MAILLAGE

Publié le par Michel Durand

MAILLAGE.jpgÉcoutez cela ! - Mercredi de la semaine dernière, je rencontrais cet homme - un inconnu -, j'écoutais sa musique, là, sur un quai de la Gare de Grenoble… et puis je vous ai adressé (en principe) le texte qui en fait écho : FLÛTE  ET  T.G.V. (voir plus bas). Voilà pour la première partie. Allons-y pour la seconde : il m'arrive d'avoir des photocopies de quelques-uns de mes textes et articles lorsque je me rends en centre-ville ; il y a deux jours, je rencontrais un ami à la Messe, je lui parle de ce musicien étonnant, de mon texte qui l'évoque, il le lit (pas au cours de la Messe), et en sortant, je lui demande : - « Alors, Thierry, tu as aimé mon texte  FLÛTE  ET  T.G.V. ? », - « Oui, enfin… je m'attendais à mieux venant de toi… », - « Bon… », - « … Mais tu sais, Jean-Marie, je pense connaître le gars, là, sur le quai, dans ton histoire… », - « C'est pas possible !... », - « … Si, si, je peux même te dire que… », et Thierry me le décrit en détail : c'est bien lui, ils se connaissent, pas de doutes… - « Oh !... Thierry, tu n'as pas son adresse ?! - Imagine la surprise, je lui envoie mon texte où je parle de lui, de ses petites, de la musique qu'il jouait sur le quai… il va être sacrément étonné, il ne va pas en revenir !... », et mon Thierry de sortir illico un calepin : son agenda… « Il s'agit de… » [Il est vrai que Thierry et cet homme sont tous deux musiciens, flûtistes, mais tout de même…], et me voilà avec les coordonnées de ce parfait inconnu de la Gare de Grenoble ! Grenoble, Grenoble et son agglomération, un village ? pas tout à fait : 500 000 habitants environ… Voilà donc une rencontre de hasard qui n'en devint plus une. Alors, chose promise, chose due, le texte FLÛTE  ET  T.G.V. est parti au courrier de ce matin, vous imaginez la surprise de cet homme, demain, lorsqu'il découvrira ma lettre ?… la lettre d'un parfait inconnu qu'il a peut-être même oublié, mais un texte où il se reconnaîtra à coup sûr, et puis une petite note tout de même pour lui signifier que le copain Thierry a été pour l'occasion le pont, le lien entre nous deux (Thierry à qui j'ai demandé pour l'occasion de garder le silence…), et j'ajoute, bien entendu, tous mes remerciements à ce musicien des quais de Chemins de Fer ! Si grande soit notre ville, notre agglo, eh bien nous sommes reliés pourtant, il demeure un maillage, il existe un maillage entre-nous, parfois visible, ou invisible… pour notre plus grand bonheur ! La vie est ainsi faite.
Jean-Marie Delthil. 26 février 2010.
(Photo d'illustration : des jeunes à la Cité des Liserons, Fontaine)

FLÛTE  ET  T.G.V.

Hier, je suis descendu d'une rame de tram à l'arrêt « Gares » pour une correspondance… de la musique se fait entendre au loin : un son de flûte ; est-ce un enregistrement ? je ne sais pas, mais je suis curieux - il faut être curieux - alors je remonte à la source, le son semble provenir des quais de la SNCF situés à deux pas… je franchis les deux pas, et un peu plus encore… la musique enfle, elle est puissante, nourrie, c'est toujours le même thème qui est joué avec vivacité, six ou huit notes tout au plus… j'avance, un homme est au loin, une flûte entre ses doigts - j'avais bien cru, un instant, que la mélodie provenait des haut-parleurs de la gare, mélodie toutefois un peu trop tribale pour être des Chemins de Fer… L'homme est tout proche maintenant, planté solidement sur le quai, face à lui, il n'y a personne, pas d'auditeurs ni de spectateurs, juste une rame de T.G.V. ; je l'observe, je l'écoute, je l'admire… - « C'est beau ! C'est bien, ce que vous faites-là ; ça fait du bien à entendre… ça change un peu… », - « Oui… Je joue pour mes filles, elle sont dans le T.G.V. »,  - « Elles sont où ? Je ne les vois pas… », l'homme fait un signe en direction de la rame, aussitôt, deux brunettes agitent leurs mains derrière la vitre fumée, on imagine les rires ; - « Ma femme est Africaine ; ce sont mes filles, oui », - « Ohh… c'est bien… », et la musique reprend, toujours le même thème, répétitif à souhait mais bien plus entraînant qu'entêtant. Un jeune homme s'est joint à nous, il est curieux lui aussi, il a cette bonne maladie… pour ma part, je file, mon tram approche de la station, de la station « Gares », - « Merci, au revoir ! », - « À bientôt ! », et la musique reprends… toujours cette musique… offerte à pleins poumons pour deux petites perles noires, et sans nous oublier, nous qui passions par-là… Grenoble est une bonne ville.

Jean-Marie Delthil. 18 février 2010.


Publié dans J. M. Delthil

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