Iconographie. Terre promise, parole donnée. Sculptures et peintures, à Saint-Bonaventure (Lyon)
Du mensuel de Saint-Bonaventure : Une formation est proposée par M. Jean Bernard et le P. Michel Durand.
Françoise Zehnacker leur a posé quelques questions.
1. Que signifie l’expression "Terre promise" que vous utilisez dans le titre de votre cours ? S’agit-il de la terre de Palestine ou faut-il le comprendre de façon plus large ?
- Il s’agit, bien sûr, d’une terre promise qui dépasse largement la terre de Palestine. La « Terre » fut-elle promise à Abraham et au peuple élu pour eux seuls ? Non. Dieu est le Seigneur de toutes les nations. Tous les peuples verront en Yahvé le sauveur de tous. Il est le père qui s’exprime universellement alors qu’il n’y a plus de Temple. Plus exactement, le temple est en chacun de nous. On pourrait parler de Paradis. Mais comment imaginer cette réalité que les spirituels situent à la fin des temps ? Nous entrons dans le domaine de l’ineffable. C’est bien là que les arts plastiques gagnent du terrain. Ils suggèrent ce qui échappe à notre intelligence. Ils montrent au-delà des mots comment les nations, Israël, l’Église (les Églises) doivent entendre Isaïe : « Tournez-vous vers moi et vous serez sauvés, tous les confins de la terre, car je suis Dieu, il n’y en a pas d’autre » (Is 45).
2. Alors, ouvrons le Nouveau Testament. La Parole donnée, c’est le Christ. Au-delà de l’intérêt culturel, comment cette étude à travers les siècles nous rejoint-elle aujourd’hui ?
- Je ne pense pas qu’il faille se rendre « au-delà de l’intérêt culturel » ? C’est, au contraire dans l’étude du culturel propre à une époque, que nous pouvons comprendre ce qui, aujourd’hui, nous rejoint. Pour concrétiser cela, j’ai l’habitude d’évoquer l’extase de sainte Thérèse d’Avila, une sculpture du Bernin. Le Verbe, dans la personne humaine qui se donne totalement à Dieu connu en Christ, crée des ressentis, des vibrations qui ne peuvent que couper le souffle quand elles sont trop intenses. L’art baroque a su traduire ces impressions. Il nous revient de le transposer dans notre actuel culturel. Ce ne sera, certes, pas aussi démonstratif, mais cela ne sera pas sans rien. C’est dans ce contexte, du reste, que je regrette une forme d’art religieux qui, par crainte d’exalter les sentiments humains, sombre dans une piété mièvre.
3. Comment le regard porté sur le message biblique et traduit dans une œuvre artistique va-t-il rejoindre ma réalité de chrétien ?
- De chrétien d’aujourd’hui. Oui, je pense qu’il faut tout attendre de l’intention de l’artiste. Bien comprendre ce qu’il a voulu dire en son temps et le transposer à notre époque. Non pour le copier, mais pour en saisir le message. Encore un exemple. Les premiers chrétiens voient dans le poisson (ictus, Jésus, Fils du Dieu Sauveur) le Rédempteur de tout l’univers. Puis, quand les chrétiens ne furent plus persécutés par le pouvoir romain, mais au contraire soutenus par l’empereur, ils le représentèrent – avec les finances de l’État – sous la forme de l’Auguste empereur siégeant sur son trône. Jésus-Christ est Maître du monde, Pantocrator. Quelle forme lui donner au XXIe siècle pour l’offrir au regard des hommes ?
4. Vous proposez un cours avec deux animateurs, comment allez-vous vous répartir les interventions ?
- Il y aura une première partie plutôt théorique, assez générale, mais toujours avec l’aide de photographies et une deuxième partie très concrète en s’appuyant sur le patrimoine lyonnais. Les photos prises dans les églises et musées de la ville de Lyon interrogeront notre regard et nous tâcherons de relier ce que nous comprenons avec l’intention du créateur situé dans une lointaine époque.
Mardi de 18h30 à 20h
• 6, 13, 20, 27 janvier, 3 février