Le Secours catholique rappelle qu’il est urgent de replacer l’homme au centre du projet de loi asile et immigration. On en est loin !
Un campement improvisé de migrants à proximité du canal Saint-Denis, à Paris, le 29 mars 2018. (AFP or licensors)
Face à l’aveuglement des politiques pour leur faire entendre raison, pour les inviter au vrai dialogue, nous avons l’arme de la rencontre des nombreux bénévoles qui répondent aux appels des exilés. Une arme non-violente apte à faire front aux boucliers des services d’ordre semeurs de désordre (Voir à Notre-Dame des Landes). Nous avons le rêve de voir les citoyens et citoyennes s’unir afin de vivre un paisible accueil de l’étranger.
Pour une bonne gouverne de la migration qui depuis les débuts du temps a construit l’humanité, je rêve alors d’une convergence des luttes afin que l’argent soit mis au service des hommes. S’unir dans la défense de l’immigré pour s’assurer que le capital ne se maintienne roi.
Psaume 145 :
Le Seigneur fait justice aux opprimés ; aux affamés, il donne le pain ; le Seigneur délie les enchaînés. Le Seigneur ouvre les yeux des aveugles, le Seigneur redresse les accablés, le Seigneur aime les justes, le Seigneur protège l'étranger. Il soutient la veuve et l'orphelin, il égare les pas du méchant.
Isaïe 2,4 :
De leurs épées, ils forgeront des socs, et de leurs lances, des faucilles. Jamais nation contre nation ne lèvera l’épée ; ils n’apprendront plus la guerre.
Je retranscris en cette page, ce que j’ai lu et entendu sur VaticanNews. Le point de vue de Didier Degrémont, président du Secours catholique dans le Pas de Calais.
En France, le projet de loi asile et immigration est discuté depuis le 16 avril 2018 à l’Assemblée nationale. Critiqué par nombre d’associations du secteur, le projet, axé sur la dissuasion, prévoit entre autres la réduction de la durée de la procédure d’asile, de 14 à 6 mois.
Entretien réalisé par Delphine Allaire – Cité du Vatican
Selon les chiffres de l’OFPRA en 2017, l’office français de protection des réfugiés et des apatrides, les demandeurs d’asile sont au nombre de 100 000 sur tout le territoire, soit 0.3% de la population.
Composé de 41 articles et intitulé «Pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », le projet de loi actuellement discuté au Parlement est axé sur la dissuasion des demandeurs d’asile. Les associations et ONG du secteur craignent la restriction des garanties et des recours pour les demandeurs d'asile.
Didier Degrémont est président du Secours catholique dans le Pas de Calais. Il lance un appel à la création d’une dizaine de centres d’accueil et insiste sur l’ouverture du travail pour ces exilés errants afin de replacer l’homme au centre du débat et de reconnaître que les migrations sont enrichissantes.
« Ce projet de loi va encore accroitre la précarité des personnes et ne répond absolument pas à cette obligation d’accueil et mise en place d’un plan cohérent concernant la migration. C’est parti de la loi qui, en fait, raccourcit les délais de demande d’asile, qui se traduit par de fortes restrictions de garantie de procédure. On est véritablement, une fois encore et notamment avec la limitation des délais de recours, contraire aux droits fondamentaux.
On a un durcissement de la politique migratoire française, notamment à partir de l’intervention, de M. Collomb qui parle d’un texte équilibré qui n’est évidemment pas équilibré puisque que l’on est dans la dissuasion des personnes à venir et d’éloigner celles qui auraient un droit d’asile. On met ces personnes dans une situation de précarité.
On a cette volonté d’éloignement, ce manque de courage politique, ce déni de l’accueil des migrants. La migration est pourtant nécessaire à la construction de notre monde. Les migrations sont incontournables.
En Europe aujourd’hui, on est dans un enferment sur soi, dans une alimentation des peurs de toutes natures qui ne vont pas au font du problème et ne résout en rien ce problème qui est toujours vu comme un fléau migratoire, or il doit être approché comme une richesse.
Ce qui conviendrait d’être fait, c’est d’abord de mettre en place des centres sur le territoire français ; une dizaine de centres suffirait pour bien accueillir ces personnes qui sont sur le territoire. Ensuite il faut ouvrir le travail à tous ces exilés. Il faut rapidement prendre en compte ces flux de personnes déboutées. Ils ne peuvent être nié, expulsés, ni régularisés de par les textes qui sont les nôtres. Il faut une politique européenne commune. Il faut créer une instance qui puisse régulariser l’accueil des exilés sur l‘Europe avec la même application des mêmes textes, des mêmes critères sur tous les territoires. Il faut évidemment aussi prendre en compte des quotas. On peut comprendre que par leur histoire certains pays ont des difficultés à intégrer. Mais c’est une question, de pédagogie, de préparation. Il faut remettre l’homme au centre.
Faire des personnes qui agissent pour aider des migrants, des passeurs ? Parler d’un délit de solidarité ?
C’est tellement facile de stigmatiser l’aide en disant qu’on veut combattre les passeurs ! À parti de là on met tout le monde dans le même chapeau. Les services de l’État, les services de police ont les moyens pour mener des enquêtes et identifier les vrais passeurs. Ensuite, on ne devrait être absolument pas en mesure de devoir rappeler qu’aider son prochain puisse être qualifié de délit de solidarité. Bénévoles sur le terrain nous subissons cette pression, nous subissons ces menaces, nous subissons l’intervention de police et de gendarmerie pour nous intimider. La raison, l’humanité, le cœur fait qu’on ne devrait jamais parler de délit de solidarité.