De quoi, de qui ces œuvres sont le visage ? Ils l’ont dit : toute création d’art n’a-t-elle pas pour intention de rendre visible l’invisible

Publié le par Michel Durand

De quoi, de qui ces œuvres sont le visage ? Ils l’ont dit : toute création d’art n’a-t-elle pas pour intention de rendre visible l’invisible
De quoi, de qui ces œuvres sont le visage ? Ils l’ont dit : toute création d’art n’a-t-elle pas pour intention de rendre visible l’invisible
De quoi, de qui ces œuvres sont le visage ? Ils l’ont dit : toute création d’art n’a-t-elle pas pour intention de rendre visible l’invisible

Pour la clôture de la Biennale d’art sacré actuel de 2019, les commissaires ont invité à une eucharistie, action de grâce posant un regard sur les éditions précédentes. Ils nous ont donc conviés à une « messe des artistes. Cela nous plonge en l’an 1914 avec l’initiative de l’architecte Pierre Regnault.

Je vous invite à suivre les liens pour découvrir ou redécouvrir le vœu d’Adolphe Willette qui est lié à cette initiative et que je pense utile de rappeler en ce jour.

Cette messe est une tradition depuis 1926. Adolphe Léon Willette peintre illustrateur, affichiste, lithographe et caricaturiste est né en 1857 à Châlons-sur-Marne. Il est mort en 1926 à Paris. Adolphe Léon Willette pourtant anticlérical, bouffeur de curé comme on disait, fait le vœu de voir une prière dites pour les artistes qui vont mourir dans l’année.

En 1926 Willette meurt, depuis la tradition est respectée.

Chaque année pour le mercredi des Cendres, la messe du vœu de Willette rend hommage aux artistes qui vont mourir.

 

Pour vous, le Soleil de justice se lèvera - Ml 3, 19-20a

Il vient, le Seigneur, gouverner les peuples avec droiture - cf. Ps 97

Si quelqu’un ne veut pas travailler, qu’il ne mange pas non plus - 2 Th 3, 7-12

C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie - Lc 21, 5-19

 

Pour bien comprendre l’évangile de ce jour, il importe d’apporter quelques explications historiques. « Cet évangile évoque le second temple, rasé par l’armée romaine de Titus en 70. Le premier temple avait été bâti par Salomon en -950 et il a été détruit par le roi Nabuchodonosor en -586. Vers -515, il y avait eu un début de reconstruction, mais la démarche n’aboutira jamais. Ce n’est qu’en -19 qu’Hérode le Grand, nommé roi de Judée par Rome, entreprit la construction. Elle se termina en 63. (André Sansfaçon)

Au moment de la mise en place et de la rédaction de cet évangile, les premiers chrétiens subissaient une persécution. Ces paroles les touchaient directement. En 61, Matthieu fut martyrisé en Éthiopie. En 64, Pierre fut crucifié lors de la persécution de Néron et, la même année, André le fut à Patmos, en Grèce. En 67, Paul fut décapité à Rome. Les premiers chrétiens entendaient une parole qui les invitait, malgré les épreuves, à persévérer dans leur foi pour obtenir la vie éternelle.

 

Lc 21, 5-19 Quels échos l’écoute de l’évangile de ce dimanche résonne en moi ?

À quoi je pense en le laissant agir dans ma méditation pour le traduire dans les faits ?

Que dit-il à notre communauté priante réunie en ce temple de pierre ?

J’ai, bien évidemment, une pensée toute particulière pour toutes les personnes qui ont participé à la biennale d’art sacré actuel 2019 : VISAGE DE L’INVISIBLE. Les uns sont artistes et ils ont montré des œuvres créées pour l’occasion. Les autres sont bénévoles et ont pris du temps pour organiser l’exposition et accompagner les visiteurs. Enfin, je cite les visiteurs. Ils sont venus voir, admirer, avec l’intention de se laisser toucher par les œuvres exposées. Et, afin d’être totalement objectif avec chaque exposant(e), il me faudrait exprimer autant d’homélies qu’il y a d’espace d’exposition. Dans cet ensemble, dans chaque « cellule » qu’ai-je perçu du VISAGE DE L’INVISIBLE ? Plus de trente personnes - quarante (environ ; je n’ai pas compté) ont, d’une façon ou d’une autre, répondu à cette question au cours de la table ronde d’hier soir : Toute création a-t-elle pour intention de rendre visible l’invisible ?

Du reste, j’insiste, il est opportun de se poser cette question devant toute œuvre d’art ; de l’architecture qui exprime un climat, une ambiance à la peinture accrochée sur l’un des murs ; à la sculpture ou l’installation inscrite dans l’espace.

Interrogeons-nous : que ressentons-nous en étant assis dans ce temple - je parle bien de la chapelle du lycée Saint-Marc ? Regardons en haut, à droite, à gauche, derrière, devant… et je me souviens des créations accrochées ou posées en divers lieux. Que percevons-nous ? Personne ne peut demeurer indifférent à l’atmosphère ressentie dans et par une œuvre d’art. Nous vivons ce que les disciples de Jésus vécurent à chaque fois qu’ils pénétraient dans le Temple de Jérusalem.

«  Comme certains disciples de Jésus parlaient du Temple, des belles pierres et des ex-voto qui le décoraient… »

De quoi, de qui ces créations étaient le visage. À Jérusalem, bien évidemment, elles étaient le visage de l’Invisible. Visage du Créateur dont personne ne pouvait prononcer le nom. C’est pour cela (nous le savons) que le nom de Dieu était inscrit sur la pierre en absence de voyelles. L’imprononçable tétragramme !

Tout temple demeure le lieu par excellence de la rencontre de Celui qu’on ne peut voir, mais que l’on connait, grâce à ses actions, comme étant le Père de tous les hommes.

Jésus, son Verbe incarné par la médiation de Marie nous le montre. Par lui, Dieu invisible manifeste une attention particulière aux pauvres, aux abandonnés de la société. Heureux synode d’Amazonie qui nous a enseigné dans l’écoute des Indiens méprisés de la profonde forêt tropicale depuis le XVIe siècle, l’importance du dialogue avec la Nature. Je dis cela en pensant au 17 novembre, journée désignée comme journée mondiale des pauvres : « L’espérance des pauvres ne sera jamais déçue ». Osons la rencontre avec celles et ceux qui se trouvent dans des situations de détresse. François, l’évêque de Rome, le dit : « la pire discrimination dont souffrent les pauvres est le manque d’attention spirituelle ». Voir la page de Secours catholique.

 

Que de fois, cette réalité spirituelle a été rendue visible par les artistes ! Ne fut-ce que par le choix d’une couleur chaleureuse imprégnant chaque contour d’une matière, d’une forme agréable à contempler ou interrogeant notre conscience par la dureté du sujet traité. Une couleur invitant dans son abstraction ou sa figuration à une plus grande et plus réelle humanité. L’élan vers la transcendance. Le canal vers l’irrémédiable invisible.

À ceux qui le questionnaient sur les belles pierres du Temple, Jésus répondit :

« Prenez garde de ne pas vous laisser égarer, car beaucoup viendront sous mon nom, et diront : “C’est moi”… Ne marchez pas derrière eux ! »

Les temps que nous vivons aujourd’hui sont perturbés. En tout continent le peuple se rend dans les rues et sur les places publiques pour crier son désarroi face aux malversations des politiques qui gouvernent. Ceux-ci pensent plus aux rendements financiers qu’au développement et bien être des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Une révolution mondiale est vraiment nécessaire. Dans toute forme d’apocalypse, n’oublions pas ceci :

« On vous fera comparaître devant des rois et des gouverneurs, à cause de mon nom. Cela vous amènera à rendre témoignage. Mettez-vous donc dans l’esprit que vous n’avez pas à vous préoccuper de votre défense. C’est moi qui vous donnerai un langage et une sagesse ».

Qu’avons-nous à craindre ?

Le Soleil de justice se lèvera : il apportera la guérison dans son rayonnement.

Je vois ce soleil de justice dans le regard de tel ou tel personnage peint sur une toile ou sculpté dans le bois. Je ressens cette confiance en un monde à venir que les tenants de l’actuelle collapsologie ne cessent de redouter. J’emploie ce mot tout neuf (collaposolgie) pour désigner la tendance renaissante d’une apocalypse qui ne peut qu’être que catastrophe.

Là où l’on en est, tout ne peut que s’effondrer, affirment les collapsologues. Mais la véritable apocalypse n’est pas l’effondrement, elle est la révélation d‘un monde meilleur

« Pas un cheveu de votre tête ne sera perdu. C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie. »

Moi, Dieu - L’invisible - je suis avec vous.

Alors, devant tous les événements dont on parle, nous sommes invités à la même compréhension de la parole du Seigneur :

C’est par votre persévérance que vous garderez votre vie.

Les temples physiques disparaîtront les uns après les autres. Il ne restera que le temple rebâti en trois jours, le Christ. Les artistes donnent à voir cet invisible.

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