Dans le Temple il y a Dieu. Le problème vient avec la nature de ce dieu. Est-il Argent, Pouvoir, Profit, Progrès ? Ou Amour ?

Publié le par Michel Durand

Dialogue au cours d'une séance plénière pendant le colloque : Quelle société voulons-nous ? Nov 2014

Dialogue au cours d'une séance plénière pendant le colloque : Quelle société voulons-nous ? Nov 2014

Tous ces derniers jours, j’ai été absent du blog. Mon temps fut, en effet, principalement occupé par la soirée du mercredi où se tenait la présentation du livre parlant des cercles de silence (j’en parlerai) et par la préparation immédiate, puis la tenue du 3e colloque de Chrétiens et pic de pétrole.
Ce jour j’ai reçu plusieurs courriels remerciant le groupe pour ce temps de réflexion.
Je vous en communique trois :
Ces deux jours étaient enthousiasmants. Un très grand bravo pour la préparation si soignée qui a dû vous prendre beaucoup, beaucoup de temps, le résultat était à la hauteur. J'ai savouré les rencontres, ai de quoi réfléchir pour un bon bout de temps, et puis grâce à vous aussi ai pu rencontrer pas mal de conférenciers qui viendront à Clermont. Bravo pour le bel équilibre que vous avez réussi à créer, pour tout : variété des intervenants, du public, beauté de la liturgie, intensité de la réflexion, temps de silence... 
J'espère que nous pourrons rester en lien, ça sera avec grande joie pour nous.
Encore un immense merci, à transmettre à tous,
Amélie

C'est à mon tour de vous remercier pour votre message et, surtout, pour la tenue de ce colloque, son organisation et l'occasion qui m'a été offerte d'y participer (comme intervenant que l’on a chaleureusement remercié (NDLR).
Bien à vous, in Xto,
Olivier

Encore bravo pour la grande qualité de ce colloque : les thèmes choisis, les intervenants, l'organisation matérielle, j'ai apprécié chaque moment et malgré la densité il y avait beaucoup de fluidité, de chaleur, de respect et de convivialité.
De plus, pour moi qui me suis éloigné de l'Église catholique depuis longtemps, j'ai découvert avec joie que l'Église pouvait être vivante et porteuse de préoccupations et d'un message proches de la Vie.
Enfin votre approche me plait bien et malgré d'autres engagements associatifs, je souhaiterais rester en contact avec vous et si possible apporter une contribution concrète à la vie de l'association.
Patrice

 

Tout cela fait chaud au cœur.

Si j’écris maintenant, c’est aussi pour vous donner à lire l’homélie prononcée à cette occasion. Certes n’étant plus en charge de paroisse, je n’ai plus d’homélie hebdomadaire à vous offrir. Il se peut qu’un rendez-vous homilétiquese mette en place sous une autre forme. Je ne sais pas encore. En attendant, voici ce que j’ai dit samedi soir pour l’office eucharistique de ce dimanche.

1ère lecture : La source de vie qui jaillit du Temple de Dieu (Ez 47, 1-2.8-9.12)

Psaume : 45, 2-3, 5-6, 8-9a.10a - R/ Voici la demeure de Dieu parmi les hommes.

2e lecture : Vous êtes le temple que Dieu construit (1 Co 3, 9b-11.16-17)

Évangile : Le corps du Christ, nouveau temple de Dieu (Jn 2, 13-22)

 

À ma première lecture des textes de ce dimanche, je me suis dit qu’ils étaient bien éloignés de la préoccupation développée au cours de ce colloque. Aussi je me suis demandé comment les garder sans « tirer la couverture à soi ». Ne valait-il pas mieux en choisir d’autres ? Eh bien non. Leur dimension symbolique est forte, essentielle, fondamentale dans notre vocation de baptisés conscients de notre baptême. Ils s’appliquent à toutes les dimensions de notre existence, de la défense des droits des migrants dits « sans papiers », comme nous le rappelions en la mairie du 1er arrondissement mercredi 5 novembre dans le cadre des cercles de silence, jusqu’à la contestation des modes de gouvernance qui assènent que seule la croissance matérielle apporte le bonheur : idolâtrie  du PIB. Je ne souhaite pas reprendre toute l’actualité ; elle est trop abondante – sacrée croissance ! titre Arte. Je condense en citant : « "Celui qui croit à une croissance exponentielle infinie dans un monde fini est soit un fou, soit un économiste" (attribuée à Kenneth Boulding).

Certes, de nombreux penseurs vont contredire cette phrase ; j’en cite un : « Énoncée de manière sentencieuse comme une vérité d'évidence, elle est le prélude obligé à tous les pensums qui nous engagent à changer au plus vite de mode de vie, ou plutôt de "paradigme" (le vocabulaire jargonneux est important), de nous "désintoxiquer de la croissance" car "la planète n'est pas infinie" ». En lire plus.

N’entrons pas en cette liturgie dans le débat. J’en laisse le soin à l’ensemble des participants au colloque, notamment durant les ateliers et la rencontre du dimanche après-midi : les nouveaux champs du possible.

Qu’indique la vision du Temple ?

Elle montre l’attention du Créateur innommable envers tout ce qui existe sur la terre. Une attention universelle. L’eau jaillit vers l’orient ; mais, faisant le tour par le côté droit de la façade, passe par le nord et l’ouest pour aller vers le sud. Toutes les régions de la terre sont irriguées par cette eau pure qui assainit les eaux saumâtres. Issus de cette fécondité, « Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. » Car, « cette eau vient du sanctuaire ».

« Dieu est pour nous refuge et force ». 

De tout temps, bien avant la révélation biblique, le temple a une valeur symbolique. Les hommes « s’y retrouvent pour offrir à un être suprême leurs prières et leurs offrandes. Depuis les origines, les peuples considèrent ces lieux avec respect et les fidèles des diverses religions y adoptent des attitudes de dignité et d’intériorisation parce qu’en ces lieux les humains communiquent avec les dieux » (André Sansfaçon). Le problème vient avec la nature de ce dieu. Est-il Argent, Pouvoir, Profit, Progrès ? Ou Amour ?

La vision d’Ezéchiel invite à bien considérer la dimension symbolique du Temple et de la montagne sur laquelle il est bâti. Finalement, le centre de l’univers, ce n’est pas ce lieu matériel où peuvent se vivre des évènements inacceptables.

« Frères, vous êtes la maison que Dieu construit ». Écrits Paul.

Tout est là. Le Temple, c’est nous.

Mais, n’allons pas si vite.

Nous avons tous une grande admiration pour le patrimoine. Les vieilles pierres, esthétiquement bien agencées, nous font vibrer. Les disciples du Christ et Jésus lui-même reconnaissaient la valeur de cet édifice sacré de Jérusalem. Or, le patrimoine est une beauté qui peut devenir obstacle. On idolâtre le Temple, comme on idolâtre l’Argent – ou beaucoup d’autres réalités matérielles.

« Enlevez cela d'ici. Ne faites pas de la maison de mon Père une maison de trafic. »

Quand Jésus parle de la destruction du Temple, il signifie, symboliquement, que le seul absolu qui puisse exister c’est la reconnaissance effective de l’Amour créateur de l’univers. Seul l’Amour de tous, de toutes, et de toutes choses compte. Il compte tellement, qu’il ne faut pas craindre d’être sacrifié pour qu’il triomphe de toute haine.

« Détruisez ce Temple, et en trois jours je le relèverai. »

 « le Temple dont il parlait, c'était son corps ». 

Jésus enseigne avec un grand respect et une grande délicatesse que maintenant il y a un temple nouveau. Jésus, tout en allant au temple régulièrement pour prier et enseigner, montre que la rencontre de Dieu peut se faire n’importe où, à la montagne, à la campagne, à la mer ou au désert. Le Seigneur invite ses disciples à la prière avant toute action. Il leur montre qu’il faut toujours prier sans se décourager.

Rappelons-nous que son enseignement fut une révolution lorsqu’il a affirmé que le temple serait rebâti en trois jours. En effet, ce n’est qu’après la Résurrection que les apôtres comprirent qu’il parlait du sanctuaire de son corps. Le temple nouveau c’était lui.

Or, nous sommes, par notre baptême, et l’eucharistie renforce ce lien, reliés au Christ Jésus qui se rend présent en nous-mêmes, en sa parole et en son corps. Sœurs et Frères,

« n’oubliez pas que vous êtes le temple de Dieu et que l’Esprit de Dieu habite en vous »

Avec le Christ, tous les baptisés forment un temple spirituel que nous appelons l’Église. Ce Corps Ressuscité de gloire qu’est le Christ est le centre d’un cercle soutenu par les rayons que nous sommes. Voilà la révolution que le mode attend. Que chaque rayon relié au centre caresse une partie de l’univers, minéral, végétal, animal, humain, spirituel pour apporter le don du Dieu Amour. Chaque jour…

« Chaque mois ils porteront des fruits nouveaux, car cette eau vient du sanctuaire. Les fruits seront une nourriture, et les feuilles un remède. »

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