Suivre la tendance à l'éveil, à l'éducation et au soutien de la foi des chrétiens qui doivent s'engager pour transformer le monde dont on est responsable

Publié le par Michel Durand

l'église ne peut être qu'un patrimoine historique

l'église ne peut être qu'un patrimoine historique

Le regard de l’historien universitaire -exigence scientifique- à ce jour m’apparait indispensable. Cette idée me vient alors que je lis l’ouvrage d’Oliver Chatelan : Des allers sans retours ? Les prêtres français en Amérique Latine, édité par le Laboratoire de Recherche Historique Rhône-Alpes, 2023. Cette approche historique, scientifique, protège de toutes formes d’apologétique.

J’avais déjà eu cette idée à l’occasion de la conférence donnée par Paul Chopelin au Prado en 2016.

C’est à cette rencontre/conférence que j’ai rencontré Olivier Chatelan. En lire plus ici.

Dans l’échange à la suite de l’exposé de l’historien, je remarquais que nous, pradosiens, avions de la difficulté à accepter le regard parfois peu complaisant du scientifique sur le clergé. Le XIXe siècle a été ce qu’il fut et l’Église ce qu’elle était. On ne peut gommer ce qui, aujourd’hui, nous déplait. La rigueur historique protège de toute forme d’apologie. L’Église donne cette définition de l’apologie : « Discours ou écrit destiné à convaincre de la justesse de quelque chose, à assurer la défense de quelqu’un, de quelque chose. » Le Robert : « Discours, écrit visant à défendre, à justifier et par extension à louer une personne, une doctrine. »

J’imagine que les responsables du Prado, après avoir vécu le colloque concernant la famille pradosienne, sont entièrement disposés à assumer les exigences des historiens pour entreprendre une juste compréhension de l’Église à venir. Quel est, pour ce premier quart de XXIe siècle, le visage de l’Église ? Afin de répondre à cette question, j’invite à se glisser dans l’étude d’Olivier Chatelan

Voir aussi ici.

 

Mais en ce qui me concerne ?

Je ne peux qu’avouer que, de plus en plus, je me positionne dans une vaste révision de vie, une révision de toute l’existence. Effectivement, je suis invité à cela par le travail de Goulven Jézéquel, les 250 pages d’entretien qu’il a rédigé sous le titre (sauf changement) : Michel Durand, un prêtre au travail pour le XXIe siècle. Ce regard en arrière a assurément été orienté par mon désir de reprendre « mon journal d’adolescent »

 

L’idée centrale, me semble-t-il, est de sonder l’appel de Dieu. On parle de vocation. Mais sommes-nous vraiment appelés ? N’est-ce pas plutôt mon chemin personnel que j’ai suivi ? Jésus disait : « Car je suis descendu du ciel pour faire non pas ma volonté, mais la volonté de Celui qui m’a envoyé. »

Pour accomplir la volonté de Dieu dans un monde qui change, il importe de connaître, de comprendre ce monde. Il convient d’appréhender la société dans laquelle nous vivons telle qu’elle est, sans vouloir qu’elle soit ce que nous aimerions qu’elle soit. Qu’en est-il vraiment dans nos comportements de disciples missionnaires pradosiens ?

 

Bref historique

Dans les années 1930, l’action catholique commence à voir le jour et à s’implanter dans toutes les Églises. C’est la jeunesse ouvrière chrétienne, crée en 1925, qui, dans le catholicisme sociale, en constitua un exemple célèbre. L’action catholique se présente alors comme une volonté de sortir de l’enfermement paroissiale qui ne rencontre que des chrétiens. Ce courant se développa parfois trop en dehors des paroisses. Que reste-t-il actuellement de l’Action catholique ? Il me semble que le Mouvement des cadres chrétiens (MCC) soit le plus vivant, le plus actif. Et c’est avec CVX (Communauté de Vie Chrétienne) que l’on observe le plus de dynamisme au sein des laïcs chrétiens.

À l’issue de la deuxième guerre mondiale, le mouvement des prêtres ouvriers s’enracina dans le profil ecclésiale. Il connu de nombreuses difficultés avec l’autorité de l’Église.

L’influence de la Communauté de Taizé se développe rapidement dans les années 1960.

Le renouveau charismatique toucha l’Église catholique de France dans les années 1970. Toute expression religieuse ne passe-t-elle pas actuelle sous la forme de la louange ?

Cette petite liste (incomplète) donne à voir qu’en arrière fond, le tissus paroissiale demeure. La vie interne des chrétiens se réalise dans l’église paroissiale. C’est de là que les chrétiens sont invités à se rendre dans le monde. On parle beaucoup aujourd’hui de disciples-missionnaires. Or, je pose la question : les chrétiens se sentent-ils vraiment invités à se rendre dans la monde pour y apporter et vivre l’Évangile ou sont-ils convoqués à se rendre dans l’église, la maison paroissiale pour répondre aux demandes cultuelles ?.

On parle désormais de Kérygme : « La démarche Kerygma est un processus d’évangélisation, lancé à l’invitation du pape François à fonder toute activité d’évangélisation sur le kérygme (La joie de l’Évangile, 2013) et initiée par le Conseil pour la Catéchèse et le Catéchuménat (CCC). Elle vise à mettre en lumière la nécessité d’une annonce kérygmatique dans toutes les pastorales car toutes sont au service de la nouvelle évangélisation. Car chaque baptisé est disciple-missionnaire ».

 

Je terminerai ce rapide panorama en disant ce que j’ai vécu. La mission en aumônerie étudiante dans les années 1970-1990 est vécue en petits groupes répartis auprès des universités. Equipes de réflexion et de prière. Autour de 2000, furent privilégiés les très grands rassemblements.

La Pastorale des Réalités du Tourisme et des loisirs (PRTL) visait à rencontrer les visiteurs en partant de leur attente. Il n’est pas question de voir dans des touristes d’éventuels pèlerins. Mais que, au moins, ces voyageurs comprennent ce qu’ils admirent. Ce fut la naissance des cours « art et bible ». Actuellement, dans le diocèse de Lyon, ce service pastorale n’existe plus. Je ressens cette absence comme étant le signe d’un repliement sur l’interne de l’Église, le culte.

Olivier Chatelan dans son étude sur « les prêtres français en Amérique latine » (p. 267) exprime bien ce que je ressens : « Chaque comité national est invité à se positionner sur l'une des quatre « attitudes pastorales possibles » identifiées par les secrétaires : une tendance ministérielle traditionnelle (distribution des sacrements) ; une tendance caritative ; une tendance à l'engagement direct des prêtres dans le temporel ; une tendance à l'éveil, à l'éducation et au soutien de la foi des chrétiens qui doivent s'engager pour transformer le monde dont ils sont responsables. À l'unanimité les quatre organismes nationaux sont d'accord pour donner la priorité, sans exclusive, à cette dernière orientation. » Disons également que je ne suis pas opposé à l’engagement des prêtes dans le temporel, le siècle ; mais cela ne sera qu’un engagement second qui pourra devenir nécessaire quand le prêtre n’aura plus de quoi vivre avec le culte. « Restez dans cette maison, mangeant et buvant ce que l’on vous sert ; car l’ouvrier mérite son salaire. » Lc 10,7)

 

Que Conclure ?

En 2024 que disent les sciences de l’Histoire sur ce qui est observé dans le mode d'être des membres de l’Église ? La présence dans le sein de l’Église est indispensable pour communier à Dieu, au Christ afin de porter au monde la saveur et le force de l’Évangile. Porte du mystérieux Paradis. Mais ne faut-il pas vivre au milieu du siècle, des gens pour donner à lire la Bonne Nouvelle ?

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