Pour eux, la Cisjordanie c'est la Judée-Samarie et, en tant que telle, Dieu a offert ce territoire aux Juifs et ils doivent s'y installer. Vrai ?

Publié le par Michel Durand

Conséquences des frappes israéliennes dans le nord de la bande de Gaza.

Conséquences des frappes israéliennes dans le nord de la bande de Gaza.

 

Source de la photo / article à lire, site du Vatican

 

Les textes bibliques qui parlent de Dieu donnant la Terre promise au peuple élu, Israël peuvent-ils être lus et acceptés comme devant s’appliquer aujourd’hui ? Je ne le pense pas. Ce peuple élu à la suite d’Abraham, dans la visée des prophètes, dont Isaie, a reçu la mission d’informer toute l’humanité que Dieu, créateur de toutes choses, est le Dieu de tous les humains, sans distinction de races, d’ethnies, de tribus. Il est le Dieu de tous. Oui, le prophète Isaïe annonce un Dieu qui promet à son peuple sa protection, la prospérité, la justice. Il annonce la venue d’un messie, un « serviteur souffrant », Jésus, le Christ, qui incarnera la réalisation des promesses de Dieu et attirera à lui l’humanité tout entière. Le peuple juif est destiné à ouvrir à toute l’humanité le salut offert par Dieu.

Croyant en cela, l’universalisme du salut divin, j’ai du mal avec le récit du Livre des Chroniques 20, 15-17 :

Yahaziel s’écria : « Soyez attentifs, vous tous de Juda et habitants de Jérusalem, et toi, roi Josaphat ! Ainsi vous parle le Seigneur : Ne craignez pas, ne vous effrayez pas devant cette foule immense ; car ce combat n’est pas le vôtre, mais celui de Dieu. Demain, descendez vers eux ; voici qu’ils arrivent par la montée de Ciç ; vous les trouverez à l’extrémité du ravin près du désert de Yerouël. Mais là, vous n’aurez pas à combattre ; restez sur place et prenez position ; vous verrez comment le Seigneur va vous sauver. Juda et Jérusalem, ne craignez pas, ne vous effrayez pas : demain, sortez à leur rencontre, le Seigneur sera avec vous. »

Avec l’actuelle actualité, je ne peux accepter ces versets sans les passer sous le regard des exégètes. La lecture littérale est assurément erronée. Mais, si je me trompe que l’on vienne m’apporter la vérité.

Des évangélistes américains disent qu’il est heureux que tous les juifs se retrouvent dans les Terres de Sion car cela indique la fin du monde et donc le retour du Christ. La parousie.

 

Seulement, je ne pense que ces chrétiens soient dans le vrai. Et ce n’est pas la puissance de l’argent made in USA qui apportera le juste regard.

Ceci dit, je reste quand même perturbé par la vision des religieux intégristes qui disent : cette terre est notre. Dieu nous l’a donné. Et pourquoi parle-t-on d’orthodoxe ?

 

Je trouve très important cet entretien publié sur le site du Vatican

Benyamin Netanyahou a fait entrer au gouvernement les ultra-orthodoxes et le parti sioniste religieux. Comment est-ce que cela a impacté sa politique?

Charles Enderlin : Benyamin Netanyahou lui-même vient d'un mouvement nationaliste dur auquel appartenait son père. Son père était un historien connu qui a maintenu cette idéologie selon laquelle l'État d'Israël et les Juifs, sont toujours menacés par l'extérieur. C'est sa vision et c'est cela que Benjamin Netanyahou a fini par mettre en place.

Maintenant, les sionistes religieux sont les alliés de Benjamin Netanyahou, de même que les ultra-orthodoxes. Les sionistes religieux sont en faveur de la colonisation accélérée de la Cisjordanie. Pour eux, la Cisjordanie c'est la Judée-Samarie et, en tant que telle, Dieu a offert ce territoire aux Juifs et ils doivent s'y installer, aux dépens des Palestiniens.

 

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L'échec stratégique de Benyamin Netanyahou

Vingt jours après l’offensive meurtrière du Hamas au sud d’Israël, retour sur l’aveuglement stratégique du gouvernement israélien de Benyamin Netanyahou avec Charles Enderlin, correspondant de France 2 en Israël pendant 35 ans.

Entretien réalisé par Alexandra Sirgant – Cité du Vatican

En se radicalisant ces dernières années, le gouvernement israélien a délibérément fait monter en puissance le Hamas à Gaza, dans le but de rendre impossible la création d'un État palestinien. C'est ce qu'explique Charles Enderlin, ancien correspondant en Israël pour France 2, dans son dernier livre Israël. L'agonie d'une démocratie. Selon le journaliste franco-israélien, l'attaque meurtrière menée par le mouvement islamiste le 7 octobre est la conséquence tragique de l'obsession de la droite nationaliste et des fondamentalistes messianiques d'annexer la Cisjordanie, après l'échec des accords d'Oslo de 1993. Son entretien avec Radio Vatican – Vatican News à lire et à écouter ci-dessous.

Que s’est-il passé le 7 octobre 2023?

Le 7 octobre a été une surprise stratégique militaire, avec des renseignements aveugles, une frontière mal défendue et une barrière de sécurité qui a couté 1 milliards de dollars et qui a été percée en à peine dix minutes... Le gouvernement de Benyamin Netanyahou était persuadé qu’il avait suffisamment de force de dissuasion pour empêcher les Palestiniens d’envisager une offensive de grande envergure. Il pensait peut-être qu’ils n’oseraient pas, ou peut-être qu’ils n’auraient pas les moyens de le faire, mais il s’est trompé sur toute la ligne.

Comment expliquer cet échec ?

C'est un échec total pour le gouvernement de Benjamin Netanyahou, car c'est lui qui, depuis 2009, a autorisé le financement du Hamas, en passant premièrement par le Qatar, puis ensuite probablement par d'autres sources. Vous savez, régulièrement, un émissaire arrivait du Qatar dans un jet privé à l'aéroport David Ben Gourion de Tel-Aviv. Il en sortait avec des valises pleines de billets de dollars, et il était escorté par la police israélienne. Il était conduit à Gaza où il remettait l'argent au Hamas et ensuite repartait. Cela a été autorisé par Benjamin Netanyahou après son retour au pouvoir en 2009.

Quel était l’objectif derrière ce financement ? La stratégie de «diviser pour mieux régner»?

Il s'agissait en fait d’empêcher la création d'un État palestinien. Ça a été décidé d'abord en 2005 par Ariel Sharon, qui a ordonné le retrait des colonies [israéliennes] de Gaza. Ensuite, lui et son successeur ont laissé le Hamas présenter des candidats aux élections palestiniennes. En 2007, lorsque le Hamas a pris le contrôle militaire de Gaza, c'est-à-dire a pris le contrôle de toutes les positions de la police palestinienne de Mahmoud Abbas, le Premier ministre Ehud Olmert a interdit à l'armée israélienne d'intervenir.

L’idée étant que, pour qu’Israël contrôle la Cisjordanie et empêche la création d’un État palestinien, il fallait que le Hamas tienne Gaza. Et c’est ce qu’il s’est passé. Quelles que soient les guerres, les accrochages violents entre Israël et Gaza, Israël a toujours veillé à ne pas liquider la direction entière du Hamas, tout en sachant exactement où elle se trouvait.

Benyamin Netanyahou a fait entrer au gouvernement les ultra-orthodoxes et le parti sioniste religieux. Comment est-ce que cela a impacté sa politique?

Benyamin Netanyahou lui-même vient d'un mouvement nationaliste dur auquel appartenait son père. Son père était un historien connu qui a maintenu cette idéologie selon laquelle l'État d'Israël et les Juifs, sont toujours menacés par l'extérieur. C'est sa vision et c'est cela que Benjamin Netanyahou a fini par mettre en place.

Maintenant, les sionistes religieux sont les alliés de Benjamin Netanyahou, de même que les ultra-orthodoxes. Les sionistes religieux sont en faveur de la colonisation accélérée de la Cisjordanie. Pour eux, la Cisjordanie c'est la Judée-Samarie et, en tant que telle, Dieu a offert ce territoire aux Juifs et ils doivent s'y installer, aux dépens des Palestiniens.

Comment réagit la société israélienne face à ce conflit? L'Union sacrée mise en avant depuis le 7 octobre est-elle solide?

Non ! Jamais la société israélienne n'est entrée dans une guerre aussi divisée. D’abord, il y a eu un véritable chaos durant les premiers jours de cette guerre, le gouvernement n'a pas fonctionné et les mouvements prodémocratie, qui manifestaient contre le gouvernement depuis des mois, ont pris les choses en main. Ils ont créé des groupes d'intervention et ont fondé des petites salles d'opération pour diriger, par exemple, les réservistes qui doivent se rendre dans leurs unités ou encore aider les personnes qui ont été évacuées.

Tout en continuant de critiquer et de rejeter tout accord avec le gouvernement d'extrême droite religieux orthodoxe, la société civile prend aujourd’hui les choses en main pour remplacer le pouvoir là où il n'est pas capable d'aider la population.

 

 

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