Si François parle de décroissance, c’est qu’il n’a pu faire autrement que souligner le dramatique poids de la réalité

Publié le par Michel Durand

Si François parle de décroissance, c’est qu’il n’a pu faire autrement que souligner le dramatique poids de la réalité

Conseillés par des personnes issues de la bourgeoisie industrielle et financière, des responsables d’Églises risquent de ne pas comprendre ou accepter le mot de « décroissance ». Il importe du reste de reconnaître que ce concept n’est pas reçu favorablement, car il a une charge trop négative. « Parler de décroissance, c’est trop négatif ! Je n’aime pas ce mot », entend-on souvent dans tous les milieux. Par exemple, celui qui se trouve dans une situation fragilisée par le risque de perdre son emploi salarié refusera la décroissance, car il lie ce mot à la pesante réalité du chômage. La décroissance, notons-le bien, c’est plus que la non-croissance, l’absence de croissance (a-croissance), c’est une accélération vers le bas de la non-croissance. Une chute. Qui veut dépérir ? Bref, c’est là que se confondent abusivement, les domaines de vie personnelle spirituelle et de vie économique strictement quantitative, productiviste et consumériste.

François n’était pas obligé d’employer ce mot décroissance. Selon le politiquement correct, il aurait pu l’éviter comme il n’utilise jamais le concept de capitalisme. S’il parle de décroissance, c’est qu’il n’a pu faire autrement que souligner le poids de la réalité allant dans ce sens. Et les politiques de l’économisme productiviste iront jusqu’à dire, comme Nathalie Kosciusko-Morizet , le pape ne prône pas la décroissance : « J’ai lu son texte avec attention, j’ai beaucoup apprécié qu’il s’exprime sur le sens de nos modes de production et consommation dont la transformation est nécessaire pour faire face à l’urgence écologique. Le pape ne prône pas la décroissance, mais le progrès partagé qui ne se mesure pas qu’au PIB. »

François s’affranchit de ce langage formel. S’il provoque un désarroi chez des responsables d’Églises ou la colère des conservateurs américains – le pape est marxiste, c’est un loup déguisé en pape… un marxiste en habit religieux, selon La Vie du 25 juin 2015 – il engendre une légère déception chez certains écologistes radicaux : Le pape a fait un pas vers la pensée de la décroissance, un premier pas salutaire que nous apprécions, mais le compte n’y ait pas totalement, dit Vincent Liegey du parti pour la décroissance.

Pour José Bové : « François remet en cause les marchands du Temple ». (La Vie 3643)

 

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