Palestine

Publié le par Michel Durand

Afin d’éviter les discussions abstraites sur la Palestine, j’ai le bonheur de vous communiquer ce témoignage de Monique. Apport aventageux à mon article précédent.

 

Séjour en territoire occupé Automne 2010 (11octobre/22 novembre)

La résistance dans les terres


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partie 1 : Pourquoi me rendre à nouveau en Palestine?

 Dix huit mois après une mission civile au printemps 2009 avec IWPS (international women's peace service), je décidais de repartir six semaines. Le soutien « à distance » en militant avec des organisations sur Lyon, ou en organisant des soirées de témoignage, trouvaient pour moi leurs limites. Besoin de repartir, d'être physiquement présente dans un soutien direct. Pour aussi poursuivre ensuite les témoignages en France à partir d'un nouveau vécu.

Face à une situation politique qui s'enlise et n'apporte aucun espoir bien au contraire, il me semble d'autant plus important que la société civile internationale réagisse. A chacun de trouver son engagement ; personnellement je retiens : le BDS (boycott, desinvestissement , sanctions), mais aussi parler, lever le voile trop longtemps mis sur ce sujet, échanger avec d'autres repères pour faire évoluer les esprits déformés par des médias sélectifs et orientés, se rendre sur place en solidarité avec une résistance juste, pour témoigner ensuite de la violence d'Israël face à des palestiniens désarmés et non violents. Cette médiatisation, les palestiniens nous la demandent et elle est nécessaire pour que leur mouvement prenne toute son ampleur.

Mais il ne suffit pas de vouloir partir, se pose la question de comment le faire, comment se positionner là bas ? Je m'étais trouvée en accord avec le type d'action d'IWPS : observation, présence et soutien à la résistance non violente dans un secteur donné. Je décidais à partir des situations que j'avais vécues alors, de m'orienter sur le soutien à la résistance dans les terres. A la résistance dont on parle moins, celle de la vie quotidienne, celle de gens ou de villages isolés. J'avais connu les rassemblements hebdomadaires des comités populaires autour de Bil'in, Nil'in... face au Mur, et je savais que ma place n'était pas là dans cet affrontement inévitable avec l'armée israélienne. Je voulais aussi être plus près des gens, partager autant que possible leur travail.

Sur les quatre temps forts que je viens de vivre, deux l'ont été par l'intermédiaire d'organisations que j'ai rejointes, deux autres étaient des contacts personnels directs avec des familles susceptibles de m'accueillir.

Les entre deux ont aussi eu leur importance : temps de repos, temps de visites de familles rencontrées précédemment, temps à Jérusalem pour participer à des manifestations, temps à Haïfa pour« faire un pas» en Israël, avant de repartir.

Ces quatre temps furent :

-       la récolte des olives dans la région de Kafr Qaddum, avec IWPS,

-       la permanence assurée dans le village de Yanoun en remplacement de l'équipe d'EAPPI (Ecumenical Accompaniment Programme in Palestine and Israël),

-       le partage du travail et de la vie quotidienne dans une famille de maraîchers à Tulkarem,

-       la visite prolongée à« la tente des nations» lieu fort de résistance d'une famille au sud de Bethléem.

Les mails qui suivent racontent et témoignent des conditions de vie et de travail dans ces lieux. Des situations, des histoires différentes mais une même souffrance, cette emprise de l'occupation, de l'annexion constante de leurs terres, un avenir bouché, et demain peut-être pire qu'aujourd'hui.

 

Que dire d'une façon générale de ce nouveau séjour ?

J'ai vu de plus près le vol continu des terres, la guerre des terres que mène Israël dans certaines zones, les conditions de travail qui sont imposées aux palestiniens dans un tel contexte, et face à cela la résistance des palestiniens pour défendre leurs terres. J'ai découvert qu'il ne suffisait pas de prendre des terres pour des colonies, mais qu'à cela se rajoutait la mainmise sur de grandes zones attenantes où les palestiniens ne sont plus maîtres de l'exploitation de leurs terres, sorte de zones tampons de « sécurité » pour les colonies. Zones entièrement contrôlées par Israël, zones d'annexion en puissance, barrières invisibles mais néanmoins réelles qui n'apparaissent pas sur les cartes.

J'ai vu chez les palestiniens l'attachement à leur terre, à leurs arbres, à la terre de leurs ancêtres.

J'ai vu beaucoup de souffrance, et aussi beaucoup de force et de dignité.

 

Mais face à une telle pression d'Israël pour s'accaparer constamment des terres, je m'interroge sur la nature et l'ampleur du soutien à apporter à la résistance palestinienne.

Ils n'ont pas tous les mêmes moyens de résister... « La tente des nations » est un exemple de lieu fort de résistance qui pour l'instant a les moyens de résister grâce aux actes de propriété qu'ils possèdent, à l'appui que cette famille a recherché à l'échelle internationale. Le village de Yanoun, de par son histoire, a l'appui depuis huit ans d'une organisation internationale qui assure la présence de volontaires ; d'autres villages sont dans des situations identiques et demandent une aide similaire (est-cela ou d'autres formes d'actions à inventer ?) . J'ai aussi rencontré des activistes qui sont peu nombreux et isolés pour défendre leurs terres, pour faire des contre projets, notamment dans le site de Wadi Qana (commune de Deir Istya) où Israël veut faire une réserve naturelle.

Si notre présence apporte un peu de baume au cœur dans cette barbarie qu'ils vivent, vivre avec eux c'est une grande leçon d'humanité et beaucoup de chaleur humaine que l'on reçoit.

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