Avec des laïc(que)s, au Prado. Les ténèbres n’ont pas arrêté la Lumière. Avec cette Lumière, repérer les commencements de nos vies.

Publié le par Michel Durand

Avec des laïc(que)s, au Prado. Les ténèbres n’ont pas arrêté la Lumière. Avec cette Lumière, repérer les commencements de nos vies.

Dimanche dernier je participais à la maison Saint-André du Prado à Limonest à une récollection avec des laïc(que)s en lien avec le Prado.

En voici le Thème : Les ténèbres n’ont pas arrêté la lumière. Avec cette lumière, repérer les commencements de nos vies.

Nous étions invités à méditer sur le prologue de Saint-Jean (1, 1-14) et à écrire son propre commencement ou recommencement. Voir ici en ce qui me concerne. Notons bien que, pour respecter l'emploi du temps, j'ai fait plus court. 

 

Voir ci-dessous, le document PDF invitant à la réco.

 

Je vous livre le texte qui m’a servi de base pour ma présentation. Dans le dialogue, l’actualité a été bien évidemment présente : pandémie, crise climatique, migrations, sauver des vies - sauver la vie (voir ici)…

 

Lecture et méditation de Jean 1, 1-14

Le divin vient en nous provoquant un commencement. Le verbe s’est fait chair. Dieu est Créateur. Nous retrouvons en toutes choses, en toutes situations la trace de Dieu.

Laissons Christ venir en nous. Laissons Dieu agir.

 

Nous sommes comme un vase -une image que j’aime bien employée- un vase ouvert à tout ce qui vient d’en haut, un vase qui se laisse remplir jusqu’au débordement. Et les gens que nous rencontrons viennent tout simplement s’abreuver de ce qui déborde de notre vie. Le témoignage de nos existences précédent nos paroles. C’est ce que François a exprimé au Maroc en mars 2019 : « la mission ne passe pas par le prosélytisme ».

 

Être chrétien, devenir chrétien résulte d’une rencontre avec le Christ et non d’une parole qui pousserait à entrer dans l’Église. Autrement dit, le chrétien n’est pas le fruit d’un prosélytisme, mais d’une rencontre avec le Christ. En Église nous sommes appelés à entrer dans le dialogue de salut et d’amitié que Dieu a ouvert avec le monde, exprime le pape. C’est un commencement, un recommencement sans cesse à opérer.

En France, en Europe les chrétiens sont désormais largement minoritaires. Cela ne doit pas être un problème, mais une invitation à de nouveaux commencements. Dans le monde notre présence est comme celle du levain dans la pâte. François s’exprime ainsi : «Notre mission de baptisés, de prêtres, de consacrés, n’est pas déterminée particulièrement par le nombre ou par l’espace que nous occupons, mais par la capacité que l’on a de produire et de susciter changement, étonnement et compassion». Il ne s’agit pas d’être d’occuper l’espace par notre nombre, mais d’être « signifiants ». Être chrétien, « ce n’est pas adhérer à une doctrine, ni à un lieu de culte, ni à un groupe ethnique. Être chrétien, c’est une rencontre (…) c’est se savoir pardonné ». Autrement dit, c’est oser un recommencement après avoir constaté que le chemin entrepris jusque là n’est plus possible. Commencer autre chose dans la mission confiée par le Christ pour, comme un vase répandant à toutes et tous la bonne odeur de son parfum, inviter les citoyens (citoyennes) à grandir dans de réelles relations d’Amour. François dit que « l’Église ne grandit pas par prosélytisme, mais par attraction ».

Laissons-nous attirer par le Christ pour attirer à notre tour, au Christ.

Mais, qu’est-ce que Jésus-Christ ? se demande Antoine Chevrier.

Je trouve étrange que le Père Chevrier parle de Jésus comme d’une chose. Oui, il écrit dans son Véritable disciple qu’est-ce que Jésus ? et non qui est Jésus ? C’est peut-être pour répondre à la tendance que nous avons souvent de voir dans la démarche religieuse un objet, une chose, des obligations à accomplir et non une relation, un dialogue amoureux.

Qu’est-ce que Jésus-Christ ?

« Saint-Jean, écrit Antoine Chevrier, répond très clairement à cette question dans le premier chapitre de son Évangile, quand il dit : au commencement était le Verbe ».

Pour m’imprégner de ce passage d’Évangile, Jean 1,1-14, je ne vois rien de mieux à faire que de relire les premières pages du Véritable disciple.

« Au commencement était le Verbe.

C’est-à-dire, en même temps que Dieu était, le Verbe était aussi, parce que Dieu ne peut exister sans sa pensée ou son Verbe, un être intelligent ne peut exister sans penser et Dieu qui est la sagesse même, l’intelligence même, ne peut exister sans penser, sans sa pensée.

Au commencement il était ; il ne dit pas : a été créé, mais était.

Il y a une différence entre ce commencement de l’Évangile de saint Jean et le commencement de la Genèse où Moïse dit : in principio Deus creavit = au commencement Dieu était

 

Et le Verbe était en Dieu

C’est-à-dire qu’il n’était pas encore sorti de Dieu comme plus tard.

Il était en Dieu comme ma pensée est en moi, faisant partie de moi-même, je la sens, je sens son existence. Ainsi le Verbe était en Dieu comme Verbe intérieur, il était en Dieu comme ma pensée est en moi-même, et comme je ne puis exister sans ma pensée ; ainsi Dieu possède de toute éternité son Verbe intérieur, non encore manifesté au monde.

 

Et ce Verbe était Dieu.

Ce Verbe, engendré par le Père qui est Dieu, étant la pensée parfaite de Dieu, sa pensée, sa connaissance, sa science, sa sagesse, ce Verbe qui a tout reçu du Père par une filiation infinie et divine, sans aucune abstention, forme une personne divine qui est Dieu, comme le principe d’où elle procède, comme l’enfant qui sort de son père est semblable à son père, devient par conséquent, homme comme son père.

Ainsi le Verbe qui est engendré du Père d’une manière infinie, reçoit tout de lui et se trouve semblable à lui, parfait comme lui, Dieu comme lui.

 

Il était au commencement en Dieu.

Dès le commencement, avant toute chose, il était en Dieu, ne faisant qu’un avec lui, Dieu lui-même, n’ayant qu’une nature avec lui. Il était en Dieu comme ma pensée est en moi, et cela dès le commencement c’est-à-dire de toute éternité ; ainsi dans ces mots, on voit l’unité de sa nature et l’éternité du Fils de Dieu et son existence cependant distincte, parce qu’il était, et la parole précédente dit qu’il était Dieu.

Au commencement, c’est-à-dire avant de se manifester au monde, comme il l’a fait plus tard, il existait déjà et il était en Dieu.

 

Toutes choses ont été faites par lui, et rien n’a été fait sans lui.

C’est par sa parole ou son Verbe que Dieu le Père a créé toutes choses. N’est-ce pas en effet, par notre parole que nous commandons ou que nous faisons les choses ?

Quand nous avons quelque chose à faire, à produire en dehors de nous, nous disons, nous parlons et nous faisons par notre parole. Un général d’armée commande et il est obéi.

Ainsi Dieu fait tout par son Verbe ipse dixit et facta sunt. Lui parla et cela fut (Ps 332, 9)

Tout ce qui a été fait en dehors de Dieu a été fait par son Verbe ou sa parole puissante et infinie : les anges, le ciel, la terre, les hommes, tout a été fait par son Verbe divin qui est l’expression divine de la volonté du Père et qui, étant son Verbe, a la même puissance que le Père et ne peut vouloir et faire lui-même que ce qu’il est en lui et qu’il ne fait qu’avec lui.

 

En lui était la Vie.

La vie du Père, comme la vie des hommes.

N’est-ce pas dans la pensée que se trouve la vie ?

Ôtez la pensée d’un être intelligent, que deviendra-t-il ? Un être mort ; et de même qu’il puise la vie dans le Père qui est la vie par essence, ainsi il communique cette vie de la pensée, de l’intelligence à tous les êtres auxquels il donne l’être, et en leur donnant l’être, il leur donne la vie, l’intelligence, et le Saint-Esprit leur donne l’amour.

Ainsi, chaque personne communique quelque chose :

Le Père donne l’être à son Fils

Le Fils donne la vie et l’intelligence

Et l’Esprit saint communique l’amour.

Et ces trois bienfaits sont donc absolument nécessaires pour former de nous des êtres bons et capables de bien.

En lui est le principe de vie qu’il nous communique en nous créant, l’intelligence, la pensée, la raison, la foi.

Vie naturelle,

Vie spirituelle.

 

 

 

En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes.

Dans cette vie que le Verbe communique aux hommes en les créant se trouve la lumière, lumière véritable qui éclaire tout homme venant en ce monde.

N’est-ce pas, en effet, dans le Verbe qui est la pensée de Dieu que se trouve la véritable lumière qui nous fait connaître Dieu et les choses célestes ?

N’est-ce pas dans ce Verbe que se trouvent toute la sagesse du Père, la science, la connaissance de Dieu et toutes les sciences divines et humaines ?

C’est de ce Verbe divin que sortent les rayons de ce soleil divin qui se répande sur toutes les créatures intelligentes et chrétiennes pour les élever, les éclairer et leur faire connaître les choses spirituelles et divines sans lesquelles l’homme reste dans l’ignorance et les ténèbres de sa propre raison.

Lumière des anges, des hommes, d’Adam, de Moïse, des prophètes, des saints.

 

Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.

Ce Verbe intérieur qui est la pensée éternelle de Dieu, qui est en Dieu de toute éternité, qui est Dieu, s’est revêtu d’une forme extérieure pour se manifester aux hommes.

La pensée est essentiellement interne et pour devenir extérieure, pour se manifester au-dehors, elle a besoin de revêtir une forme extérieure. Ainsi, tant que nous ne parlons pas ou que nous n’écrivons pas, notre pensée est intérieure, cachée et n’est connue de personne et pour la manifester il faut lui donner une forme extérieure.

Ainsi en Dieu, sa pensée ou son Verbe est resté caché à l’intérieur et inconnu, tant qu’il n’a pas revêtu de forme et, pour se manifester, il a fallu qu’il prît une forme extérieure.

Il est à remarquer que la manifestation de notre pensée est une nécessité pour nous, que nous ne pouvons vivre sans nous manifester nos pensées. C’est un besoin pour nous, les muets eux-mêmes trouvent moyen de manifester leurs pensées intérieures.

La pensée ne peut rester captive et enchaînée, autrement, nos pensées nous seraient inutiles à nous-mêmes et aux autres.

Or ce besoin que nous avons de manifester nos pensées, nos désirs, nos volontés, nos sentiments aux autres, qui nous le donne sinon Dieu ?

Si Dieu nous a donné ce besoin, qui est bon, pourquoi Dieu n’aurait-il pas ce besoin de se communiquer à nous qui sommes ses créatures, ses créatures intelligentes, ses créatures qu’il a formées à son image et à sa ressemblance ? Pourquoi nous aurait-il créé à son image et à sa ressemblance et nous aurait-il donné une fin surnaturelle s’il n’avait rien eu à nous dire et à nous enseigner ? Dieu n’a pu nous créer intelligents et nous former à son image et ressemblance sans rien dire à sa créature et lui donner un signe de sa volonté sur elle.

Que dirait-on d’un père qui met des enfants au monde et les laisse tranquilles sans leur manifester aucunement sa volonté, et leurs devoirs ? Cela serait indigne d’un père et vaudrait mieux le néant à une pareille situation.

Dieu a dû parler aux hommes et il leur a parlé certainement.

Et il leur a parlé par son Verbe parce que le Verbe est sa pensée, sa sagesse.

Et de même que pour manifester notre pensée nous la revêtons d’une forme extérieure, de la parole ou de l’écrit, d’une lettre ou d’un messager qui porte nos volontés aux autres,

ainsi le Verbe divin a pris une forme pour se manifester aux anges et aux hommes.

Il s’est manifesté à toutes créatures intelligentes : d’abord aux anges en prenant une forme spirituelle puisqu’ils étaient esprits eux-mêmes, il n’avait pas besoin de prendre une forme matérielle.

Il s’est manifesté à Adam en prenant une forme visible et matérielle. Laquelle ? l’Écriture ne le dit pas, et quand nous lisons que Dieu parle à Adam, c’est déjà le Verbe qui commence sa mission sur la terre de parler aux hommes et leur manifester les volontés de son Père.

 

Personne n’a jamais vu Dieu, mais c’est le Fils qui nous l’a fait connaître (Jean 1,18).

Il a parlé à Abraham sous la forme des anges.

Il a parlé à Moïse.

Et aux prophètes sous des formes plus ou moins sensibles.

Enfin, dans la suite des siècles, au moment décrété par la Providence, il a parlé à tous les hommes, lui-même en personne, en se revêtant d’une forme humaine.

C’est ce que saint Paul nous dit : multifariam multisque = Après avoir, à maintes reprises et sous maintes formes, parler jadis aux Pères par les prophètes…(He, 1,1)

Et le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous.

 

O ineffable mystère ! Dieu est avec nous,

Dieu est venu nous parler, il est venu habiter avec nous pour nous parler et nous instruire.

 

Ce qu’il n’avait fait autrefois qu’en passant, pour ainsi dire, et à la hâte, il l’a fait dans ces derniers temps d’une manière bien sensible, durable.

Il a pris lui-même la forme de l’homme afin d’habiter avec nous et avoir le temps de nous parler et de nous dire tout ce que le Père voulait nous enseigner par lui.

Nous ne sommes pas des êtres abandonnés par Dieu.

Nous avons Dieu qui est véritablement un Père qui aime ses enfants et veut les instruire et les sauver.

 

 

 

Jean baptiste, le« dernier des prophètes  » se fait violence pour accepter de baptiser celui dont il n’était pas digne de délier la courroie des souliers.

Les trois anges, aux mains couvertes d’un linge en signe de respect en présence de Jésus, sont en adoration.

Le Christ, d’un geste, bénit l’univers aquatique au point de croisement des mondes humain et angélique, et du ciel, de la terre et de l’enfer. Tous les éléments de la création sont ainsi rassemblés, réunis, en vue de l’œuvre du salut.

Du ciel, lieu du divin, jaillit la main bénissant de Dieu.

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