Orient. Un cri s’élève, longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus
Je m’engage ce matin à rédiger des vœux de Noël. Mais comment le faire en oubliant le drame qui continue, d’année en année, à se vivre sur les terres orientales. De l’Assyrie du 8ème siècle avant la naissance de Jésus à maintenant, le Créateur de l’univers annonce un Royaume de paix. Or, Bethléem est une prison à ciel ouvert. Toute la Terre sainte, un lieu de non-droit maltraitant des gens du pays. Les habitants des régions menacées par la misère économique ou la guerre ne peuvent que fuir de leur maison. Les migrants, accueillis par les populations sont expulsés (OQTF) par les gouvernements.
Ceci dit, la confiance en Dieu sollicite la joie et la confiance dans l’attente. Je relis les antiennes « en O » de l’office du soir de cette semaine :
- 17 décembre : O Sagesse de la bouche du Très-Haut, toi qui régis l'univers avec force et douceur, enseigne-nous le chemin de vérité, viens, Seigneur, viens nous sauver !
- 18 : O Chef de ton peuple Israël, tu te révèles à Moïse dans le buisson ardent et tu lui donnes la Loi sur la montagne, délivre-nous par la vigueur de ton bras, viens, Seigneur, viens nous sauver !
- 19 : O Rameau de Jessé, étendard dressé à la face des nations, les rois sont muets devant toi, tandis que les peuples t'appellent : Délivre-nous, ne tarde plus, viens, Seigneur, viens nous sauver !
- 20 : O Clé de David, ô Sceptre d'Israël, tu ouvres, et nul ne fermera, tu fermes, et nul n'ouvrira : arrache les captifs aux ténèbres, viens, Seigneur, viens nous sauver !
- 21 : O Soleil levant, splendeur de justice et lumière éternelle, illumine ceux qui habitent les ténèbres et l'ombre de la mort, viens, Seigneur, viens nous sauver !
- 22 : Ô Roi de l'univers, ô Désiré des nations, pierre angulaire qui joint ensemble l'un et l'autre mur, force de l'homme pétri de limon, viens, Seigneur, viens nous sauver !
- 23 : Ô Emmanuel, notre Législateur et notre Roi, espérance et salut des nations, viens, Seigneur, viens nous sauver !
Oui, c’est le temps de la préparation à la venue du Sauveur Jésus. Et nous sommes invités à nous réjouir. Rejoindre le bonheur des familles qui vont bientôt manifester leur amour en s’offrant des cadeaux.
Alors, parler de la Noël, de la naissance du Fils de Dieu au milieu de nous grâce à l’Offrande de Marie, c’est évoquer l’éternité d’une vie bienheureuse auprès de Dieu. Vie offerte par Dieu lui-même.
Reprenons l’histoire.
Le Créateur de l’univers manifesta dès les origines son désir d’une humanité pleinement heureuse. Voyant que rien n’allait dans ce sens, il envoya des prophètes, des porteurs de la Parole de Vérité. Au temps du prophète Isaïe, les rois ne gouvernaient pas correctement, ainsi, Achaz, au lieu de s’occuper de son peuple selon la volonté de Dieu, se lança dans des alliances avec le puissant royaume d’Assyrie. Il donna tout l’or du Temple de Salomon au roi d’Assyrie. Ce fut la chute du Royaume de Judas. Isaïe parlait et ne fut pas écouté. Après plusieurs tentatives infructueuses, Dieu décida de venir lui-même.
« À bien des reprises et de bien des manières, Dieu, dans le passé, a parlé à nos pères par les prophètes ; mais à la fin, en ces jours où nous sommes, il nous a parlé par son Fils qu’il a établi héritier de toutes choses et par qui il a créé les mondes (Hébreux, 1, 1-2).
La naissance de Jésus en Marie est entièrement orientée pour que les hommes comprennent, universellement, le sens de la vie. Jésus, le Christ, ne fut pas davantage écouté que les prophètes et son existence s’achève sur une croix. Mais il y a la résurrection.
C’est donc avec la perspective de la résurrection que nous abordons joyeusement l’anniversaire de la naissance de Jésus.
Au temps d’Achaz les rois gouvernaient mal. Et aujourd’hui ?
Les princes, les présidents, les empereurs des empires industriels gouvernent toujours mal leurs peuples. Ils refusent, enfermés dans leurs privilèges et idéologies, de voir la réalité en leurs racines. N’est-ce pas parce qu’il y a l’économie du commerce des armes, n’est-ce pas parce que des puissants aliènent des petits, n’est-ce pas parce que l’illusion d’une croissance matérielle infinie encombre les esprits des grandes nations que les pauvres sont toujours plus pauvres ? Et la défense de l’humilié devient acte irraisonnable, kamikaze, violence absurde, acte qualifié de terrorisme… laissant ouverte la violence calculée, scientifique des super puissances. Un ambassadeur russe assassiné à Ankara dans une salle d’exposition artistique, ne serait-il pas représailles nécessitées par les nombreuses victimes civiles tuées sous les bombes lâchées par de sophistiqués avions russes ? Et un camion fou fonçant dans la foule à Nice, Paris, Madrid, Londres ou Berlin n’aurait-il pas une explication dans le refus des « rois » d’entendre les cris des petits peuples ?
Maintenant et avant, pourquoi les chefs craignent-ils de perdre leur pouvoir ? Pourquoi tuent-ils pour le garder ? « Hérode… entra dans une violente fureur. Il envoya tuer tous les enfants jusqu’à l’âge de deux ans à Bethléem et dans toute la région, d’après la date qu’il s’était fait préciser par les mages. Alors fut accomplie la parole prononcée par le prophète Jérémie : Un cri s’élève dans Rama, pleurs et longue plainte : c’est Rachel qui pleure ses enfants et ne veut pas être consolée, car ils ne sont plus » (Mat 1, 16-18).
Malgré ces tristes constats dans notre histoire, l’acte de foi en la présence de Dieu dans le bébé Jésus, m’invite à vivre joyeusement les fêtes de Noël. Même si, l’actualité n’est que guerre, même si tout est crucifixion, mise au tombeau, la joie de Noël transparait dans la lumière de la Résurrection.
Demain, je me dois de méditer encore sur le bref mot de mes vœux de joyeux Noël et de bonne année 2017.