Interrogeons un rapport au sacré qui rend quasi impossibles la prise de recul, une saine relativisation et un questionnement nécessaire
N’est-ce pas tous les jours ou presque que les journalistes en parlent ? La Croix du 17 février 2017 cite les procès de Lyon et de Rouen. Faits avérés ou présumés, les actes de pédophilie alimentent les colonnes des quotidiens. « C’est avec une infinie tristesse que l’archevêque de Rouen a appris mardi la garde à vue (d’un prêtre septuagénaire), lui-même étant convoqué pour être auditionné » indique un chargé de communication du diocèse de Rouen.
Le corps humain est-il si distancé de sa pensée, de sa spiritualité, de son âme, de sa transcendance pour se laisser aller à des situations que l’on a du mal à imaginer ?
Le 26 janvier 2017, Le Progrès signale le cas d’un père de famille de 37 ans soupçonné d’avoir violé et agressé sexuellement 13 garçons, dont ses deux enfants, tous âgés d’une dizaine d’années. Que se passe-t-il en l’homme pour agir ainsi ? Qui sommes-nous ? Comment esprit et corps peuvent-ils ainsi demeurer en disharmonie ?
Le jeudi 16 février 2017, La Croix, (vous constatez mes lectures quotidiennes) traite de la question pédophile en une pleine page : « Une affaire ancienne de pédophilie révélée à Angers ».
J’espère cet article en lecture libre et vous invite à suivre ce lien.
Un commentaire propose une prudence à entretenir : « Pour les clercs, garder une distance physique absolue, ce qui n'exclut nullement une proximité spirituelle, ou morale. » Cela ne me semble pas atteindre le problème à sa racine. Car il y a problème et c’est cela qu’il faudrait cerner dans les fondements.
Véronique Margron, présidente de la conférence des religieux et religieuses de France donne des pistes de réflexion. C’est en lisant ce qu’elle a dit à Céline Hoyau, journaliste à La Croix, que j’ai eu l’idée de cette page.
« Ces drames doivent interroger le fonctionnement de nos institutions »
Véronique Margron : « Ce qui m’interroge dans ces drames, c’est le fait que nos institutions puissent laisser quelqu’un s’enfermer dans la fascination de son succès et soient elles-mêmes fascinées au point d’être aveuglées. Comment avoir laissé tant d’années une telle aura à un homme et à tant d’autres ? Il nous faut interroger notre rapport au sacré, qui rend quasi impossibles la prise de recul, une saine relativisation et un questionnement toujours nécessaire. Vatican II nous a enseigné des façons de gouverner plus collégiales : comment jouent, ou non, des contre-pouvoirs institués qui limitent des dangers de posture totalisante ? Ces drames doivent continuer d’interroger le fonctionnement de nos institutions ».
Peut-on pour cela réfléchir à partir d’une méditation de Matthieu 18, 5-6 ? ---- > « Celui qui accueille un enfant comme celui-ci en mon nom, il m’accueille, moi. Celui qui est un scandale, une occasion de chute, pour un seul de ces petits qui croient en moi, il est préférable pour lui qu’on lui accroche au cou une de ces meules que tournent les ânes, et qu’il soit englouti en pleine mer. »