Comment savoir que Dieu parle aux hommes ? Le Problème de l'Inspiration.

Publié le par Michel Durand

Dans mes contacts avec les visiteurs d'expositions organisées par "Confluences" une conviction s'est établie jamais contredite. Ému par la beauté, ce que l'homme découvre par lui-même ne peut s'opposer à ce que Dieu dit de l'homme.

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Agissant avec sincérité, la vérité ainsi découverte prendra forme ; elle se traduira en acte. Le découvreur agit selon sa conscience.

Néanmoins, libre, il peut opter pour un tout autre comportement et choisir un profit personnel immédiat qui l'oppose à autrui. Conscient de la générosité du don et de l'épanouissement que cela engendrera en lui, il préfère jouir immédiatement d'un plaisir à portée de main.

Tous les récits de "Sagesse", quelles que soient les religions et cultures, développent de long en large ces idées. Elles sont universelles. N'est-ce pas sur ce constat que nous devons nous appuyer pour aborder l'impact de la parole de Dieu dans nos existences d'hommes et de femmes au quotidien ?

Un jour, dans un groupe de réflexion chrétienne, alors que nous nous efforcions de comprendre le sens d'un texte biblique, un participant demanda pourquoi je donnais tant d'importance au Texte.

En fait, par sa question, il soulevait le problème de l'Inspiration. "Le catéchisme dit que la Bible est un livre inspiré, qu'est-ce que cela veut dire ?" demanda un autre membre du groupe.

La Bible, sans être pour autant directement dictée par Dieu, l'écrivain n'étant dans ce cas qu'un simple transcripteur (ce que l'on dit généralement du Coran), n'en est pas pour autant rédigée sans l'inspiration de l'Esprit Saint, Esprit de Dieu. Comment, raisonnablement, le prouver ?

Alors que la Bible, ce monument littéraire, appartient au patrimoine culturel de l'humanité, alors qu'elle n'est plus la propriété exclusive d'une Église, comment vais-je découvrir et affirmer qu'elle est plus qu'une parole d'homme (d'hommes) ?

Je ne prendrais sûrement pas le chemin de l'affirmation dogmatique qui consisterait à reconnaître dans un acte de foi que la Bible, "Parole de Dieu" est telle parce qu'on affirme qu'elle est révélée par Dieu. Certes, le croyant pourra nourrir sa foi à la lecture de l'annonce de ce dogme ; mais, le viscéralement hostile à l'Église ou indifférent au dogme demeurera hermétique. N'est-ce pas du texte lui-même que cette affirmation doit jaillir ? L'esprit humain adhère spontanément à ses propres découvertes. Comme elles ne lui sont pas étrangères, imposées de l'extérieur, comme elles font corps avec ses propres découvertes, elles acquièrent un statut d'évidence immédiate. Et, image de Dieu, ce que l'homme découvre par lui-même ne peut s'opposer à ce que Dieu dit de l'homme. Sans quoi il n'y aurait pas ressemblance (ressemblance et non similitude) entre Dieu et l'homme. On le constate dès que l'on se met à lire la "Révélation". Encore faut-il donner foi à cette affirmation de l'homme, image de Dieu. Au Texte de le dire avec force.

Qu'est-ce qui me prouve qu'un texte puisse être dit révélé ?

Prenons le chapitre 5 de l'Évangile selon Matthieu, le sermon sur la Montagne, les béatitudes, par exemple. Regardons aussi la fameuse règle d'or : ce que vous aimeriez que l'on vous fasse, faites-le aux autres (cf Mt  ).

Y a-t-il parole plus universelle ? Plus sage ?

Le lecteur, sincère avec lui-même ne peut se contenter de lire ces mots. Il sera poussé par un désir très intérieur pour que sa vie se conforme à ces dires (paroles). Il percevra bien évidemment toute la distance qui encore le sépare du but à atteindre ; mais il ne se découragera pas. Il persévérera dans la ligne de ce qu'il lit parce qu'il ressent que vérité et bonheur résident en ce lieu. Déjà, il en expérimente intimement les effets.

L'expérience banalement vécue de la lecture de la Bible montre qu'une personne qui consent à cette découverte ne demeure jamais seule. Elle va s'adjoindre à un groupe dans le but d'échanger, de dialoguer sur les impressions et découvertes entrevues. Nous avons le témoignage des communautés de base en Amérique Latine qui a constaté et témoigné de l'impact existentiel de la lecture méditée et priée des Évangiles dans un chemin de libération. Le compagnonnage régulier avec la Parole convertit leur vie avec une force inimaginable auparavant. Nous connaissons également tous les bénéfices dont témoignent les membres des groupes d'action catholique ou de mouvement de spiritualité lorsqu'ils fréquentent assidûment l'Évangile. La revue du Prado "Quelqu'un parmi nous" multiplie les témoignages de l'effet qu'une lecture simple et sincère de la Révélation a sur les plus petits parmi les hommes et femmes d'aujourd'hui.

 

Afin de mieux me faire comprendre, je souhaite maintenant évoquer le cheminement d'un homme qui a demandé le baptême et devrait bientôt concrétiser sa vie en Église par ce baptême.

Son métier l'a conduit en Palestine où il a vue les traces historiques et monumentales de la naissance de l'Eglise tout en analysant, face au problème de l'eau, l'incroyable injustice dont Israël est responsable (coupable).

Il a rencontré des chrétiens palestiniens dont le comportement face au danger ne pouvait le laisser indifférent. La présence du Christ était citée au travers de la vie au quotidien tout en remontant à la source : les textes rédigés par les apôtres qui ne pouvaient que faire référence à la première alliance (l'Ancien Testament). Alors, il s'est mis à relire la Bible ; son regard fut rénové. Le texte était plus qu'un monument littéraire appartenant à toute l'humanité, au monde entier. Il reflétait la sagesse d'un homme qui parlait non seulement au nom de Dieu, mais qui était Dieu. "Qui me voit voit le Père".

Un Texte qui a une telle force, qui est capable de modifier la vie, qui manifeste de tels effets ne peut pas être seulement humain. Il vient de Dieu lui-même. Il est Parole de Dieu. La preuve, c'est que des gens vivent de cette Parole inspirée et inspirante. Ce n'est pas tant la lettre qui compte, qui importe, mais son contenu, l'effet de l'écrit sur l'existence de chacun. Autrement dit, c'est le vécu qui devient écriture à lire. Vécu résultant d'un compagnonnage avec le Christ et les siens où les actes s'accordent avec les paroles. "Soyez saints comme le Père céleste est saint, Parfait (accompli)".

"Les chrétiens sont une lettre du Christ écrite non pas avec de l'encre, mais avec l'Esprit de Dieu. (Cf 2 Co3,3ss)

Charge alors à l'évangélisateur de dévoiler cette présence. Il sera, comme le dit Jésus, accompagné de l'Esprit saint.

 Parole divinement inspirée.

"Sentez-vous monter en vous un attrait pour Jésus-Christ… Alors, cultivez-le", disait Antoine Chevrier.

En me plongeant dans les écrits des objecteurs de croissance, je pense que, s'il rencontrait l'occasion d'une lecture biblique comme je viens d'en témoigner, ils comprendraient que leur quête de vie sobre, de partage et de justice universelle, leur lutte contre le capitalisme, ne sont pas autre que la Sagesse dont parle toute la Bible.

Le vrai que l'homme découvre en lui-même, par lui-même ne peut s'opposer à ce que Dieu de l'Homme. Par ailleurs, il sera aidé par la force de l'Esprit Saint s'il en accepte la révélation. Il reconnaîtra que la Bible est un livre inspiré par les effets qu'il en constatera.

Acte de foi désormais qui le poussera plus loin encore dans sa volonté de rejoindre la sainteté de l'unique Saint.

La Bible est inspirée parce qu'elle sanctifie comme nous le constatons.


Publié dans évangile

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