La guerre, ici et ailleurs. Partout. Avec des armes de riches et des armes de pauvres. Actes inhumains. Indignes. Depuis Caïn. Attente à…
article à lire éditorial du Monde.
Un texte de Jean-Marie Delthil, il y a 3 ans
Nous sommes aujourd'hui la veille de la date anniversaire des attentas de Paris : ceux du 13 novembre 2015. Nous avons, bien entendu, une très fervente pensée pour toutes ces victimes innocentes, ainsi que pour leurs familles, pour tous leurs proches...
Je vais à présent tenter d'être court – autant qu'il puisse m'être donné de le faire –, et pas trop réducteur ou simplificateur, en évoquant un sujet aussi complexe, fortement mêlé, et embrouillé parfois…
Attentats = djihadisme, ici en France, pour les faits récents et qui nous intéressent : tout le monde est d'accord pour le dire, pour vérifier cette équation qu'on ne peut aucunement mettre en doute.
C'est évident.
On ne peut revenir là-dessus.
Alors, pourquoi donc le djihadisme ? Et voilà le questionnement qui me tenaille depuis un certain temps déjà… Nous tenterons donc ici de remonter à la source, plus ou moins à l'origine des choses, si tant est qu'il me soit rendu possible de le faire… donc là, les pistes pour tenter de comprendre ces drames – nullement de les justifier ! – sont nettement plus nombreuses qu'il n'y parait, se recoupant ou s’engendrant parfois mutuellement… Folie meurtrière et humaine, oui, c'est évident : créée, déclenchée ou activée (je me risque à avancer ici quelques causes ; liste loin d'être exhaustive bien entendu)… par les nombreuses ingérences de la France, et de bien d'autres pays encore, dans le monde arabe et dans le monde, tout court... ; par les intérêts géostratégiques et financiers de nombreux pays dans ces régions qui se situent à bien des 'carrefours'… ; par les manipulations de masses, idéologismes dévoyés et fanatismes en tous genres... ; par le redoutable marché et l'industrie des armes susceptible et en vue, le cas échéant, de créer le chaos ici ou là... ; par le fonctionnement laïciste vécu parfois ici en France, capable de motiver l'effet soi-disant inverse... ; par la perte des transmissions de valeurs entre les générations... ; par les faillites de la pensée, et de projets communs ; etc., etc. et/mais, je veux toutefois en venir là à une idée et à une réalité tout à fait simple et évidente – hurlante également de douleurs, finalement, ainsi que de vérité –, que tout le monde connaît, que tout le monde a vu, vérifié le plus souvent... oui : nous en sommes, pour ne parler que de la France, entre 5 et presque 9 millions (1) de personnes pauvres, en réelles difficultés économiques, parfois en grandes et profondes difficultés financières et personnelles, avec pas ou bien très peu de travail (et quelle est dans ce cas de figure et si souvent d'ailleurs, la 'qualité et le sens' de ce travail ?)… avec pas ou bien très peu d'avenir, également – oui.
C'est bien la réalité de la France au jour d'aujourd'hui, et de ces nombreuses personnes qui y vivent ou qui tentent d'y survivre.
Je fais partie de ces personnes, et ce depuis longtemps.
Alors comment articule-t-on ces faits de société avec le djihadisme ?… Avec ces actes meurtriers, d'une extrême violence et radicalité ? La violence ainsi que la destruction de l'autre (et de soi-même) vont si souvent de pair avec une très marquante désespérance, avec des pertes profondes et semblant irréversibles en ce qui concerne les repères humains et sociétaux, à court, moyen ou à longs terme…
Une petite expérience, et de terrain : allez lire ce texte – celui que vous êtes en train de parcourir – à un jeune ou même à un moins jeune qui vit ici en France dans une de ces zones sinistrées économiquement, humainement, politiquement, etc. à un jeune ou un moins jeune qui vit dans une zone d'habitation délaissée, oui..., qui n'a plus de boulot si souvent par la force des choses, depuis des mois, des années, qui n'a plus de projets, qui n'a plus d'avenir, plus rien, quoi… eh bien : soit il vous met son poing dans la figure (dans le pire des cas, il est vrai)… soit il vous quitte en n'y comprenant (plus) rien, et en ne sachant pas et plus comment faire pour vraiment vivre et s'en sortir…
Le djihadisme ? vous comprenez ?… Vous y comprenez quelque chose, vous ?… Moi : pas trop en fait, mais je me dis qu'on aurait tout de même vraiment intérêt à redevenir beaucoup plus humains, et ouverts – les uns avec les autres – et susceptibles d'en apprendre et d'être véritablement enseignés par les pauvres comme on dit, les délaissés, les personnes dont plus personne ne veut, finalement.
Quand on aura enfin compris qu'il nous faut vivre – ensemble – véritablement ensemble, ici en France, et bien ailleurs, également… et que cet 'ensemble' demande à ce que nous y mettions certes de la bonne volonté, de l'humilité, de l'ouverture pleine et humaine – mais que nous y mettions également de l'argent, des moyens financiers réels et suffisants : pour que les associations qui promeuvent les liens interpersonnels, interculturels, etc. puissent réellement et concrètement 'fonctionner', porter du fruit maintenant, et/mais encore à l'avenir, et tout à fait durablement…
Quand on aura vraiment compris que l'argent – je le redis encore – doit se montrer serviteur et non pas maître au sein de nos sociétés… on aura peut-être déjà fait la moitié du chemin, limité les massacres ou les morts provoqués par misère… il nous restera alors à parcourir l'autre moitié, le plus honnêtement et humainement possible..., et ce ne sera pas forcément le plus facile.
Ainsi se trouve être le rôle de la vraie politique, qui se doit d'aller... de s'orienter et d'orienter tout le monde vers la vie.
Qui se doit de promouvoir la vie !
La vie de toutes et tous, en liens et en partages.
Jean-Marie Delthil. Bonny-sur-Loire, le 12 novembre 2016
(1) Un million de pauvres de plus en dix ans
6 septembre 2016 - La France compte entre 5 et 8,8 millions de pauvres selon la définition adoptée. Entre 2004 et 2014, le nombre de personnes concernées a augmenté d’un million au seuil à 50 % du revenu médian comme au seuil de 60 %, principalement sous l’effet de la progression du chômage.
La France compte 5 millions de pauvres au seuil à 50 % du revenu médian [1] et 8,8 millions à celui de 60 %, selon les données 2014 de l’Insee (dernière année disponible). Dans le premier cas, le taux de pauvreté est de 8,1 %, dans le second de 14,1 %. Quel que soit le seuil retenu, le taux de pauvreté s’élève de 1,2 point. Au cours des dix dernières années (2004-2014), le nombre de pauvres a augmenté [2] de 950 000 au seuil à 50 % et de 1,2 million au seuil à 60 %.
La pauvreté a fortement progressé à partir de 2008, avec l’accentuation des difficultés économiques liées à la crise financière [...]
Source : L'Observatoire des inégalités (Tours). Internet.