Se laisser transformer par le Christ

Publié le par Michel Durand

Robert Beauvery, exégète, également prêtre du Prado, me demande un texte pour préfacer son étude sur l'Office des heures du jour : « la liturgie des Heures », autrefois appelé « bréviaire » parce que prière plus brève que celle des moines. Voilà ce que je lui ai envoyé:


La prière des psaumes qui ponctuent les diverses heures du jour m'est devenue indispensable, vitale. Il s'avère que je ne peux commencer une journée sans ce temps de pose où les forces physiques, mentales, morales et spirituelles se ressaisissent pour sortir de l'engourdissement du sommeil.
Pendant une journée libre ou, surtout, un long temps de vacances, je suis heureux de pouvoir répartir cette prière tout au long du jour. Matin, midi, soir et, nuit, office des « complies » juste avant de dormir.

 

En temps ordinaire, quand j'ai le courage et également le temps, je concentre l'oraison en deux temps, le matin, avant toutes tâches, le soir avant les 20 heures.

Le matin, si j'en ai le courage (parfois il me manque) et le temps, j'aime bien ne rien faire durant au mois une heure, disons trois quarts d'heure. Minutes données à la méditation, contemplation, action de grâce, prière. Chacun de ces mots possède sa spécificité. Je me sens bien, pacifié, heureux. N'est-ce qu'une impression psychologique ? Un ressenti qui relève de l'habitude, du conditionnement, dont l'absence créerait un vide ? Illusion donc, et non réalité. Je ne sais.

Ce flou souligne bien évidemment la pauvreté et la petitesse de ma prière. Je ne sais pas prier. Ou, ma supplication -action de grâce- fortement égocentrée n'est qu'un besoin physiologique, un apaisement psychique. Elle est, je pense, abandon.

« Vois, Seigneur, ma pauvre prière ! ».

Que dire de plus ?

« Tu guéris l'aveugle né...

Lumière sur le monde

Que nous chantions pour ton retour ».

« Béni soit au nom du Seigneur
Celui qui vient sauver son peuple ».

Abandon.

Ne sachant comment prier, je me glisse dans les psaumes. Je demande (c'est une action) que Dieu vienne en moi accomplir sa volonté. Que le ressuscité me donne les mots de l'adoration et de la supplication.

Viens prier avec moi, Seigneur Jésus ; sois ma prière.

Constatant ma pauvreté, et là je pense ne pas être dans le pur psychologique, je conçois que ce temps offert est celui où Dieu me façonne.


C'est dans cet état d'esprit que j'aborde la lecture du texte de Robert Beauvery : « l'office divin, les écritures, le Saint-Esprit », qui montre que tout notre être est offert à Dieu.

« Pour être vraiment ajusté à l'Office divin, écrit-il, nous avons besoin de sortir de nous-mêmes, de notre univers, de nous mettre en chemin, pour rejoindre le Christ, le grand Liturge céleste de la prière, de son corps qui est l'Église et le Saint-Esprit, l'animateur, prière adressée au Père en faveur de tous les membres de ce Corps et, aussi, de tous les membres de la famille humaine ».

Il ne me suffira pas de lire ces pages ; il me faudra, en de longues heures de désert, vivre avec et les ruminer longuement.

Autrement dit, je vois dans la liturgie des heures, l'Office divin dans la vie de l'Église, l'occasion de me laisser modeler, avec notamment la prière des psaumes, par les sept dons de l'Esprit.
Dieu est Sagesse. L'homme aussi est sagesse. Mais la distance entre ces deux sagesses est infinie. Comment se rapprocher de la Sage Beauté divine sans se laisser transformer par le Christ qui envoie en nous l'Esprit pour, ensemble, dire Père.

 


Publié dans Témoignage

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