d'accord ; pourquoi le silence sur d'autres combats de minorités ethniques : Kurdes, Pakistan, etc... ?

Disons finalement, que les tenants du Programme Commun semblent tout bonnement glisser dans le style des "Partis attrape tout". Taper juste où il faut pour ne pas effrayer les gens de droite et ne pas décevoir ceux de gauche.

J'ai de la difficulté à comprendre l'enthousiasme qu'a pu soulever dans un milieu chrétien, comme celui de Montchanin-Le Creusot, la victoire de la Gauche aux élections municipales. Certes, cela ne sera pas comme avant, certes, Le Creusot avait grand besoin d'un gouvernement urbain, distinct, en tout de l'usine. Mais enfin, de quelle victoire bénéficieront les habitants ? Pourquoi tant de joie à propos de cet événement ? Une bureaucratie va prendre la place d'une bureaucratie. Des hommes et des femmes de confiance vont prendre les postes clefs libérés par les hommes et les femmes qui ne sont plus dignes de confiance. Et voilà, c'est reparti, l'affaire tourne... si peu différemment d'avant ! Les revendications de certains passeront toujours pour folie, utopie, rêves d'adolescents... elles seront écartées. Les demandes d'autres seront oubliées ; leurs porteurs se fatigueront bien vite de la nouvelle lenteur administrative. Et dans tout cela, il faudra composer avec l'opposition, l'ancienne majorité pour, le moins mal possible, maintenir sa place.

Cela mérite-t-il vraiment que l'on chante le "Sauveur" enfin venu ?

Si, à cet enthousiasme je préfèrerais un soupçon de réserve en plus, c'est que, d'une façon générale, l'optimisme des gens de gauche, plus exactement des "progressistes" m'apparaît depuis peu dans toute son illusion.

 

 

Publié dans Il y a 30 années...

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