Quand nous aurons communiqué la soif du spirituel, la soif de l’Évangile, alors les gens auront l'idée d’écouter le Maître du sens de la vie

Publié le par Michel Durand

Quand nous aurons communiqué la soif du spirituel, la soif de l’Évangile, alors les gens auront l'idée d’écouter le Maître du sens de la vie

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Pour orienter notre prière eucharistique, je me tourne vers les problèmes climatiques.

Les intempéries qui frappent une partie de l’Europe sont particulièrement violentes en Allemagne, en Belgique. La ville de Liège connaît des heures dramatiques, et son évêque, Mgr Jean-Pierre Delville, transmet un message «de résistance et d’espérance», tout en appelant à une prise de conscience plus profonde. Voilà ce qu’il dit :

Il importe « de réfléchir aux causes de cette situation. Nous avons vraiment vécu le déluge comme on le raconte dans la Bible. Je dirais qu’il y a la colère du Ciel, comme Dieu qui s’est fâché à l’époque de Noé, car on se dit tout de même que ces dérèglements climatiques sont en partie dus à l’insouciance humaine et à des développements incontrôlés des technologies.

Nous avons donc malgré tout une responsabilité, et même une responsabilité dans la gestion de la prévention : depuis quinze jours, les climatologues disent que cela va arriver, qu’il faut vider les barrages pour leur permettre de se remplir avec les pluies, et on n’a pas vidé les barrages, donc les barrages ont débordé. Il y a de l’incurie, de l’insouciance, un manque de responsabilité et de prévision. Je pense que notre société doit vraiment réfléchir, sinon nous allons nous retrouver dans des situations qui iront de mal en pis.

C’est aussi un message de prière éclairée par le message biblique et évangélique, qui insiste justement sur la responsabilité que Dieu nous donne dans la gestion de notre terre et de notre société, et aussi sur la confiance que nous devons avoir en Lui dans la prière et dans la vie spirituelle, pour ne pas être livrés à nos seules forces et à notre seul bon vouloir. Je pense qu’il est très important de se référer à la parole de Dieu, à la prière et à la dimension spirituelle ».

Ce que je dis Jean-Pierre Delville concerne également la crise pandémique dont on souhaite qu’elle s’arrête pour que tout redevienne comme avant comme si aucune politique techno-scientifique n’en fut responsable.

Entrons en prière.

 

Jésus bon pasteur, catacombe à Rome 4e s. ?

Jésus bon pasteur, catacombe à Rome 4e s. ?

Livre du prophète Jérémie 23. 1-6 : « Je ramènerai le reste de mes brebis, je susciterai pour elles des pasteurs . »

Psaume 22 : « Le Seigneur est mon berger… Le Seigneur est mon berger : rien ne saurait me manquer.. »

Lettre de saint Paul aux Éphésiens 2. 13 à 18 : « Le Christ est notre paix : des deux, le Juif et le païen, il a fait une seule réalité »

Évangile selon saint Marc. 6. 30 à 34 : « Ils étaient comme des brebis sans berger. »

 

Observons-nous en cette période de crise sanitaire, climatique, économique, sociale … etc.

Que cherchons-nous ?

Que la vie soit comme avant ? Ne vaudrait-il pas mieux qu’il y ait de profonds changements ? Une complète révolution de nos modes de vie ? Nous voilà plongés dans un abîme de considérations pessimistes, alors que, selon notre foi en Christ, nous déclarons vivre d’espérance !

Nous savons qu’il n'est pas chrétien de penser en un avenir sans issus, complètement sombre, car le Christ ne peut que donner la victoire. Oui, c’est un véritable manque de foi et d'espérance que de douter de la qualité des temps futurs. Mais comment rester fermes dans la conviction qu'un monde meilleur n’est pas un rêve ?

Sommes-nous un peuple sans berger ?

Je crois plutôt que dans de nombreux domaines nous ne choisissons pas le bon berger. Nous nous fions plutôt à de faux maîtres.

Depuis plus de deux siècles, l'humanité actuelle est globalement sortie d'une quête religieuse. Au XIXe, naissance de l’industrie, il fallait travailler plus de 15 h par jour pour survivre. Au début du XXe, les richesses commencent à s'accumuler ; des secteurs profitant d’une main-d'œuvre étrangère peu coûteuse favorisèrent l'accroissement de la production. La machine permet de produire plus et mieux en passant moins de temps au travail. On parle de productivité. Le travailleur, qui ne faisait que travailler, devient consommateur. Il a des loisirs pour cela. Il doit acheter les produits que la machine fabrique pour garder son salaire. Aujourd'hui nous sommes en plein dans cette situation où la consommation est une conséquence inéluctable du travail.Il faut consommer pour relancer l’économie. Il faut se protéger de la covid 19 sans bloquer la croissance.

Comparons le tableau de notre quotidien que je viens de tracer avec celui que nous offre l'Évangile. Ils étaient comme des brebis sans berger... Sommes-nous sans orientation ?

 

Alors, Jésus se mit à les instruire longuement.

Sorti d’un religieux chrétien (catholique), le monde d'aujourd'hui en quête d’un spirituel très vague ne passerait-il pas son chemin devant un tel parleur qui ne propose vraiment rien de bien concret ? Ne se détournerait-il pas de ce Jésus qui ne parle ni de travail ni de voyages ni de vacances ou autres loisirs aptes à relancer l’économie ?

Je ne peux m'empêcher de penser à certaines demandes adressées à l'Église qui ne concerne pas l’Évangile, mais seulement les usages juridiques pour entrer dans les clous du droit ecclésial. Par exemple, on a besoin d’un certificat de baptême, car c'est légalement nécessaire pour être parrain ou marraine d’un enfant. Dites-moi, en quoi ce certificat va-t-il garantir que le parrainage sera vécu selon l'enseignement du Christ ?

En fait, quand je parle ainsi, je pense à celles et ceux qui sont hors de nos assemblées de prières eucharistiques. Alors, n’est-ce pas à nous ici présent d’être, sinon le Berger, du moins le reflet, le miroir de l’Unique Berger ?

Où sont-ils ceux qui sont en quête d'un Pasteur, d'un Maître ? Partout, là où nous vivons au quotidien. Pour eux, un maître existe-t-il ? Oui, car suite à mon baptême et mon adhésion à Jésus Christ eucharistique, j’en suis le reflet, l’image, l’icône.

Sont-ils sans guide, sans quelqu'un qui puisse leur donner confiance ? Non, car chacun d‘entre nous peut dire dans son engagement à la suite du Ressuscité : « je suis là comme témoin, disciple et apôtre de Jésus-Christ l’unique Berger ». Disciple missionnaire. Je parle tout simplement de notre engagement baptismal, du sacerdoce commun des fidèles.

Notre mission, aujourd'hui, est plus complexe qu'à l'époque du Christ. Il nous faut fortement montrer que nous ne sommes jamais seuls, que la production, la consommation, le travail et les loisirs ne sont que des éléments secondaires de la vie. Il nous faut montrer que des valeurs non matérielles existent. Quand nous aurons communiqué la soif du spirituel chez les gens, la soif de l’Évangile, alors ils auront l'idée de se tourner vers le Maître. Ainsi, notre mission consiste à faire sentir que nous sommes, selon l'image biblique, un troupeau et que nous avons un Berger ; nous sommes un troupeau solidaire qui couvre toute la terre, qui n'oublie aucun peuple en détresse : un troupeau qui comprend que l'humanité est une parce qu'il y a un seul Dieu. C'est ce que chantait Claude Nougaro : est-ce que ton sang serait noir et le mien blanc ? Le sang est le même pour tous. Nous sommes égaux comme deux gouttes d'eau. Cette chanson est un message biblique. Elle parle de la puissance de Dieu, de son amour éternel ; elle parle de Dieu qui nous aime. Voilà le spirituel que doit revêtir le religieux.

« On voit surtout du rouge, du rouge / Sang, sang, sans trêve ni repos / Qu’on soit, ma foi / Noir ou blanc de peau. »

Notre mission d'Église est de prouver au monde que nous ne serons pleinement hommes que si nous recevons l'amour que Dieu nous offre. Nous ne serons pleinement hommes que si nous écoutons Dieu (le Christ) pour nous rendre service les uns aux autres. La soif de spirituel sera alors suffisamment forte pour que Jésus Christ puisse être écouté longuement et attentivement lorsqu'il parle par nous. Je me répète, il parle par nous, son Église ; il parle par tous les chrétiens, les baptisés qui s’alimentent dans l’eucharistie.

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