L’appel à la conscience des citoyens se porte sur deux fronts : celui des frontières extérieures à l’Europe, celui de notre voisinage

Publié le par Michel Durand

L'immigration coûte à l'Italie 1 milliard d'euros ;  Lyon cercle de silence de mars 2016
L'immigration coûte à l'Italie 1 milliard d'euros ;  Lyon cercle de silence de mars 2016L'immigration coûte à l'Italie 1 milliard d'euros ;  Lyon cercle de silence de mars 2016
L'immigration coûte à l'Italie 1 milliard d'euros ;  Lyon cercle de silence de mars 2016L'immigration coûte à l'Italie 1 milliard d'euros ;  Lyon cercle de silence de mars 2016

L'immigration coûte à l'Italie 1 milliard d'euros ; Lyon cercle de silence de mars 2016

Source de la photo : lire l'article du 19 février 2015

 

Hier vers 18 h 30, au cours du Cercle de silence d’avril, place des Terreaux à Lyon, j’ai eu un agréable échange avec un homme d’une quarantaine d’années. Il m’avouait ne pas lire ou écouter les informations quotidiennes, donc n’avoir pas connaissance des problèmes rencontrés par les migrants. Il nous avait déjà repérés place des Terreaux. Aujourd’hui il a voulu en savoir plus. Ses questions : quelle est votre efficacité ? À quoi ça sert ? À qui vous vous adressez ? – Aux décideurs, aux gouvernants, mais aussi à toute la population, à tous les citoyens.

Certes, je n’ai pu taire ce qui me préoccupe : plus les années passent, plus le non-accueil des réfugiés se fait sentir. Aujourd’hui, non seulement nous devons œuvrer pour qu’à notre porte le migrant soit bien accueilli, qu’il ait un logement, que son dossier de demandeur d’asile soit considéré, pour qu’il trouve de l’aide en cas de refus, mais aussi que nous portions attention aux violences et négations des droits humains subis aux frontières de l’Europe. Nous dénonçons l’argent reçu de l’Angleterre pour maintenir les réfugiés à Calais ; nous dénonçons l’argent donné à la Turquie pour bloquer les migrants à l’extérieur de la frontière européenne. Nous en appelons à la conscience des décideurs pour qu’ils respectent les droits humains (ce qu’ils ne font pas), et à la conscience des citoyens pour qu’ils exigent plus d’humanité et moins d’économisme de la part des États européens. Le citoyen peut au moins agir par son vote. Il peut montrer qu’il accepte de vivre autrement, plus sobrement, avec moins de privilèges ancestraux tout simplement pour que celles et ceux qui vivent dans la guerre ou la misère économique puissent tout simplement vivre. J’explique à cet homme que les membres des Cercles de silence, partout dans de nombreuses villes de France, agissent également très concrètement au bénéfice des migrants. Quand il n’y a pas par les pouvoirs publics de solution de logement, ils reçoivent chez eux. C’est donc logique qu’ils en appellent à la conscience de tous pour que les gouvernants ouvrent les logements vacants. J’explique alors que nous avons signé une lettre au préfet demandant que soit mis en œuvre le droit de réquisition des logements. Habitant dans le quartier du 1er arrondissement, il connaît les immeubles vides, y compris au moins une école et me dit effectivement comprendre que l’on puisse agir pour que les Européens montrent plus de solidarité. Mais le silence. Pourquoi rester en silence. Une heure ! Sans crier de slogans. Ma réponse : Tout le monde connaît les problèmes que rencontrent les réfugiés. Les chefs d’État savent tout. S’ils n’agissent pas, c’est parce qu’ils veulent conserver leurs avantages. Il y a un refus politique de partager, d’être solidaire, juste. La devise de la France : liberté, égalité, fraternité sont volontairement oubliées. Tout le monde sait cela. Nous voulons le dire, dans un climat de non-violence, par le silence qui interroge la conscience humaine en son plus profond. Ceci dit, cela ne nous empêche pas de participer à d’autres manifestations où ce qui doit être exigé l’ait avec la force des cris. Surtout, avec notre mensuelle action silencieuse, il y a les engagements au quotidien pour vivre un accueil sérieux, un accompagnement soutenu avec les réfugiés qui vivent près de nous. Se rendre, par exemple sur le site de la Coordination Urgence Migrants, pour voir concrètement tout ce qui est fait.

L’homme m’a enfin dit sa satisfaction de mieux comprendre notre action. Il ignorait que le problème était si urgent et si inhumainement abordé. Il semble avoir pris conscience qu’il ne pouvait plus ignorer ce qui se joue ici, dans cette ville, à Calais et aux frontières de l’Europe.

À propos des réquisitions des immeubles vides, je copie, ci-dessous, la lettre envoyée à la Préfecture.

Coordination Urgence Migrants
à  Préfecture Région Auvergne-Rhône-Alpes
Monsieur Michel DELPUECH, Préfet, 69 419 Lyon Cedex 3 - Lyon, le 1er avril 2016
Lettre Recommandée avec Accusé de Réception
Objet : Demande de réquisition d’un bâtiment avec désignation d’un attributaire

Monsieur le Préfet,

Au nom de la Coordination Urgence Migrants - Grand Lyon (CUM) dont je suis Président, j’ai l’honneur de vous soumettre, ainsi qu’à Monsieur Gérard COLLOMB, Président de la Métropole de Lyon, et Monsieur Michel LE FAOU, Vice-Président de la Métropole de Lyon, la demande de réquisition d’un bâtiment avec désignation d’un attributaire, en application des articles L.642-1 et suivants du Code de la Construction et de l’Habitat, en référence à la loi n°98-657 du 29 juillet 1998 d’orientation relative à la lutte contre les exclusions.

Avec l’ensemble des associations, collectifs et individus regroupés au sein de la CUM, nous constatons en effet qu’il existe un taux important de logements et de locaux vides alors que de très nombreuses personnes et familles, avec lesquelles nous sommes en relation au quotidien, sont encore à la rue, sans hébergement, malgré les demandes persistantes qui sont faites auprès des services concernés (Maison de la Veille Sociale, organismes d’habitat social, etc…).

Parmi les logements et locaux vides que nous avons repérés sur le Grand Lyon, un certain nombre appartiennent à des personnes morales et rentrent donc parfaitement dans le champ des articles de loi évoqués ci-dessus.

Nous vous soumettons aujourd’hui la demande de réquisition pour le bâtiment situé au 30/32/34 rue Léon Bourgeois à BRON (69 500), parcelles cadastrées section E n°352,353 et 390.

Selon nos renseignements et nos vérifications, cet immeuble appartient aujourd’hui à France Domaine et se trouve totalement désaffecté puisqu’il est en vente depuis plusieurs années. Une vente aux enchères a même été organisée, sans résultat, le 29 juin 2013. Actuellement, ce bien est donc officiellement « à vendre », mais sans acquéreur.

D’autre part, nous avons pu vérifier que les caractéristiques du bâtiment telles qu’elles sont décrites dans les documents que nous avons pu consulter sont conformes aux règles de salubrité définies dans le règlement sanitaire. Le site des cessions immobilières de l’État décrit même le lieu comme « un ensemble immobilier pouvant accueillir un petit habitat collectif ».

Enfin, conformément à la procédure de réquisition avec attributaire citée plus haut, nous vous informons que nous avons déjà pris contact avec plusieurs associations lyonnaises agréées dont l’objet est de contribuer au logement des personnes défavorisées :

·  association ALYNEA, représentée par son président François THEVENIEAU

·  association ASLIM, représentée par son président Christian BEL LATOUR

·  association Le MAS, représentée par sa Présidente Michèle LASCOTAS

Chacune de ces associations a répondu favorablement à notre sollicitation pour être attributaire si le Préfet donne son accord pour leur confier cette mission dans l’éventualité d’une réquisition décidée par la Préfecture.

Nous restons à votre entière disposition,

Soyez assuré Monsieur le Préfet, de toute notre considération,

José RIGO, Président, Coordination Urgence Migrants

 

Associations et collectifs participants à la Coordination Urgence Migrants, signataires :

Antenne Sociale –Lyon ; AMILP ; ASSEDA ; ATD - Quart Monde ; Cercle de Silence ; CLASSES ; CCFD-Terre Solidaire ; Foyer Protestant Duchère ; JRS Welcome ; La Cimade ; LDH ; RESF ; Secours Catholique

 

Copies à :

·  Monsieur Gérard COLLOMB, Président de la Métropole de Lyon / Grand Lyon.
·  Monsieur Michel LE FAOU, Vice-Président de la Métropole de Lyon, (Urbanisme / Habitat / Cadre de Vie).
·  Monsieur Jean-Michel LONGUEVAL, Maire de Bron.

Publié dans Politique

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