Le Christ ! C’est lui que nous plaçons à la source de nos projets quand nous tentons d’écouter et de répondre aux attentes du peuple
St Jean Baptiste - Matthias Grünewald (1475-1520) retable d'Issenheim, 1515 huile sur bois, Colmar musée d'Unterlinden
La gloire du Seigneur se révélera, et tout être de chair verra (Is 40, 1-5.9-11)
Bénis le Seigneur, ô mon âme ; Seigneur mon Dieu, tu es si grand ! (Ps 103, 1)
Par le bain du baptême, Dieu nous a fait renaître et nous a renouvelés dans l’Esprit Saint (Tt 2, 11-14 ; 3, 4-7)
Comme Jésus priait, après avoir été baptisé, le ciel s’ouvrit (Lc 3, 15-16.21-22)
Cette page d’Évangile que je viens de proclamer, nous ne pouvons pas l’entendre en regardant seulement le passé. Elle concerne également le temps présent. Certes, il est impossible de faire l’impasse de l’évènement historique qui a eu lieu, sous le regard, selon l’évangile de Matthieu, de l’empereur Auguste, Quririnius étant gouverneur de Syrie, Hérode le Grand, roi de Judée et Hérode Antipas II, tétrarque (chef) de Galilée. À moins que nous lisions, avec Luc :
en l’an quinze du règne de l’empereur Tibère, Ponce Pilate étant gouverneur de la Judée, Hérode étant alors au pouvoir en Galilée, son frère Philippe dans le pays d’Iturée et de Traconitide, Lysanias en Abilène.
Bref, nous ne pouvons pas en en rester à cette époque du début de notre ère.
En effet, cette page d’Évangile nous concerne en ces années 2018-2019. Bonnets rouges, gilets jaunes, vestes vertes et drapeaux arc-en-ciel, rouge ou noir sont comme le peuple venu auprès de Jean-Baptiste. Ils sont en attente. Ils sont venus chercher des enseignements de vérité, de justice qui indiquent les modes de vie. Ils sont venus dans un désir de changement, de conversion, de recherche de sens.
Entendre la Parole :
Une voix crie dans le désert… préparez les chemins du Seigneur, rendez droit ses sentiers. Tout ravin sera comblé… Tout être vivant verra le salut de Dieu… (Lc 3,3-6).
Ces gens en quête de sens sont attentifs aux paroles de Jean qui s’exprime en se situant irrémédiablement dans la ligne des prophètes, Isaïe, Jérémie, Amos, etc. :
Ne faites ni violence, ni tort à personne. N’exigez rien de plus que ce qui vous a été fixé .
Que devons-nous faire, demandent les foules ?
celui qui a deux vêtements qu’il partage avec celui qui n’en a pas.
Des soldats lui demandèrent à leur tour :
Et nous, que devons-nous faire ?
Il leur répondit :
Ne faites violence à personne, n’accusez personne à tort ; et contentez-vous de votre solde.
Jésus s’exprimera aussi comme les prophètes. Nous le voyons très nettement dans Matthieu chapitre 25
Car j’avais faim, et vous m’avez donné à manger ; j’avais soif, et vous m’avez donné à boire ; j’étais un étranger, et vous m’avez accueilli
Je rappelle cela en me situant dans le contexte de la rencontre que nous avons eu ce jeudi 8 janvier pour répondre à l’appel de l’Église s’adressant aux concitoyens et aux catholique de France.
La paroisse (notre communauté de fidèle du Christ) est par nature et par vocation la maison de famille fraternelle et accueillante pour tous.
À ce moment de notre histoire, dit l’appel, nous pouvons montrer cela (une famille fraternelle et accueillante pour tous) au monde ; au monde tel qu’il est ; sans vouloir qu’il soit comme nous aimerions qu’il soit. Montrer une Église accueillante de tous et pour tous.
Le peuple auprès de Jean-Baptiste est en attente. Plein d’espérance, il se demande si Jean n’est pas celui dont on parle et qui devrait venir. Jean répond :
Moi, je vous baptise (seulement) avec de l’eau ; mais il vient, celui qui est plus fort que moi. Lui vous baptisera dans l’Esprit Saint et le feu.
L’Esprit Saint ! C’est bien plus que d’être plongé (baptisé) dans de l’eau.
N’est-ce pas ce que nous devrions répondre aux attentes exprimées aujourd’hui ?
Je m’explique. Nous pouvons élire des députés, un gouvernement, des experts en politique qui vont rédiger et voter des lois. Ces dernières resteront toujours insatisfaisantes. Elles n’atteignent pas le cœur des hommes. Utiles les lois humaines ne peuvent-être absolutisées. Elles demeurent toujours relatives. C’est pour cela que nous devons sans cesse nous retourner vers le Christ. Qui, lui, n’est pas seulement une parole humaine.
Chrétiens, l’appel reçu au baptême nous pousse à porter dans le monde une parole claire et des actes radicaux qui répondent aux attentes du peuple : convertir l’individualisme qui enferme dans l’égoïsme, détrôner le pouvoir de l’argent devenu dieu, redresser la rencontre d’autrui vers une fraternité universelle, lutter contre les nationalismes, se réjouir d’un salaire qui permet de vivre sainement et partager son surplus de revenu avec celui qui est marginalisé par la misère, les politiques sélectives. Bref, mettre en place les structures qui permettent une vie fraternelle, familiale - mission d’une église locale telle la paroisse. Ce mardi 15 janvier, dans la salle du Prado, un membre de cette Église s’exprimera sur l’engagement du citoyen dans l’accueil et l’intégration des migrants (Montrer le dépliant). C’est en participant à de tels lieux de réflexion que l’on voit quelles structures, quelles organisations mettre en place.

Jean Baptiste a montré le chemin. Il indique du doigt celui que nous sommes appelés à suivre afin d’écouter La Parole divine. Alors, Dieu lui-même confirme la justesse de l’initiative de Jésus. Soyons attentifs. Ayant reçu le baptême de Jean alors que rien ne l’y obligeait, Jésus, plongé dans la prière, la méditation et/ou contemplation, reçoit de Dieu la confirmation de sa puissance, de sa force :
Toi, tu es mon Fils bien-aimé ; en toi, je trouve ma joie.
Jésus est parole divine. Il n’est pas seulement parole humaine. Il est force de l’Esprit de Dieu. Il est Dieu, plus fort que tout, plus fort que Jean. C’est lui que nous plaçons à la source de nos projets quand nous tentons d’écouter et de répondre aux attentes du peuple, des peuples quelle que soit la couleur de leur drapeau.
Jésus-Christ c’est tout.