Action diplomatique : ne doit-on interroger les décideurs que quand, en dialogue avec eux, on est certain d’obtenir une réponse favorable ?

Publié le par Michel Durand

 Action diplomatique : ne doit-on interroger les décideurs que quand, en dialogue avec eux, on est certain d’obtenir une réponse favorable ?

Je pense à la rédaction du prochain tract des cercles de silence à Lyon. Elle est soumise à l’approbation des participants. Cela fait maintenant 17 années que cette forme non violente d’appel à la conscience de tous - des élus, des gouvernants comme des citoyens - fut lancée et se maintient régulèrent de mois en mois dans de nombreuses villes.

Voir, ci-dessous, la dernière lettre des cercles de silence de 2023 (fichier PDF).

Michel Girard communique à ce sujet un texte de Arundhati Roy, jeune romancière indienne ; texte que je trouve bienvenu en ce début d’année marqué par l’angoisse des guerres, alors que l’on se demande que faire ? pour que le monde change :

Est-ce utopique, folie, impossible
Que de vouloir que tous les êtres humains
Soient égaux en droit et en dignité
Et que les étrangers soient considérés comme des frères ?

Est-ce utopique, folie, impossible
Que de vouloir que chaque être humain
Mange, soit logé, aille à l’école, ait un travail ?

Est-ce utopique, folie, impossible
Que de vouloir que les maladies soient éradiquées
Que l’accès à l’eau soit un droit pour tous ?

Est-ce utopique, folie, impossible
Que de vouloir que les femmes et les enfants
Ne sautent plus sur des mines anti-personnelles ?

Est-ce utopique, folie, impossible
Que la force, la guerre et l’argent
Ne soient plus des instruments de domination et d’exploitation ?

Alors ? si on me traite d’utopiste, j’assume et j’en suis fier
Fier d’être parmi ces milliers de fous qui peuplent l’univers
Et qui croient qu’un autre monde est possible, indispensable !

Un autre monde où la vie d’une seule personne
Vaudra plus que tout l’or du monde
Car ce monde, chaque personne de ce monde,
Dieu les habite. Il en est le Père !

Beaucoup d’entre nous ne serons plus là pour assister à son avènement
Mais quand tout est calme, si je prête une oreille attentive,
Je l’entends respirer.

 

À l’issue de l’eucharistie de dimanche un paroissien me demandait : « Est-ce qu'une lettre aux autorités Orthodoxes Russes en France et aux autorités Juives en France pourrait amorcer une détente de la pression guerrière sur les civils en Ukraine et à Gaza ...., en invoquant la table des lois de Moïse ? » Je n’ai pas su quoi répondre.

Une voix plus assurée, aurait pu dire ce que j’ai lu dans un courriel à propos de cette même question : « On aimerait, en effet, que les autorités orthodoxes russes ( en France ou ailleurs )  et les autorités juives ( en France ou ailleurs ) en appellent à la protection des civils ukrainiens comme palestiniens. Mais force est de constater que ces autorités religieuses sont parmi les premiers soutiens aux politiques de guerre totale... au nom de la justice et de la paix. Les unes et les autres considèrent que la Russie et Israël mènent des guerres justes, et que plus radicale sera la guerre, plus vite elle pourra finir et aboutir à des chances de longue paix... Des lettres à ces autorités, quels qu'en soient les signataires, n'auraient aucun impact... hélas ! »

Je me suis toujours interrogé sur l’efficacité des cercles de silence. Tout observateur pourrait bien conclure à leur inefficacité. 17 années après la tenue du premier cercle de silence en France, à Toulouse précisément, le situation des exilés, des émigrés, des réfugiés ne s’est pas améliorée. Avec la loi immigration elle risque même d’être pire.

Alors je pose la question : ne doit-on interroger les décideurs que quand, en étant en dialogue avec eux, on est certain d’obtenir une réponse favorable ? Action du diplomate qui n’a rien à voir avec la revendication de citoyens au milieu d’une place publique. Les cercles de silence, dans leur optique revendicative, sont-ils vraiment inutiles, assurément inaudibles. Oui, affirment certains. Mais, il se trouve que je n’arrive pas à suivre la position de ces personnes qui se prononcent à juste titre comme vraiment bien informées, documentés ; les bons résultats qu’ils rencontrent le prouvent.

 

 

Voix qui crient dans le désert ! Et ? En absence de cris, que dirait ma conscience ? N’est-ce pas cette dernière qui nous force à encore tenir des cercles de silence jugés comme dérisoires, politiquement inefficaces. Telle fut la conclusion d’une récente concertation sur la tenue des cercles de silence à Lyon. S’arrêter ? Notre conscience nous le reprocherait.

De fait, cette interrogation ne date pas d’aujourd’hui. La sérieuse mémoire d’internet m’a donné à lire cette page de Lyon capitale : « Sans papiers : le prêtre qui désobéit », 3 octobre 2007.

 

En certains cas, la désobéissance civile n’est-elle pas, devant la surdité du grand nombre, l’unique chemin d’une vérité à obtenir ? La force de l’action. non-violente n’est-elle ce qui manifestera la vérité ? Je me rappelle les premières manifestations non-violentes (sit-in et marche) que j’ai vécu à Rome ; nous étions très nombreux, séminaristes, religieuses, religieux avec Roger Schtuz à propos du Biafra (Juin 1968 ?). Quand les décideurs politiques demeurent aveugles et sourds, n’y a-t-il pas des grèves générales, qui, bloquant l’économisme, le capitalisme productiviste, etc…, ouvrent les portes de la juste position ?…

En ce jour, je reconnais que je n’ai pas eu l’intelligence de rencontrer la bonne situation, le bon dialogue qui me permette de répondre à ce questionnement. Dans l’Institution Église avec quelle instance officielle aurai-je pu réfléchir ? Je n’ai pas su ouvrir les portes qui, assurément, devaient, doivent exister.

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article