Avoir concrètement le souci de ceux qui sont loin du Christ. L'action artistique y contribue.

Publié le par Michel Durand

DSCN3839.jpgPour les membres de l’équipe d’animation pastorale de la paroisse Saint-Polycarpe des Pentes de la Croix-Rousse, je voudrais, en quelques mots seulement (une fois de plus peut-être, mais très brièvement et avec précision, j’espère) tracer ce qui me paraît important pour la vie de l’Eglise –corps du Christ, et de l’Evangile aujourd’hui.

Je n’ai pas l’assurance que l’Institution soutienne cette pastorale missionnaire de proximité auprès des personnes qui, pour diverses raisons, se trouvent éloignées de l’Eglise. Que ce soit eux ou elle qui aient pris de la distance. Aussi, j’éprouve le besoin, ce jour, de préciser ce qui me semble bon afin que cela perdure alors que, pour moi, l’âge est venu de me retirer.

 

Vie d’Eglise conviviale prélude aux sacrements

 

L’Eglise est communauté, assemblée de fidèles du Christ. Tous les baptisés ensemble donnent à voir l’Evangile. Elle reçoit cette mission avec une attention de prédilection auprès des pauvres, des ignorants, des éloignés du Christ. Il importe donc que les moyens soient pris avec constance pour que vive cette réalité communautaire.

Dans sa vie ordinaire, une paroisse va rencontrer deux types de demande :

- la première (type 1) émane de personnes s’affirmant chrétiennes, catholiques ; elles veulent un sacrement, une catéchèse pour leurs enfants, une prière de sépulture.

- la deuxième (type 2) est formulée par des personnes en recherche de sens de leur vie. Elles expriment d’abord leur doute et se disent plus en attente de rencontre, de vie, de convivialité que d’adhésion à une pratique cultuelle et sacramentelle. « On n’en est pas encore là ».

J’ai souvent remarqué que les chrétiens se présentant comme convaincus de leur foi (1er type) n’adhéraient pas ou peu aux propositions communautaires de l’Institution paroissiale : groupe de recherche, groupe biblique, rencontre informelle ou conviviale, par exemple les apéros du dimanche après l’eucharistie. Au groupe de préparation aux sacrements, ils sont plus en quête du comment faire que du pourquoi le faire*.

 

Les finances

Depuis plusieurs années, j’entends dire que chaque réalité ecclésiale doit autofinancer ses initiatives. Cela est très vrai et complètement sage. Tendre à l’autonomie financière est le but évident de baptisés conscients de leur baptême et de l’appel à annoncer l’Evangile. Seulement, je ne pense pas qu’il faille en faire un absolu. Si une action d’entretien de la vie chrétienne (1er type) peut se vivre avec une demande d’argent, le profil est totalement différent dans le cas d’une toute première évangélisation (2d type). Comment puis-je dire à quelqu’un qui se tourne vers la Communauté dans sa recherche de vérité : « voilà c’est tel prix, ou ce que vous voulez » ? Ce sont les chrétiens du premier type qui doivent porter le souci du bon fonctionnement économique et cela doit passer par une péréquation avec des paroisses connaissant de nombreuses demandes de type 1.

Prendre les moyens d’une présence auprès de celles et ceux qui ne viennent pas pour un sacrement.

Saint-Polycarpe se situe dans le profil où les demandes de type 2 sont majoritaires. Une action fut, en conséquence, menée pour intensifier cette présence apostolique auprès de celles et ceux qui sont loin de l’Eglise. Par diverses actions culturelles, théâtre, arts plastiques, conférences… fut, en effet, ouverte une Présence d’annonce de la Bonne Nouvelle à l’intention des personnes en quête de « quelque chose que l’on pense pouvoir trouver dans la sphère chrétienne. » Ce témoignage d’ouverture, d’écoute de recherche de sens, de quête spirituelle fut largement facilité par l’existence de locaux de très grande taille et dont la qualité patrimoniale, architecturale, artistique est indéniable. De fait, cet apostolat a naturellement trouvé sa place dans le quartier des Pentes de la Croix-Rousse, dense en vie associative et culturelle de toute sorte, mais elle s’adresse, de fait à toute l’agglomération. Nombreuses sont les personnes qui regardent, sans pouvoir (ou vouloir) y habiter, les Pentes avec la nostalgie d’un lieu riche en quête de sens, individuel, communautaire, ceci depuis le temps des canuts et canuses.

 

Présence de première évangélisation en symbiose avec les pastorales sacramentelles voisines

 

A Saint-Polycarpe, la demande de type 1 étant nettement insuffisante, il est certain que le maintien d’une activité pastorale de réponse aux demandes de sacrement ne se justifie pas. Sans parler d’une autonomie financière structurellement impossible ; ceci depuis plusieurs dizaines d’années.

Mais la suppression d’une réalité paroissiale de ce type ne doit pas entraîner la grâce d’une présence chrétienne de type 2. Au contraire, avec l’aide des autres communautés, elle doit se sentir appeler à intensifier ses initiatives d’évangélisation toujours à renouveler. La communauté chrétienne réunie en ce lieu autour du Christ eucharistique se doit d’être reconnue par l’évêque comme Eglise du Christ avec une mission particulière de type 2. Les demandes de type 1  seront prises en charge par la (ou les) paroisse(s) voisine(s).

 

* Si, dans un couple, l’un ne partage pas la foi de l’autre, il (ou elle) laissera faire sans se poser de question puisque la partie croyante tient absolument à ce que le sacrement soit conférer. On se montre, dans cette perspective sacramentalisante, peu enclin à un dialogue visant à réfléchir sur le fondement de la pratique.

Michel Durand

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