L’institution Eglise plombe-t-elle l’Eglise corps du Christ ?

Publié le par Michel Durand

Pragmatisme ecclésiale ou théologie fondamentale

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8 décembre 2010 à Saint-Polycarpe


Je me suis rendu, mardi 25 janvier, à la convocation par l’archidiacre (qui souligne son rang de vicaire épiscopal) de tous les curés de l’agglomération lyonnaise. Le climat de la réunion m’a semblé décontracté, fraternel, simple.

Le cadre étant clairement posé, un échange a pu se tenir. Mais, y a-t-il eu débat ? Seulement quelques prises de parole assurant que l’on avait bien compris les données à mettre en œuvre. Un débat de fond n’était absolument pas à l’ordre du jour. Cela fait plusieurs années que les partisans de ce débat le constatent.

Je voudrais m’en expliquer brièvement

Il y a quelques années, nous avons assisté, silencieusement, au passage des régions apostoliques à la Province ecclésiastique. Il me semble qu’à l’époque, je n’en saisissais pas l’importance. Je n’en voyais pas les conséquences. N’était-ce pas qu’une question de vocabulaire ? Ce souci institutionnel m’apparaissant comme non essentiel, j’ai été peu attentif à  la nouveauté pastorale que cela représentait. Et pourtant, les changements furent de taille. Alors que l’évêque « président » régional (responsable, coordinateur) était élu par ses pairs, le provincial, « président » de la province, est nommé par Rome (Le Vatican). La part démocratique du  gouvernement de l’Eglise disparaît. Une fois de plus, on s’éloigne de la pratique du « tirage au sort » où, selon les Actes des Apôtres (1,26), après avoir prié, Dieu manifeste sa volonté. Aux premiers temps de l’Eglise, l’évêque était désigné par acclamation populaire.

A l’intérieur de l’Eglise locale, selon le vocabulaire employé à Lyon (mais aussi, je pense dans de nombreux diocèses), le secteur pastoral fut remplacé par le doyenné, le chef de secteur par le doyen. Ce changement dans le mode de gouvernance et identique au passage de la région à la province. Le doyen n’est plus élu, mais nommé ; ici, par l’évêque.


ch.jpgCharlemagne sacré empereur

par le pape Léon XIII en 800


La structure pyramidale de l’Eglise-institution se renforce considérablement. Et ceci, venant de Rome, n’est pas objet à débat. Quand les curés sont convoqués par le doyen ce n’est donc que pour que ce mode de gestion (managment fut le mot made in USA employé) soit bien compris par tous. Soyons modernes et parlons de la gestion de la Communauté avec le vocabulaire de l’Entreprise.

L’évêque, l’archidiacre (qui est vicaire épiscopal), les doyens, les curés, les laïcs en  mission ecclésiale (LME), tel est l’ordre hiérarchique à respecter.

Face à celui-ci, l’archidiacre rappelle (heureusement) le principe de subsidiarité. Quand un laïc s’adresse directement à lui pour traiter un problème paroissial au lieu de traiter la question à l’échelon inférieur, c’est-à-dire avec le doyen, Il le renvoie à celui-ci. Charge au doyen de s’entendre sur la question avec le curé afin de répondre à la requête du LME

Une chartre du doyenné et du doyen

Un texte portant sur la mission du doyen et du doyenné est à l’étude. Il sera bientôt publié dans sa version définitive. La vocation de cet écrit est de préciser les modes de gérance de l’institution. Personne ne niera son utilité. Mais nous pouvons nous interroger sur l’absence de réflexion quant à la dimension missionnaire de l’Eglise. Mission et gérance ne devrait-il par sans cesse, visiblement, s’articuler l’un à l’autre ?

Par pragmatisme, comme il semble difficile, voir impossible de s’entendre sur une pastorale commune, n’est-il pas logique d’au moins s’entendre sur une bonne gestion ? Il semble donc confortable que le souci institutionnel soit majoritaire.


Dans cette perspective trois chantiers seront mis en œuvre.

1er Repérer pour la vie des paroisses la distinction : curé – laïcs. Le curé est le pasteur propre, chargé de mission. Il agit avec une EAP (équipe d’animation pastorale), un conseil pastoral, une équipe des affaires économiques. (Voir ces articles dans le code du droit canon).


2e chantier sur les changements de curé

- un curé est nommé pour trois années renouvelables une fois. A la fin de chaque mandat, 3 ans ou 6 ans, il y a systématiquement une évaluation du ministère accompli. (Réflexion : sans remettre en cause les bienfaits d’une évaluation, nombreux sont les pasteurs qui se demandent comment vivre avec un peuple, l’accompagner avec un tel taux de rotation. Ainsi, un confrère m’écrit : « Pour ce qui est de l’évaluation du Curé « tous les 3 ans » je préférerais le terme de « compte-rendu de mission » qui ne se situe pas seulement au niveau de l’organisationnel mais de la Mission et de la théologie de l’Eglise et du sens du Ministère presbytéral (dans l’esprit de Vatican II).

- Il est nécessaire de sensibiliser les EAP à ce changement de curés et d’écouter chaque membre d’EAP à ce propos.

- Le changement est annoncé par l’autorité diocésaine.

- Les curés nouvellement nommés sont réunis pour étudier les questions de gestion (managment) rencontrées.

- Réflexion sur le logement des prêtres, la réorganisation des paroisses


3e Chantier sur la réorganisation du découpage du diocèse.

L’actuelle répartition en trois zones : ville de Lyon, campagne (Rhône vert), Roannais n’est plus adéquate.

 

La présentation institutionnelle de l’Eglise qui nous est faite, à nous les curés, finalement, signe, me semble-t-il, la théologie qui se développe actuellement dans certains milieux pouvant revendiquer une forte population de jeunes catholiques : une cléricalisation de ses membres invités à mettre en œuvre les options de l’évêque (un super-curé) qui s’entoure de courroies de transmission.

Dans cette conception « descendante », il me semble difficile d’être à l’écoute du peuple, de ses aspirations, de ses attentes. Or, n’est-ce pas à cette présence aimante que nous invite le Christ des Evangiles ?

Entrées dans les années 60 dans une Eglise ouverte au monde, je ne peux me résoudre à cette conception –retour de l’ère carolingienne- qui marginalise les baptisés.

 

Publié dans Eglise

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