Je te prie ce n’est pas pour avoir de l’importance à tes yeux, c’est pour que je réalise l’importance que tu devrais avoir pour moi
Je reçois aujourd’hui ce message de Robert Divoux, un collègue retraité (Prado) :
« La Lettre d’information (pour ceux aimant la langue anglaise : la "Newsletter") du diocèse de Toulouse publie cette prière que j’ai rédigée hier.
J’explique ses racines : actuellement certains appels à la prière qui sont diffusés me gênent.
On dirait qu’il faut réveiller Dieu. Et mettre suffisamment de monnaie (de prière) sur la table pour qu’Il accepte de nous écouter. Cela donne l’impression d’être dans une relation commerciale".
Prier…
Mon Dieu, je ne prie pas pour te réveiller : tu ne dors jamais.
Je n’essaye pas d’attirer ton attention : tu es père, frère, toujours présents par votre esprit auprès de chacune, chacun de nous… 7 milliards de présences ne te font pas peur !
Si je te prie, c’est d’abord pour partager mes soucis, mes peines... Tu les vivais avec moi, tu les connaissais, mais tu vibres de m’entendre t’en parler. Et tu ne te vexes pas si je me plains de ce qui se passe dans la vie du monde.
Je te parle, je te prie… ce n’est pas pour « avoir de l’importance à tes yeux », c’est pour que je réalise – un peu – l’importance que tu devrais avoir pour moi.
Je le fais tout seul, et alors peu importe le rite, tu sais t’adapter à tous. Pour toi c’est le fond qui compte. Tu comprends tous les élans du cœur, toutes les langues et aussi tous les silences… Et d’abord ceux qui accompagnent le concret journalier de notre vie à chacun…
Je te prie parfois aussi avec d’autres, quelques personnes, ou même quelques milliers de personnes : pour cela il nous faut des rites. Pas pour toi qui encore une fois comprends tout, mais pour nous, pour que notre communion de prière se réalise. C’est pour la permettre qu’il nous faut trouver un langage adapté à ceux qui te prient ; nous savons que toi tu t’adapteras toujours au langage de tes enfants.
Je te prie pour te demander pardon. Pardon pour toutes les fois où voyant le chemin "qui monte", celui sur lequel Jésus nous attend, j’ai refusé de m’y engager ; et j’ai pris celui qui descendait…
Je te prie pour t’écouter. Quand mon esprit est apaisé, quand il n’est plus "cloué au sol" par telle ou telle misère, mes oreilles s’ouvrent, au moins un peu. Et alors je reçois cette offre : « Celui qui a des oreilles pour entendre, qu’il entende. »
Je te prie pour te remercier. D’abord de ta "présence-absence", dont chacun de nous, à sa façon, fait l’expérience. Te remercier de la vie, de l’amour, de l’amitié, de la fraternité, de la solidarité… qui fleurissent si on sait regarder. Te remercier de tout ce qui est bien, de tout ce qui est beau dans le monde.
Je te prie quand je peux, quand je me décide à vouloir. J’essaye même de te prier sans cesse, comme tu nous le demandes. Bien des moments de nos vies peuvent intégrer cette quatrième dimension, en dehors de toute parole…
Oui mon Dieu fait de nous des femmes, des hommes présents à la vie du monde. Et, au sein de cette vie, fait de nous des « priants ».
Robert Divoux