Les croyants doivent être proches des prêtres par l’affection et la prière afin qu’ils soient toujours des pasteurs selon le cœur de Dieu
Le Bon-Pasteur (auteur inconnu), peinture sur ciment Le visage du Christ est entouré, à droite, par un berger et ses brebis et, à gauche, par des silhouettes qui représentent les âges de la vie.
« En nul autre que lui, il n’y a de salut » (Ac 4, 8-12)
La pierre qu’ont rejetée les bâtisseurs est devenue la pierre d’angle (Ps 117)
« Nous verrons Dieu tel qu’il est » (1 Jn 3, 1-2)
« Le bon pasteur donne sa vie pour ses brebis » (Jn 10, 11-18)
Mon homélie, ce dimanche, résulte, peut-être, plus d’une méditation personnelle que d’une approche de l’Évangile de Jean, chapitre 10. Il m’arrive souvent de dire que le prêtre, comme tous les chrétiens, doit vivre au milieu du peuple, des gens. Je le disais mercredi dernier lors de la présentation d’un livre de Goulven JEZEQUEL me concernant. Le chrétien vit dans le monde.
L’Évangile de ce jour m’invite à le redire encore. Pour que le monde, l’humanité entière, les gens de ce quartier reconnaissent la réalité du Christ, il importe que les membres de l’Église, les brebis, la communauté, l’ensemble des disciples du Christ dégage une bonne odeur. Il importe que tous les disciples missionnaires, prêtres et laïcs baptisés-confirmés, personnes consacrées, connaissent profondément leurs voisins afin de donner à sentir qu'ils ont comme Maître l’unique Pasteur.
Moi, je suis le bon pasteur ; je connais mes brebis, et mes brebis me connaissent, comme le Père me connaît, et que je connais le Père.
Prenons le temps d’imaginer ce qui se passe quand le gardien des brebis se trouve immergé au milieu des animaux. Il en prend l’odeur. Et je pense immédiatement à l’expression de François, évêque de Rome s’adressant à plus de 700 séminaristes et formateurs de séminaires en France, rassemblé à Paris du 1er au 3 décembre 2023*. Le pape les exhorte à adopter « un nouveau style pastoral » pour affronter le contexte culturel du pays, où « la figure du prêtre a perdu prestige et autorité ».
Depuis longtemps (2013) François invite les prêtres à être « des pasteurs pénétrés de “l’odeur de leurs brebis” » c’est-à-dire à être « au milieu de leur propre troupeau », qui rejoignent les hommes dans « leur vie quotidienne » et jusqu’aux « périphéries » de leur existence.**
Si je dis cela, suite à cet évangile du Bon Pasteur, c‘est parce que tout chrétien, conscient de son baptême reçoit la mission d’accompagner les prêtres pour qu’ils vivent vraiment en plein quartier. Un jeudi saint (28 mars 2013), le pape nous a invités, nous prêtres, à « sortir » de nous-même pour rejoindre la « vie quotidienne » des personnes que nous rencontrons. Il est question d’« illuminer les “périphéries” ». Je pense alors que les fidèles du Christ, les chrétiens d’une paroisse, d’un territoire se doivent d’accompagner le prêtre dans cette exigence d’insertion dans le monde.
L’onction que le prêtre a reçu, dit le pape, doit atteindre « jusqu’aux confins de l’univers » ; elle est « pour les pauvres, pour les prisonniers, pour les opprimés… pour les malades, pour ceux qui sont tristes et seuls ». En ce sens, a estimé le pape, « on reconnaît un bon prêtre à sa façon d’oindre son peuple » : l’Évangile prêché par le prêtre doit parvenir « jusqu’à la vie quotidienne » de l’homme, il doit « toucher aux extrémités de la réalité… illuminer les situations limites, les “périphéries” où le peuple fidèle est exposé à l’invasion de ceux qui veulent saccager sa foi ».
Aux prêtres François dit : « Je vous demande d’être des pasteurs qui portent l’odeur des brebis » ; des « pasteurs au milieu de leur propre troupeau, et pêcheurs d’hommes ». Il s’agit, de « prier avec les réalités de leur vie quotidienne, leurs peines et leurs joies, leurs peurs et leurs espérances ».
Et, pour qu’il en soit ainsi, le pape invite les croyants à être « proches » des prêtres « par l’affection et par la prière afin qu’ils soient toujours des pasteurs selon le cœur de Dieu » afin que vivant au milieu des brebis ils soient pénétrés de leurs odeurs.
Être proche de ceux qui sont loin de l’Évangile ! Voilà la mission des baptisés/confirmés. François a écrit dans son livre Life, Mon histoire dans l’Histoire (mars 2024) que lors du conclave de 2013, « il y a eu un grand désir de changer les choses, d’abandonner certaines attitudes qui malheureusement peinent encore à disparaître aujourd’hui. Il y a toujours ceux qui essaient de freiner les réformes, ceux qui voudraient rester au temps du Pape-Roi ».
Aujourd’hui il dit : « J’imagine une Église mère qui embrasse et accueille tout le monde, même ceux qui se sentent mal et ceux qui ont été jugés par nous dans le passé. Je pense aux personnes homosexuelles ou transsexuelles qui cherchent le Seigneur et qui ont été rejetées ou mises à l’écart. »***
Jésus dit :
J’ai encore d’autres brebis, qui ne sont pas de cet enclos : celles-là aussi, il faut que je les conduise. Elles écouteront ma voix : il y aura un seul troupeau et un seul pasteur.
Nous venons à l’eucharistie pour recevoir la Parole de Dieu et communier au Christ. Ce temps en Église en prière nous propulse au milieu du monde pour témoigner que
ce Jésus… pierre méprisée… est devenue la pierre d’angle. En nul autre que Lui, il n’y a de salut, car, sous le ciel, aucun autre nom n’est donné aux hommes, qui puisse nous sauver.
Bien-aimés, voyez quel grand amour nous a donné le Père pour que nous soyons appelés enfants de Dieu.
Toute l’humanité est concernée par cet amour. Baptisés, nous en sommes les messagers.
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