Jeunes, attachés à la justice sociale, attentifs aux pauvres, s’alimentant au Christ de l’Evangile, ils ne se disent pas chrétiens de gauche
source de la photo avec un article à lire absolument : nous risquer aujourd'hui à la rencontre (l'Oratoire de France)
Je conçois cette page dans le sens d‘une tentative de clarification pour les chrétiens des positionnements droite/gauche selon l’historique clivage.
Les jeunes que j’ai pu rencontrer à l’occasion des colloques organisés par Chrétiens et pic de pétrole, groupe de réflexion qui, estimant sa mission accomplie, vient de se dissoudre libérant ainsi du temps par des actions concrètes, tout en reconnaissant leur engagement à gauche selon l‘échelle politique, ne voulaient pas se dire chrétiens de gauche. Et ils expliquaient clairement qu’ils n’étaient pas de droite tout en refusant l’amalgame largement diffusé par des écologistes chrétiens affirmant que, « désormais il n’y avait plus ni gauche, ni droite ».
Les jeunes dont je parle, tout en reconnaissant le bien fondé de réflexions anticapitalistes, par exemple celles formulées par Gaultier Bès de Berc (voir également ici) n’estiment pas que l’on puisse conclure trop rapidement sur la disparition de la classe ouvrière sous prétexte que la distinction, droite - gauche dans un monde post-industriel ne serait plus pertinente. Mais, où sont les preuves pour dire qu’il n’y a plus de lutte des classes ? Marx ne peut être oublié. Nous ne pouvons ignorer, a exprimé (je pense) Jean-Paul II, les raisons qui ont fait naître le marxisme.
C’est l’annonce, dans l’hebdomadaire La Vie, de l’ouvrage Plaidoyer pour un nouvel engagement chrétien qui m’a incité à ouvrir ce champ politique dans le cadre d’une fidélité au Christ.
Les auteurs de ce petit livre de 137 pages publié aux éditions de l’Atelier, sont Pierre-Louis Choquet, Anne Guillard et Jean-Victor Elie.
Pierre-Louis Choquet est doctorant en géographie à l'université d’Oxford ; Anne Guillard est doctorante en philosophie politique et théologie à Sciences Po et à l'université de Genève ; Jean-Victor Elie est étudiant en master d'histoire religieuse à l'Ecole pratique des hautes études.
Ce que j’ai lu de leur réflexion m’a profondément touché, m’invitant à creuser dans le sens qu’ils annoncent. Selon eux, les chrétiens de gauche des années 70 - 90 s’attaquent trop à l’institution Eglise alors que notre regard et notre soin doivent se porter sur le monde, la société telle qu’elle est actuellement.
En voici une présentation : « Jeunes et chrétiens, les auteurs de ce livre refusent une vision étriquée de leur foi et un conservatisme érigeant le catholicisme. Au contraire, interpellés par la complexité des expériences qui travaillent leurs contemporains et attentifs à la vitalité de leurs interrogations, ils proposent un christianisme imprégné du souci évangélique de compréhension du monde et contestent une posture moralisatrice et intransigeante qui condamne sans concession la modernité.
Revendiquant une énergie collective orientée vers la construction d’un projet commun, ce livre propose aux chrétiens d’investir les enjeux fondamentaux qui constituent l’origine profonde de nos maux : le délitement des liens sociaux accéléré par la montée des inégalités économiques d’une part, la dégradation continue des écosystèmes, d’autre part. »
Ce denier paragraphe raisonne en moi avec l’accent de tous les membres de Chrétiens et Pic de Pétrole. Soulignons-le. La conversion individuelle, certes nécessaire, ne suffit pas. Il lui faut l’accompagnement d’un engagement collectif apte à fournir un juste cadre politique. Orientation d’une adéquate gouvernance où les pauvres sont soutenus.
J’ai bien aidé la présentation d’Isabelle de Gaulmyn.
Elle parle d’ « un livre qui plaide pour un christianisme résolument engagé dans le monde, un christianisme qui se risque à la rencontre, “christianisme de l’inachèvement” écrivent-ils, qui laisse “au témoignage de notre foi la possibilité d’entrer davantage en consonance avec les interrogations des personnes d’aujourd’hui” ».
« Ces “jeunes cathos”, écrit-elle encore, brandissent à la main la Bible, qu’ils connaissent d’ailleurs remarquablement bien. Les cathos de gauche des années 1970 avaient fini par oublier leur enracinement chrétien. Eux au contraire le proclament, le travaillent, et c’est à partir de leur foi qu’ils prônent un engagement fort dans la société »…
Enfin, je souligne, selon Isabelle de Gaulmyn, « nos trois compères revendiquent une action collective, pour jouer sur les mécanismes politiques de la société globale ».
Bref, je vous invite à lire l’ensemble de l’article.
Finalement, pourquoi ne pas s’exercer au discernement de l’authentique chrétien. Suis-je un chrétien qui de fait vote à gauche pour pouvoir vivre selon l’Evangile sans être pour autant chrétien de gauche, ne sachant pas, du reste, où est la gauche ?
Le site, à la table des chrétiens de gauche, peut servir de terrain pour cet exercice. Autrement dit, en avant pour une révision de vie à l’école de la traditionnelle Action Catholique.