Les humains sont par essence des migrants, faits pour aller à la rencontre de leurs semblables, comme personnes, peuples et cultures
Le « Cercle » de Marseille se réunit tous les 3ème jeudi du mois, de 17h30 à 18h30 à l’angle Cours St Louis / Canebière.
Le cercle de silence de Marseille a distribué 1000 tracts à son dernier rendez-vous. Aucun papier ne fut jeté par terre.
Les représentants de l’Etat, relayés par les médias, parlent régulièrement de s’attaquer aux réseaux mafieux qui exploitent les migrants. C’est bien ! Mais ne serait-il pas plus efficace et juste de s’attaquer aux causes et notamment au fait que, si toutes les populations du monde avaient la même liberté de voyager et de migrer que les habitants des pays du Nord, elles ne seraient pas obligées de recourir à ces réseaux et de se ruiner.
Ne serait-il pas également plus juste de s’attaquer réellement aux « esclavagistes » qui ont belle enseigne et pignon sur rue, car leurs pratiques sont tout aussi scandaleuses que celles des réseaux mafieux. Trois témoignages parmi tant d’autres :
« Je travaille 60 heures par semaine pour 150 €, parfois 100. Mon employeur me doit de l’argent, mais il me dit qu’il ne peut me le donner maintenant, car son entreprise ne va pas fort. Je suis en colocation avec une amie, et je ne peux pas payer ma part de loyer. J’en suis malade. »
« J’ai été embauché comme plongeur, puis je suis passé aide-cuisinier, puis agent d’entretien, puis confectionneur de pizza. Mon travail a changé, mes horaires aussi, mais mon salaire lui, n’a pas changé. »
« Je travaille dans un hôtel. Je commence à 10h jusqu’à 14h. Je reprends à 18 heures jusqu’à 23h30 et souvent jusqu’à minuit. Ces 4 heures libres dans l’après-midi ne me permettent pas de rentrer chez moi habitant la banlieue éloignée, sans compter les frais supplémentaires de bus. Donc, entre 14 heures et 18 heures, me nourrissant d’un sandwich, j’erre dans les rues, je m’assoie sur un banc quand il fait beau, la galère redouble par mauvais temps. Le vendredi, samedi et dimanche, je termine à 2 ou 3 h du matin. Au début, mon salaire était de 350 €, il est passé à 150 €, je ne sais pas pourquoi, mais je n’ose pas demander, je suis sans papier »
Très nombreuses sont les personnes migrantes qui sont maintenues en situation irrégulière par les préfectures, malgré leurs efforts répétés pour en sortir. Elles sont ainsi livrées quasiment sans droit et sans défense à des entrepreneurs sans scrupules qui en profitent pour les exploiter ; beaucoup ne perçoivent aujourd’hui que 2€ de l’heure pour des journées pouvant dépasser les 10h et des semaines allant au-delà des 70h.
Des études faites récemment, montrent que si l’on ouvrait les frontières, il n’y aurait pas « l’invasion » que l’on nous brandit comme un épouvantail ; il y aurait, il est vrai, plus de mouvements migratoires, mais de plus courte durée (pour des visites, le commerce, une formation professionnelle, le tourisme…), parce que nous vivons dans un monde caractérisé par la mobilité. L’économie mondiale, ici et là-bas, se porterait beaucoup mieux, parce que l’enfermement et l’austérité ne font la richesse que d’infimes minorités déjà scandaleusement richissimes.
Les humains sont par essence des migrants ; ils sont faits pour aller à la rencontre de leurs semblables, comme personnes, peuples et cultures ; c’est ainsi que l’on s’ouvre l’esprit et que l’on devient intelligent.
Des témoiganges directs sur RCF