Fils d’Abraham, Dieu ne nous abandonne jamais dans sa volonté de faire de nous tous un peuple fraternel. Espérons contre toute espérance.

Publié le par Michel Durand

Nativité de Barnaba da Modena (1328 ca. - 1386 ca.)

Nativité de Barnaba da Modena (1328 ca. - 1386 ca.)

 

Pénitence

Il n’y a pas de Terre Sainte.Seul est saint, Dieu-Créateur qui donna à toute l’humanité une Terre à protéger, à sauvegarder, à cultiver. Il n’y a pas de préférence nationale mais une unique humanité ayant un seul Père, Dieu créateur de toutes choses pour que vivent en frères et sœurs tous les humains. Regardons en nous-mêmes ; quel geste avons-nous posé ; quelle parole prononcée fut susceptible de contredire la sauvegarde de l’humanité, de la planète ?

 

Ton héritier sera quelqu’un de ton sang (Gn 15, 1-6 ; 21, 1-3)

Le Seigneur, c’est lui notre Dieu ; il s’est toujours souvenu de son alliance (Ps 104,)

La foi d’Abraham, de Sara et d’Isaac (He 11, 8.11-12.17-19)

L’enfant grandissait et se fortifiait, rempli de sagesse (Lc 2, 22-40)

 

La tradition liturgique, en remontant aux origines de l’histoire avec Abraham (Abram), nous invite à méditer sur la Sainte Famille.

Joseph, Marie et Jésus sont proposés à l'humanité comme modèle. La Sainte Famille devient l'exemple de toutes les familles. Est-ce vraiment le modèle que les familles  actuelles peuvent suivre ? À regarder la vie de ce couple n’est-ce pas étrange qu’il soit proposé comme modèle ?

Une jeune femme, épouse qui demeure vierge. Un époux (certaines traditions le disent âgé) qui ne connaîtra jamais son épouse ! Et un seul enfant, Jésus, dont Joseph, le père, n'est pas le père.

Joseph, du reste, se posa tellement de questions qu'il chercha à renvoyer sa compagne le plus discrètement possible. L'évangéliste Matthieu nous apprend que, pour ne pas diffamer publiquement Marie, Joseph chercha à la répudier secrètement. Mais Dieu intervient en songe auprès de Joseph pour lui faire comprendre qu'il doit garder avec lui, sans crainte, Marie, son épouse.

Joseph obéit. Marie aussi obéit. Elle suit Joseph.

Quand le moment fut venu, 8 jours après la naissance, ensemble, ils vont au Temple de Jérusalem pour accomplir le rituel de la loi juive, la circoncision. Par la suite, ensemble, ils durent quitter le pays pour l'Égypte afin d'échapper, comme le précise Matthieu, au massacre perpétué par Hérode. Ensemble, ils reviennent en Palestine pour s'installer à Nazareth dans la région de la Galilée.

L’évangéliste Luc parle largement du rituel de la circoncision qui se déroule dans le Temple de Jérusalem, le lieu le plus important de la religion juive où Dieu est présent dans le Saint des Saints. Petit enfant Jésus investit alors ce Temple. Il est là. Et alors, au lieu de se tourner vers le lieu traditionnel de la présence divine, Syméon et Anne vont vers le petit enfant Jésus et contemple en lui la délivrance de Jérusalem, la visite de Dieu. Ils sentent qu’en lui l’Esprit divin est à l’œuvre et que cet enfant Jésus sera le Sauveur de l’humanité. Je souligne : Ce Jésus, présent au temple, est pour eux, Syméon et Anne, la lumière de la Vérité qui éclate. L’unique Saint. Mais, Marie et Joseph ne comprenaient pas tout.

Famille modèle donc ?

Modèle, oui, mais plus pour l'attachement à Dieu, l’unique saint que pour une structure familiale type, telle qu'on l'entend aujourd'hui : famille pilier de la société, famille sans problème, famille où tout baigne, famille faisant face à toute éventualité.

La famille composé de Marie, Joseph et Jésus, ne domine pas la situation. Ils n'ont pas tout prévus. Ils ne comprennent pas tout.

« Le père et la mère de l’enfant s’étonnaient de ce qui était dit de lui ».

Plus tard, quand l'enfant aura douze ans et qu'il resta seul dans le Temple, sans permission, Marie dira

« Mon enfant, pourquoi as-tu agis de la sorte avec nous ? Vois, ton père et moi nous te cherchons, tout angoissé ». Jésus répondra : « Ne saviez pas qu'il me faut être chez mon Père ? » Mais eux, les parents, ne comprirent pas ».

Tant pis, ils vivent quand même.

Cette famille est sainte, modèle parce qu’entièrement ouverte à l'inattendue voulu par Dieu. Cette famille est modèle parce qu’entièrement confiante à la volonté de Dieu. Une confiance sans faille à Dieu. Que Dieu soit toujours fidèle, fait qu'ils ne peuvent pas désespérer devant l'incompréhensible qui leur arrive. Ils mettent toute leur espérance en Dieu qui conserve envers son peuple un amour et une fidélité total. Voilà pourquoi ils sont modèles. Confiance et attachement à la volonté de Dieu sur eux. Foi absolu en ce que Dieu veut pour eux et pour le monde.

Telle est la Foi d'Abraham. Ce que Dieu lui promet, une grande descendance, est impossible puisqu'il doit tuer, en sacrifice, son unique fils, Isaac, né d’une vieille femme stérile. Abraham se prépare quand même à agir. Il fait confiance. Dieu ne peut pas se tromper. Tant pis si je ne comprend pas, se dit-il. J’attendrais. Dieu agira.

Foi de Syméon. Il a longtemps attendu, puis il a vu et reconnu le Seigneur Dieu dans l'enfant qui était présenté au temple.

Foi d'Anne. qui a longtemps prié, jeûner et qui a enfin vu celui qui allait libérer Jérusalem, symbole de toutes les villes de la terre.

Disant cela, je pense aux drames que subissent actuellement de nombreuses familles exterminées par une guerre que certains qualifient de sainte, voulue par Dieu.

Comment appliquer cet enseignement dans notre vie ?

Puisque nous voyons en Marie et Joseph, le modèle de la sainteté, nous devons les imiter, mettre en pratique dans notre vie ce qu'ils enseignent.

Quelle que soient les turbulences vécues, nous gardons confiance en Dieu. Dans son immense fidélité à notre égard, il ne peut nous décevoir. Même quand on est totalement dépassé par les événements gardons notre confiance en Dieu, jusqu'au bout. C'est par notre foi, notre attachement à Dieu que le monde verra en nous des disciples du Christ et que la Bonne Nouvelle de libération de l'humanité sera effective. Il me semble, même si cela est trop vite dit, que c'est avec cet état d'esprit que nous devons lire et interpréter les événements qui durent au Proche Orient, en Europe, sans oublier les autres pays. Dieu qui a soucis de son peuple nous demande d’agir pour que l'amour fraternel universel soit rétabli. Fils d’Abraham, jamais il ne nous abandonne dans sa volonté de faire de nous tous un peuple de frères et sœurs. Espérons contre toute espérance (Rm 4,8).

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article