Convertir ses modes de vie pour prendre, dans la sobriété, ceux d’aujourd’hui

Publié le par Michel Durand

Renoncer aux dentelles et façons d’autres époques.

1Cardinaux.jpgS’adressant à l’ensemble des cardinaux et des responsables de la curie, Benoît XVI, sans ménagement, en un langage inhabituel semble-t-il, a appelé l’Église à une profonde conversion. Lire le texte en entier.

En cette fin d’année 2010, « sans concession », écrit Frédéric Mounier de La Croix, il utilise un vocabulaire précis pour exprimer sa pensée.

Moyen-Orient, Proche-Orient, Darfour, Somalie, Côte d’Ivoire, Pakistan… Qu’advienne la Paix pour que soit brisés « les bâtons des tortionnaires  et brûlées les chaussures des soldats ».

Benoît XVI interroge le corps ecclésial institutionnel : « Si souvent en nous aussi, la foi dort. Prions donc (le Seigneur) de nous réveiller du sommeil d’une foi devenue fatiguée ».

Bouleversé par les abus contre les mineurs commis par des prêtres, le « vêtement de l’Église est déchiré, par la faute des prêtres ». « Nous devons nous demander ce qui était erroné  dans notre annonce, dans notre façon tout entière de configurer l’être chrétien, pour qu’une telle chose ait pu arriver ».

Dans un tout autre domaine, Benoît XVI s’exprime aussi par rapport à la conscience individuelle laquelle ne peut tout relativiser selon ses propres désirs subjectifs, car il y a une vérité (transcendante), des valeurs, des normes objectives qui s’imposent de soi. La « conscience est capacité de vérité et d’obéissance à l’égard de la vérité, qui se montre à l’homme qui cherche avec le cœur ouvert ».

Au préalable, Benoît XVI a évoqué le consensus nécessaire pour que des normes morales puissent être appliquées. Il cite Alexis de Tocqueville qui analysait la possibilité de la démocratie en Amérique grâce à un consensus sur l’essentiel provenant du patrimoine chrétien.

A mon avis, c’est sur un consensus de ce type que pourront se mettre en place des modes de vie sobres, simples, respectueux des habitants des pays pauvres (appauvris par l’Occident industriel) et de leur environnement, modes de vie refusant l’idéologie de la croissance infinie et à tout prix.

Messieurs les cadres notables, commencez les premiers

Aujourd’hui, Il me semble qu’il est devenu urgent de concrétiser l’appel de Benoît XVI à la conversion. Urgence qui date de plusieurs siècles !

« Que le Seigneur réveille l’Église du sommeil d’une foi devenue fatiguée ! »

Et que cette Église montre son réveil, qu’elle en soit le signe au quotidien.

Et que Benoît commence lui-même avec son entourage immédiat à sortir de l’engourdissement de la nuit. Qu’ils se mettent à vivre au grand jour des journées d’aujourd’hui !

 

Cela fait longtemps (plusieurs années) que je formule en mon intériorité ces vœux de nouvelle année, nouvelle vie, pour l’Église. L’appel à la conversion de Benoît XVI m’invite présentement à les formuler.

Messieurs les cardinaux, les prélats de la curie, des responsables de quelques services ecclésiaux, quitter vos appartements d’un autre temps (les ors de la salle royale du palais apostolique). Ils sont le témoignage d’une histoire et non du présent de la Bonne Nouvelle.

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Revêtez les vêtements d’aujourd’hui, ceux qui facilitent le travail et la rencontre au quotidien. Abandonner robes noires, blanches, rouges, violettes (virant sur le rouge plus seyant), ceinture à frange, cols en plastic blanc, chapeau à cornes, etc… Quitter vos « clergyman » et autres modes anglo-saxonnes. Qu’importe-t-il plus : d’être proche de l’Évangile en tant que disciple du Christ ou d’être catalogué du corps ecclésiastique grâce à un rectangle blanc, résidu d’une cravate, rabat, jabot ? – un col qui n’a de romain que le nom.

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Mes vœux 2011 : que l’Église (ses cadres) –toujours à purifier (semper reformanda)- donne le signe de son désir réel de conversion en renonçant à tous « signes distinctifs » qui placent en face et à part du monde.

 

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De Rome (avril 1877), lettre d’Antoine Chevrier à Jean Claude Jaricot :

J'approuve bien les appréciations que vous faites un peu vertement sur certains abus qui ne sont nullement de mon goût et qui ne conviennent pas à des prêtres. Comme il serait à désirer de voir des prêtres religieux et animés de cet esprit de pauvreté et de sacrifice qui doit exister dans toute la vie du prêtre !

Comme on se fait vite à la vie de bourgeois, et comme il est difficile de revenir là-dessus, quand une fois on y a pris le goût et qu'on y est entré.

Je sens aujourd'hui combien il me sera difficile de détruire ce qui est déjà établi dans les esprits de nos jeunes abbés et nos enfants. Je sens toute la difficulté, et de l'autre côté je sens toute ma faiblesse. Je n'ai jamais mieux compris combien il était nécessaire d'être saint pour établir quelque chose ; que pour communiquer aux autres un peu de vie spirituelle, il faut être rempli soi-même. Je gémis sur ma pauvre misère, lâcheté et mon ignorance. Je sens qu'il faudrait attaquer d'abord moi, et me sanctifier avant de sanctifier les autres.

Publié dans Eglise

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