Vivre le carême 2022 dans le sillage d’Antoine Chevrier, fondateur du Prado dont nous espérons la canonisation. Aimez Jésus-Christ - 3

Publié le par Michel Durand

Aimez Jésus-Christ

Aimez Jésus-Christ

Aimer Jésus-Christ - (L’attachement à Jésus-Christ)

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Aimer Jésus-Christ
(L’attachement à Jésus-Christ)
« Sentez-vous naître cette grâce en vous ? C’est-à-dire : sentez-vous un attrait intérieur qui vous pousse vers Jésus-Christ ? Un sentiment intérieur qui est plein d’admiration pour Jésus-Christ, pour sa beauté, sa grandeur, sa bonté infinie qui le porte à venir à nous, sentiment qui nous touche et nous porte à nous donner à lui ; un petit souffle divin qui nous pousse et qui vient d’en haut, ex alto ; une petite lumière surnaturelle qui nous éclaire et nous fait voir un peu Jésus-Christ et sa beauté infinie ? Si nous sentons en nous ce souffle divin ; si nous apercevons une petite lumière, si nous nous sentons attirés tant soit peu vers Jésus-Christ, ah ! cultivons cet attrait, faisons-le croître par la prière, l’oraison, l’étude, afin qu’il grandisse et produise des fruits. » (in « Le Véritable Disciple », section 5 : « Attachement à Jésus-Christ »).
Antoine Chevrier s’est vraiment senti « saisi » par le Christ. Déjà quand il était séminariste puis jeune prêtre, mais surtout à partir de sa conversion, il n’a cessé de se sentir attiré par la personne de Jésus-Christ. Pour lui, connaître Jésus-Christ avec l’intention de le suivre de plus près, exige un véritable attachement à celui-ci. Dans « Le Véritable Disciple », le chapitre intitulé « Attachement à Jésus-Christ » est d’ailleurs situé à la charnière des deux grandes parties de l’ouvrage : celle qui traite de la « connaissance de Jésus-Christ », et l’autre partie qui expose « les cinq conditions à remplir pour devenir un véritable disciple de Jésus ». Car pour devenir disciple du Seigneur, connaître celui-ci par un effort simplement intellectuel ne saurait suffire si cette connaissance ne produit pas de l’amour.
Le Père Chevrier a une expérience de Jésus qui comporte tout un vécu émotif. Il est ainsi frappant de noter comment le fondateur du Prado parle régulièrement de la « beauté » du Christ, de sa « grandeur ». Antoine est sous le charme du Christ ! Il est plein d’amour pour celui-ci, et il l’explique : « La connaissance de Jésus-Christ produit nécessairement l’amour, et plus nous connaissons Jésus-Christ, sa beauté, sa grandeur, ses richesses, plus notre amour grandit pour lui ».
Cependant, Antoine veille à ce que les dynamiques affectives ne prennent pas le dessus. Surtout, il n’oublie jamais que l’amour du Christ pour les hommes précède toujours la réponse d’amour que nous pouvons donner à notre tour ! Nous pouvons aimer le Christ parce qu’il nous a aimés le premier. S’il peut y avoir échange entre le Maître et le disciple, c’est parce que chacun se donne. Si la rencontre d’Antoine Chevrier avec le Christ appartient au plan mystique, c’est bien parce qu’elle est accueil de ce qui vient de Dieu. Elle ne saurait être réduite à une sensibilité particulière. Dans l’expérience d’Antoine, il y a quelque chose qui se produit « à l’intérieur » de lui-même et qu’il reçoit comme œuvre de l’Esprit, comme manifestation du « souffle » de Dieu. Aussi, avec Saint-Paul l’auteur du « Véritable Disciple » peut redire : « Qui nous séparera de l’amour du Christ ? La détresse, l’angoisse, la persécution, la faim, le dénuement, le danger, le glaive ? selon qu’il est écrit : « A cause de toi nous sommes mis à mort tout au long du jour, nous avons été considérés comme des bêtes de boucherie ». Mais en tout cela nous sommes plus que vainqueurs par Celui qui nous a aimés. Oui, j’en ai l’assurance : ni la mort, ni la vie, ni les anges ni les dominations, ni le présent ni l’avenir, ni les puissances, ni
 
les forces des hauteurs celles des profondeurs, ni aucune autre créature, rien ne pourra nous séparer de l’amour de Dieu manifesté en Jésus-Christ Notre Seigneur » (Romains 8, 35-39).
Cette dimension « intérieure » de la rencontre avec le Seigneur est essentielle. Dans plusieurs de ses textes, Antoine Chevrier opère une distinction entre « l’intérieur » et « l’extérieur ». Car pour lui, la conversion est à la fois « intérieure » et « extérieure ». Elle ne saurait être un simple changement dans le style de vie. La conversion nécessite d’abord un don plénier de soi au Christ dans l’amour. En cela se trouve le seul fondement possible d’une véritable vie nouvelle. Antoine le relève dans son ouvrage destiné aux séminaristes mais dont l’essentiel du contenu rejoint tout chrétien : « Ce qui est fondé sur Jésus-Christ seul peut demeurer, ce qui est fondé sur un autre fondement ne peut durer, ni être solide. Ainsi tous les actes extérieurs d’obéissance, d’humilité, de charité, de mortifications extérieurs ne sont rien s’ils ne sont pas sortis de la connaissance de Jésus-Christ, de l’amour de Jésus-Christ et si Jésus-Christ n’en est pas le principe. Ces choses extérieures viennent naturellement quand la vie de Jésus-Christ y est ; au contraire, elles ne sont que des actes illusoires, forcés ou hypocrites, quand ils ne viennent pas de ce principe qui est Jésus-Christ. »
Par « intérieur », Antoine entend surtout l’action divine en l’homme et le consentement de l’homme à cette action. « L’extérieur » viendra alors comme résultat de cette action divine consentie. Il sera le comportement visible de l’homme, lequel, bien entendu, authentifie la conversion intérieure. Car il ne suffit pas de réaliser dans son cœur la conformité avec le Christ : il faut aussi la réaliser dans son comportement ! A une sœur du Prado, Antoine écrit en 1873 : « Il faut penser davantage à Notre Seigneur qu’à nous et à nos propres misères. Si un peintre se regardait toujours lui-même au lieu de regarder son modèle, il n’arriverait jamais à le copier. C’est ce que vous avez à faire, chère enfant : regardez Notre Seigneur souvent, souvent, et ne vous considérez pas trop vous-même, et alors vous aurez plus de vie. Appliquez-vous à imiter Notre Seigneur, et cela sans trouble, sans peine. Considérez-le avec amour et avec le désir de l’imiter, voilà tout. Vos fautes, vos misères, laissez-les dans l’océan de sa miséricorde. Quand on aime Jésus il faut peu s’inquiéter du reste ».
La rencontre d’Antoine Chevrier avec le Christ peut donc bien être définie comme relevant de l’ordre de l’amour total. L’hymne qu’a écrite le prêtre de la Guillotière en l’honneur du Christ, Parole Éternelle de Dieu, laisse bien percevoir le contenu de l’échange intime qu’Antoine avait, dans la prière, avec son Seigneur :
« O Verbe ! O Christ !
Que vous êtes beau !
Que vous êtes grand !
Qui saura vous connaître ?
Qui pourra vous comprendre ?
Faîtes, ô Christ, que je vous connaisse et que je vous aime. Puisque vous êtes la lumière,
laissez venir un rayon de cette divine lumière sur ma pauvre âme, afin que je puisse vous voir et vous comprendre.
Mettez en moi une grande foi en vous,
afin que toutes vos paroles soient pour moi
autant de lumières qui m’éclairent
et me fassent aller à vous,
et vous suivre, dans toutes les voies de la justice et de la charité.

« O Christ ! O Verbe !
Vous êtes mon Seigneur et mon seul et unique Maître.
Parlez, je veux vous écouter et mettre votre parole en pratique.
Je veux écouter votre divine parole, parce que je sais qu’elle vient du ciel. Je veux l’écouter, la méditer, la mettre en pratique,
parce que dans votre parole il y a la vie, la joie, la paix et le bonheur. Parlez, Seigneur,
vous êtes mon Seigneur et mon Maître
et je ne veux écouter que vous. »
Texte à méditer : 1 Jean 4, 7-21
Bien-aimés,
aimons-nous les uns les autres,
puisque l’amour vient de Dieu.
Celui qui aime est né de Dieu et connaît Dieu.
Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est amour.
Voici comment l’amour de Dieu s’est manifesté parmi nous :
Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde pour que nous vivions par lui.
Voici comment nous reconnaissons que nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné part à son Esprit.
Quant à nous, nous avons vu et nous attestons
que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde.
Si quelqu’un dit : « J’aime Dieu »,
alors qu’il a de la haine contre son frère, c’est un menteur. En effet, celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit,
est incapable d’aimer Dieu, qu’il ne voit pas.
Et voici le commandement que nous tenons de lui : celui qui aime Dieu, qu’il aime aussi son frère.

 

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