Nous sommes le mauvais grain quand nous voulons mettre notre « grain de sel » en prenant la place de l’unique vrai semeur, Jésus-Christ

Publié le par Michel Durand

Vincent Van Gogh. Champ de blé vert. 1899 (Musée de Zurich)

Vincent Van Gogh. Champ de blé vert. 1899 (Musée de Zurich)

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« Après la faute tu accordes la conversion » (Sg 12, 13.16-19)

 

Toi qui es bon et qui pardonnes, écoute ma prière, Seigneur (cf. Ps 85, 5a.6a)

 

« L’Esprit lui-même intercède par des gémissements inexprimables » (Rm 8, 26-27)

 

« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson » (Mt 13, 24-43)

 

 

Aujourd’hui, la proclamation de l’Évangile fut longue. Elle invite à trois ou quatre homélies différentes.

Cette parabole de l’ivraie dans le champ de blé, longuement développée et expliquée, invite à réfléchir sur la vie de l’Église, la vie en Église. Qui sème la zizanie dans le contexte de la pandémie, dont nous observons une légère reprise ? - « Coronavirus : face à la reprise de l’épidémie en France, le masque sera obligatoire dans les lieux publics clos dès la semaine prochaine », titre le quotidien Le Monde.

Ainsi, dans la situation actuelle, nous pourrions encore nous demander : mais qui a semé ce virus ? Je pense que ce serait une question mal venue, car l’important est de se protéger personnellement sans négliger l’attention à autrui. Assumer tout le problème sans s’enfermer dans une bulle.

J’imagine que Jésus expliquerait la parabole de covid-19 en disant : laissons vivre ensemble les biens portants et les malades tout en étant très attentifs aux signes que donnent les uns et les autres. L’ivraie, la mauvaise plante, doit être extirpée des corps après une profonde analyse.

C’est un ennemi qui a fait cela… Veux-tu donc que nous allions (de suite, avant maturation) enlever l’ivraie ?’

Il répond :

Non, en enlevant l’ivraie, vous risquez d’arracher le blé en même temps.

Donc, vivons ensemble en bonne intelligence et discernement tout en reconnaissant que ce n’est pas simple.

Les paraboles, les images sont là pour nous aider à comprendre, à nous rapprocher de la meilleure attitude sociale, ecclésiale possible. Et reconnaissons que notre disposition dans cette église (je parle du bâtiment) qui respecte les « gestes barrières » n’est en rien conforme à ce que demande l’Évangile. Je m’en expliquai ici même dans mon homélie du 28 juin.

 

Et j’imagine maintenant que l’image de notre présente assemblée est en elle-même une parabole pour nous inviter à vivre autrement, plus proches les uns des autres, sans visage dissimulé sous un masque, tout en prenant les moyens de ne pas transmettre « d’ivraie ». Comment faire ?

Rappelons qu’une parabole est une histoire racontée pour illustrer un enseignement. Le mot grec « parabolé » indique qu’il y a dans ce mot l’idée de comparaison. En Orient, au temps de Jésus, cette façon de s’exprimer pour développer une pensée complexe, nouvelle est fréquente. On multiplie les images :

« Le royaume des cieux est comparable à un homme qui a semé du bon grain dans son champ ».

« Le royaume des cieux est comparable à une graine de moutarde ».

Le royaume des cieux est comparable à un petit vaccin qui permet à une humanité, en permanente guerre économique ou technique, de sortir vainqueur des maux qui l’assaillent…

Un homme a semé du bon grain. Qui a semé le mauvais grain ? Où est l’ennemi ? Qui est l’adversaire ? L’humain en tant que tel ou les techniques mises en place par lui qui perturbent, par exemple le climat ? Celui qui sème le mal dans le monde est fils du Mauvais.

Je dirai que nous sommes le mauvais grain quand nous voulons mettre notre « grain de sel » en prenant la place de Celui qui sème le bon grain. Le vrai semeur est Jésus-Christ et nous n’acceptons pas d’être le bon grain au service du moissonneur, Dieu. Nous avons semé la zizanie, le mot grec de l’ivraie. « Les êtres humains ont foutu la zizanie dans le plan de Dieu parce qu’au plus profond de leur cœur ils n’ont pas accepté l’action de Dieu sur eux, sur les autres et dans le monde. Ainsi, en s’éloignant de Dieu, les hommes sèment l’ivraie au milieu du blé ». Cf André Sansfaçon, pour l’homélie au 2020/07/19

 

Comment se sortir de cette situation ? Je citerai encore Laudato si’ en invitant à créer des groupes d’étude et révision de vie. Dans un désir de juste discernement, soyons comme les serviteurs et les servantes de cette parabole qui constatent l’ivraie au milieu du champ et qui désirent l’enlever. Suivant le conseil du Maître, ils prennent le temps de l’observation.

« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson ; et, au temps de la moisson, je dirai aux moissonneurs : enlevez d’abord l’ivraie … »

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