Ce ne sont pas des prêtres qui offrent des sacrifices, mais l’Église tout entière qui s’associe à l’unique sacrifice du Christ.
L'entrée de Jésus à Jérusalem, mosaïque, XIe siècle, Sicile - Peinture de Rouault XXe siècle
Passion selon saint Matthieu : 26. 14 à 27. 66 : « Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la tienne. »
Une foule en liesse. Proclamant un roi.
Une foule pleine de haine. Condamnant un homme.
Une foule acclamant les décisions d’un chef qui, pour assurer la sécurité de son peuple, selon ce qu’il dit, met en danger beaucoup de personnes. Je songe ici aux familles bloquées aux frontières de l’Europe, aux familles écrasées sous les bombes, aux princes d’Etat qui règlent leurs différents en agissant sur des tiers.
Quel camp choisir ? Quel parti prendre ? Qui seront nos gouvernants ? Les notables de Jérusalem se sont tournés vers les Romains occupants leur terre pour que leur volonté « religieuse » soit exécutée. Que faisons-nous ?
Une foule en liesse. Une foule accusatrice. Au milieu de ces foules, Jésus se soumet. Certes, il ne se précipite pas vers l’échafaud. Mais il ne se dérobe pas au drame qui va le terrasser.
La Passion du Christ ! On en parle beaucoup dans les milieux artistiques, mais cette Passion n’est pas une pièce de musée, une peinture, une œuvre musicale… même si toutes ces créations artistiques nous aident à comprendre l’importance de l’événement.
Le récit de la Passion que nous venons de proclamer à plusieurs voix, détaille le dramatique parcours de Jésus alors qu’il ne rencontre qu’incompréhension, hostilité, mépris. Ce récit éclaire la marche que doivent, dans le monde entier, accomplir les disciples du Christ agissant pour le bien de l’homme. Jésus est au maximum du don de soi. Il s’abandonne pour être au service des autres. Et on l’accuse de tous les maux. Dénué de tout péché, il accepte de recevoir en lui les péchés de l’humanité, plaçant en Dieu son espérance. Il dit :
Le Seigneur mon Dieu vient à mon secours ; c’est pourquoi je ne suis pas atteint par les outrages.
Pour que le mal soit déraciné du monde, il se substitue aux animaux qui, dans le Temple de Jérusalem étaient sacrifiés pour la rédemption du peuple. Autrement dit, si dans l’Ancienne Alliance des animaux étaient offerts en holocauste pour plaire à Dieu, ici, c’est Jésus lui-même, unique victime et grand prêtre, qui se donne, une fois pour toute.
Saint Fulgence de Rupse (5e siècle) écrit : « C’est lui, vrai Dieu et vrai grand prêtre, qui pour nous est entré une fois pour toutes dans le sanctuaire en répandant non pas le sang des animaux, mais son propre sang… C’est donc lui qui, en lui seul, a présenté tout ce qu’il savait être nécessaire de réaliser pour notre rédemption. Oui, il était à la fois le prêtre et le sacrifice, à la fois Dieu et le temple. Prêtre dont la médiation nous réconcilie ; sacrifice qui opère la réconciliation ; temple dans lequel se fait notre réconciliation ; Dieu avec qui nous sommes réconciliés. Il est à lui seul le prêtre, le sacrifice et le temple, car, étant Dieu, il est tout cela selon la condition de serviteur ».
Rappelons-nous que tout baptisé est prêtre, prophète et roi, découvrons combien le Christ est l’unique prêtre. L’unique grand prêtre dont parle l’épître aux Hébreux. Croyons « très fermement et sans aucune hésitation que l’unique Verbe de Dieu, Dieu lui-même s’est offert pour nous à Dieu en sacrifice capable de lui plaire. C’est à lui, avec le Père et l’Esprit Saint, que les patriarches, les prophètes et les prêtres, au temps de l’Ancienne Alliance, offraient des animaux en sacrifice ; et c’est à lui, avec le Père et l’Esprit Saint qui ont avec lui une même divinité, que la sainte Église universelle, dans le monde entier, ne cesse d’offrir le sacrifice du pain et du vin, dans la foi et la charité » ( Saint Fulgence de Rupse ).
Des prêtres lévitiques (Ancien Testament), on passe à l’Assemblée du Christ. Ce ne sont plus les prêtres qui offrent des sacrifices, mais l’Église tout entière qui s’associe à l’unique sacrifice accompli en Jésus-Christ.
Pour accomplir la volonté du Père, Jésus
« n’a pas jugé bon de revendiquer son droit d’être traité à l’égal de Dieu. Mais au contraire, il se dépouilla lui-même en prenant la condition de serviteur, devenant semblable aux hommes » (Ph 2, 6-11).
Le Verbe se fait chair jusqu’au martyr (ultime témoignage) pour nous attirer dans sa divinité. Reconnaissons-le en proclamant que Jésus est le Christ, le Seigneur, pour la gloire de Dieu le Père.
Dans cette ligne, aujourd’hui encore, dans toutes les décisions que nous avons à prendre, nous sommes invités par le Christ à être des saints et des saintes. Alors, chaque fois que nous passons des ténèbres à la lumière, d’une erreur à la vérité, d’un repli sur soi à un don, nous cheminons ver et dans le divin. Approchons-nous de plus en plus de Pâques, ce passage de la mort à la vie. La vie que le Christ a vécue et dont il vit.