L’essentiel de la parabole du Samaritain est qu'il porte secours au ressortissant d'une communauté hostile sans se référer à une règle

Publié le par Michel Durand

L’essentiel de la parabole du Samaritain est qu'il porte secours au ressortissant d'une communauté hostile sans se référer à une règle
L’essentiel de la parabole du Samaritain est qu'il porte secours au ressortissant d'une communauté hostile sans se référer à une règle

Jean-Paul transmet cet article du Progrès avec ce commentaire. « Après les friandises en chocolat apportées par le Cardinal hier soir, (oui, Philippe Barbarin est venu saluer la centaine de personnes réunie à l’abri du Pèlerin) on peut espérer les croissants ce matin offerts par la direction de la Maison de la Veille Sociale (MVS), bien absente face à ses responsabilités et, à midi, l'annonce par le Préfet et la Direction Départementale de la Cohésion Sociale (DDCS) de la réquisition civile et citoyenne de plusieurs logements dans différents arrondissements de Lyon et dans différentes communes de la Métropole, histoire de rapprocher les enfants de leurs écoles et permettre une gestion sereine et à échelle humaine des appartements réquisitionnés ?

C'est à l’État et aux maires de faire appliquer la loi ! »

Qui doute qu’il en sera ainsi ?

Me trouvant avec les « expulsés » de l’État français alors que des citoyens cherchent à résoudre les problèmes engendrés, j’ai repensé à l’intervention d’Olivier Rey au colloque de Chrétiens et pic de pétrole en novembre 2104. Voici le passage :

Rappelons-nous la parabole du Samaritain. Le point essentiel n'est pas qu'un être humain vienne en aide à un autre être humain dans la détresse, mais qu'il porte secours au ressortissant d'une communauté étrangère, voire hostile, sans se référer à une règle ou à une coutume qui l'aurait invité à le faire. Dans un monde où les comportements étaient largement dictés par des prescriptions de tous ordres, le Christ libérait la charité. Cependant, avec le temps, l'esprit légaliste a fini par s'immiscer au cœur de l'amour, et ce qui devait par essence échapper à la loi a eu tendance à se trouver retranscrit en loi. Au point où nous en sommes, le mouvement de compassion qui conduit le Samaritain à interrompre son voyage pour prendre soin du juif à demi mort qui gît au bord de la route, et la relation intime qu'il établit avec celui dont il panse les plaies, n'apparaissent plus que comme préface au véritable service qu'il rend au blessé en l'installant à l'hôtellerie voisine et en payant le tenancier pour qu'il s'occupe de lui. Dès lors, tout ira encore mieux lorsque, au lieu d'être peuplée de bons Samaritains, la Palestine disposera de services de secours d'urgence efficaces et d'hôpitaux bien équipés, financés par des taxes et des cotisations obligatoires. Le propos n'est pas de regretter l'existence d'hôpitaux : il est de se rendre compte qu'au fil de leur développement et de leurs métamorphoses, les hôpitaux en sont venus à contredire l'esprit qui avait présidé à leur naissance ; qu'en voulant que les services soient rendus de façon sure, pérenne et indépendamment du bon vouloir de tel ou tel, nous avons marginalisé le rôle de la personne que dans le même temps nous prétendons servir. « Rien n'est plus contraire à l'amitié que la solidarité. […] Ce piège est le plus dangereux qui soit tendu ici-bas à l'amour. D'innombrables chrétiens y sont tombés au cours des siècles et y tombent de nos jours*. » Au nom de l'amour, on finit par engendrer un système qui doit pouvoir fonctionner sans amour ; et qui, embarrassé d'un amour superflu, voire importun, tend à le faire dépérir. À partir d'un certain stade d'institutionnalisation et de sophistication, les services technicisés cessent d'être des moyens de la charité pour se substituer à elle – ils deviennent les vraies bonnes œuvres. Cette substitution se révèle presque inévitable au sein de grandes sociétés, où les relations de personne à personne doivent souvent laisser la place à des relations d'agent social à agent social. De mon point de vue, ce qui brille a l'horizon de la décroissance c'est, entre autres, cela : un monde où le visage de l'autre redevienne visible.

Publié dans Politique, Anthropologie

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