Face aux Eglises trop silencieuses, de nombreuses paroles et actions se réclamant (ou non) de l’Evangile donnent de vrais signes d’espérance
De semaine en semaine, le contenu du colloque organisé par CPP, Chrétiens et pic de pétrole, s’affine. Certes tout n’est pas encore totalement ficelé, mais cela nous semble suffisamment au point pour que je puisse en dire deux mots sur ce blog. Dans quelques mois, les publications seront définitives. Vous avez la primeur.
"Chrétiens et pic de pétrole" 3ème colloque - Lyon, 8-9 novembre 2014
Non-puissance, sobriété et espérance - Quelle société voulons-nous ?
À l'origine de « Chrétiens et pic de pétrole », il y a ce constat, simple mais ignoré, voire refusé par le système dominant : il ne peut y avoir de croissance infinie dans un monde fini.
Alimentant et croisant cette évidence, qui fait des membres de CPP des objecteurs de croissance, un autre constat renforce l'originalité et la posture de notre association : alors que nous ne pouvons nier que l'Eglise peine à remettre en cause ce système dominant, de nombreuses paroles et actions qui se réclament du message de la « Bonne Nouvelle », donnent de réels signes d’espérance.
En remettant en cause le système qui génère la domination d'une minorité d’hommes sur tous les autres et détruit irrémédiablement la planète pour leur seul profit, ces « mobilisations dans les pas du Christ » démontrent que la Bible est toujours vivante, toujours au service des pauvres.
Les deux colloques et les laboratoires organisés depuis 5 ans par CPP ont ainsi positionné l’association au croisement de trois principes d’équilibre : la cohésion sociale, l’économie au service de l’homme et la préservation de la planète. CPP est convaincu que le message du Christ est consubstantiel à cette recherche d’équilibre et que le « bien vivre » de tous, et particulièrement des plus pauvres, passe par cet harmonieux équilibre et donc par la sortie du productivisme et du consumérisme destructeurs. Ces trois principes sont galvaudés par le concept de développement durable et détournés par celui de la dite « croissance verte ».
CPP souhaite donc continuer à mener cette réflexion essentielle qui concerne tous les secteurs de recherche, convaincue que de la confrontation d’idées venues du socialisme, de l’écologie et du christianisme s’ouvriront de nouveaux champs du possible jusque-là barrés par des positions idéologiques indépassables dans le système actuel.
CPP se veut élément déclencheur de mises en œuvre concrètes à partir de nos options intellectuelles. C'est, finalement, en rejoignant les associations, les regroupements, les réseaux, les syndicats, les partis politiques, que les actions possibles envisagées trouvent leur concrétisation.
Afin de participer à cette recherche d’un nouveau paradigme sociétal et réfléchir aux différentes pistes d’actions possibles, nous vous convions au troisième colloque, qui laissera largement place au débat entre les conférenciers et le public.
Samedi 8 novembre
9h00 : accueil
9h15 : introduction
9h30 - 11h30 : première séquence
DOMINATION, profit, puissance : L'érosion du socle éthique de nos societes
« Toute société capitaliste fonctionne régulièrement grâce à des secteurs sociaux qui ne sont ni imprégnés, ni animés de l’esprit de gain et de la recherche du plus grand gain. Lorsque le haut fonctionnaire, le soldat, le magistrat, le prêtre, l’artiste, le savant sont dominés par cet esprit, la société croule et toute forme d’économie est menacée. Les biens les plus précieux et les plus nobles de la vie des hommes, l’honneur, la joie, l’affection, le respect d’autrui ne doivent venir sur aucun marché » (François Perroux).
Cette première partie fait un état des lieux de la crise systémique que nous traversons.
- L'Argent, puissance de toutes les dominations : Comment la puissance du capitalisme sans limites ni obligations sociales et environnementales est le moteur, comme le prophétisa Pie XI, de "l'impérialisme international de l'argent" ? Et donc pourquoi le capitalisme demeure incompatible avec la dignité que le christianisme souhaite pour l'Homme ? Comment résister à l'Argent ?- Assis en face du tronc, Jésus regardait comment la foule mettait de l'argent dans le tronc. Marc 12-41
frédéric BAULE, co-auteur avec Cécile Renouard et Gaël Giraud, de « 20 propositions pour réformer le capitalisme » (à confirmer)
- Le sens de l'existence humaine disparaît de l'horizon : Comment "la science moderne a peu à peu capté l'essentiel des forces spirituelles de la culture occidentale" amenant cette société de l'insignifiance ? Pourquoi "nous errons, environnés d'objets qui se laissent manier mais qui n'ont rien à nous dire" ? Comment faire "un pas de côté" pour nous redonner du sens ?
Olivier Rey, chercheur au CNRS, professeur de mathématique à l'École polytechnique et de philosophie à l'université Panthéon-Sorbonne
- Grandir dans la crise : Comment les paroles du Pape François expriment la crise que nous traversons : "Le manque d'amour ne fait pas que nous déshumaniser. Il finit par nous dépolitiser. L'amour, en revanche, pousse à prendre soin du bien commun. Une politique sans amour du prochain aboutit à un rationalisme de la négociation ou à un appétit vorace uniquement tourné vers la jouissance du pouvoir. Aucune éthique n'est ici possible, car l'autre ne suscite aucun intérêt.» ?
BERNARD GINISTY, philosophe, cofondateur d'ATTAC, ancien directeur de Témoignage Chrétien
- Dépasser nos peurs : Devant l’inconnu qui se présente, une peur naît en nous. Les crises de notre époque demeurent la conséquence d'un problème structurel, systémique : la démesure, cette quête sans fin du « toujours plus » dans toutes les dimensions de l’existence. La non-obtention de ce « plus » engendre la peur. La mort, bien sûr, mais aussi toutes les petites pertes du quotidien qui, sans être essentielles, créent une frustration. Quel travail sur soi avons-nous à faire pour accepter l’inéluctable ?
NICOLAS RIDOUX, ingénieur, auteur de « La décroissance pour tous »
11h30 : Pause
11h45 - 12h30 : Ateliers en sous-groupes
12h30 - 14h00 : repas
14h00 - 16h00 : deuxième séquence
Sobriété, dignité, convivialité : Redéfinir le bien commun
« La ressource pour guérir le monde de la délinquance financière généralisée ne réside pas dans une quelconque idéologie qui voudrait imposer un meilleur fonctionnement du monde. La véritable ressource est de reconnaître l’existence de cette quête essentielle de fraternité présente au cœur de chaque être humain, juste à côté de celles de la liberté et de l’égalité. Son vrai nom est l’amour ».
Philippe Leconte
Cette seconde partie pose les valeurs fondamentales sur lesquelles devraient se reposer une société conviviale qui se met au rythme du plus pauvre d'entre nous.
- Habiter la Terre, c'est "habiter avec elle" : Comment s'exprime dans le discours social de l'Eglise Catholique,le fait que les biens de la Terre sont destinés à tous les Hommes, que ceux-ci ne peuvent pas prétendre trouver dans ce qu'ils ont ce qu'ils sont ou que nous devons fuir l'argent pour naître à l'Amour ? Quel nouveau Concile (Vatican III ?) pour participer à redonner du sens à ce monde ?
N. , un spécialiste dans les question éthiques et spirituelles
- Dépasser nos cadres idéologiques : Pourquoi et comment plafonner les revenus participera à transformer nos représentations collectives de la "vie heureuse" ? Pourquoi et comment une société moins inégalitaire est-elle plus démocratique ?
- Décoloniser nos imaginaires : Pourquoi et comment remettre en cause les fondements de la société de croissance ? Pourquoi et comment devons-nous retrouver le sens des limites ? Comment inventer ensemble une société plus conviviale ?
Serge Latouche, économiste, théoricien de la décroissance
16h00 - 16h15 : Pause
16h15 - 17h30 : Ateliers en sous-groupes
18h - 19h : Eucharistie
19h30 - 20h30 : Repas
20h30 - 22h00: Soirée
Dimanche 9 novembre
9h15 - 11h15 : Troisième séquence
Transitions écologiques, transmission de l'Evangile : L'espérance d'abord
Cette troisième partie a l'objectif de présenter plusieurs expériences individuelles ou collectives, politiques, religieuses. Elle illustre ce que Benoît XVI exprimait comme l'impérieuse nécessité de "(...) reconsidérer nos itinéraires, nous donner de nouvelles règles et trouver de nouvelles formes d'engagement..." qui recoupe l'ambition élevée de Paul VI, dans l'encyclique Populorum progressio, pour que ces itinéraires ou trajectoires "s'entrecoupent dans la valeur profonde de la dignité de l'Homme et dans la recherche du bien commun..."
- S'appuyer sur les multiples expérimentations en cours : Il existe des milliers d'alternatives disséminées sur la planète. Comment s'affranchissent-elles du modèle consumériste ? Comment créent-elles leur propre système d'échanges, gèrent-elles leur approvisionnement en eau et en énergies ou organisent-elles de nouvelles façons de travailler ensemble ?
PANEL D’ACTEURS DE TERRAIN : Victor Grange (La NEF), Dominique Arthaud (CERALEP), Dondo Bena Benoît…
- Au-delà de la réforme du système monétaire international, quels défis éthiques pour se mettre dans les pas du Christ : "Insensé, cette nuit même, on va te redemander ton âme. Et ce que tu as amassé, qui l'aura ?" - Luc 12, 13-21. Pourquoi et comment participer à construire ce monde nouveau, non plus dans l'angoisse, mais dans l'espérance et la solidarité ? Pourquoi et comment créer des règles communes lorsque les biens vitaux de tous les humains sont en jeu ?
Fabien REVOL, théologien et biologiste à l’Université Catholique de Lyon (à confirmer)
- L'expérience politique qui rend aux peuples et aux individus leur responsabilité et leur liberté d'agir selon leurs aspirations profondes : Ecosocialisme, théologie de la Libération, décroissance, convivialisme, "buen vivir"... comment sortir de cette "cage d'acier" de la toute-puissance de l'Argent qui détermine l'Homme ?
Corinne MOREL-DARLEUX, Conseillère Régionale Rhône-Alpes, Parti de Gauche
11h15 - 11h30 : Pause
11h30 - 12h15 : Ateliers en sous-groupes
12h15 - 13h30 : Repas
13h30 - 15h30 : Quarième séquence
LES NOUVEAUX CHAMPS DU POSSIBLE : ESSAI DE CONCLUSION
Table-ronde avec plusieurs observateurs.
Dominique LANG, journaliste,
François BRUNE, professeur et écrivain,
Michel BERNARD, journaliste et cofondateur de la Revue Silence,
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