S’il y a violence, c’est qu’il y a quelques parts « erreur ». L’étude de l’histoire de l’Occident montre les lieux sources
Jacques, Église protestante unie de France, fait passé quelques petites notes importantes pour engager la réflexion à la suite de la marche d’hier. Un événement historique disent les commentateurs !
Dès hier soir, les voix se multipliaient pour affirmer l’urgence de ne pas en rester à l’émotion.
Présent à la Marche, sur mon passage j’ai rencontré cet homme. Ferme dans sa conviction, il accepté que je publie cette photo sur "en manque d'Eglise".
Son "carton" , à mon avis, résume l’urgence de la situation. S’il y a violence, c’est qu’il y a quelques parts « erreur ». L’étude de l’histoire de l’Occident en montre les lieux sources. Une piste : message d'amour dans les banlieues... Il y a du discernement à faire.
Donc Jacques fait passer un texte d’André Gounelle, théologien protestant, car il trouve que ces lignes sont "fort appropriées aux temps que nous vivons".
Charlie et Élie
Rédigé par : André Gounelle dans Le Blog de la rédaction, 8 janvier 2015 :
L’épouvantable tuerie de Charlie Hebdo m’a fait penser à une autre atrocité : le massacre par Élie des prêtres de Baal au Carmel. Le prophète aurait pu crier lui aussi que Dieu est grand et qu’il a vengé son honneur. Trente siècles séparent ces deux crimes qui se ressemblent beaucoup : la même sauvagerie, la même horreur d’un carnage soi-disant religieux, le même fanatisme qui pervertit leur ferveur.
À côté de la proclamation du Dieu d’amour qui donne la vie et y appelle, la Bible contient des "versets sataniques" qui présentent un Dieu de mort qui fait exécuter ceux qui le blasphèment. Apprenons à faire le tri et à distinguer dans la lecture croyante de la Bible l’or de la paille, comme le disait Luther, et ne transformons pas en héros de l’histoire sainte ceux qui assassinent pour motifs religieux. En se révélant à Horeb dans un murmure doux et subtil, et non dans le vacarme et la tempête, Dieu désavoue le Carmel et l’action d’Élie qui, ce jour-là, n’a pas été prophétique, mais démoniaque.
"Tuer un homme, écrivait Castellion à Calvin après l’exécution de Servet, ce n’est pas défendre une cause, c’est tuer un homme". Le blasphémateur n’est pas celui qui se moque et tourne en dérision la religion, c’est celui qui assassine pour elle. Le Dieu en qui je crois appelle au respect et au service de la vie. Celui qui condamne et tue est démoniaque, et le Dieu dont il se réclame s’appelle Satan.
Jacques communique aussi, dans la même série de Courriels, un commentaire d’un Rabin, Pauline Bebe, envoyé par Sylvain :
Pour vous mes amis alors que mon âme et mon cœur sont blessés par toute cette violence et ce déferlement de haine à notre porte, ce bel extrait d'un texte de Pauline BÉBÉ, Rabin.
"Les enfants sont retournés à l'école, boulevard Richard Lenoir, le marché a installé ses étals multicolores, le vent a soufflé dans les arbres, mais une page est restée en noir et blanc. L'humanité a été blessée au plus profond de son âme. Le crayon s'est soulevé pour certains définitivement. "Celui qui assassine une personne assassine l'humanité entière" (Talmud, Sanhédrin). Mais le crayon va reprendre le chemin du papier et y crier la liberté d'expression, plus que jamais en mémoire de ceux que l'on a brusquement fait taire, nous allons clamer, plus haut et plus fort.
Non à l'esclavage, oui à la liberté. Non à la cruauté, oui à l'humanité. Non au fanatisme, oui à l'ouverture. Non à l'obscurantisme, oui à la remise en question".
Et il y a de l’humour. Ceux qui, pourrait-on penser (ni dieu ni maître), ne croyaient pas au ciel se retrouvent ici :
Enfin, sans attendre trop longtemps voir ici, sur les sentiers et les garrigues du sud, le billet de Bernard Ginisty :
« Bernard Maris… dispensateur chaque semaine, dans Charlie Hebdo, de billets stimulants sur l’actualité de l’économie, était un analyste impitoyable des dérives de l’économie marchande "qui phagocyte tout ce qui relève de la gratuité et de la solidarité. Dans un ouvrage essentiel intitulé Capitalisme et pulsion de mort, il dénonce l’usage de l’argent comme "baguette magique qui chasse les terreurs et entretient les espoirs. Avec notre bouclier d’or, nous pouvons avancer dans la vie menaçante, et que de temps allons nous consacrer à construire ce bouclier d’or !". Il propose une lecture de la crise actuelle à travers le double prisme de ce que Freud nomme "la pulsion de mort", et "le désir morbide de la liquidité" que l’économiste Keynes dénonçait dans le contexte de la crise de 1929». En lire plus !