Travail, travail, travail, travail, travail

Publié le par Michel Durand

napoleon.jpgMes rêves sont sans aucun doute excessifs, mais ils sont là, tenaces. Voyant que nous n’étions plus en régime parlementaire, où pouvoir et contre-pouvoir s’équilibrent grâce à un fructueux débat démocratique, je me suis mis à douter de la réalité du régime présidentiel qui semble bien pourtant être celui de la France depuis la présidence de Nicolas Sarkozy. C’était peut-être comme cela depuis longtemps. Seulement, je ne l’avais pas vu ou pas senti. Il est vrai que je n‘ai pas une intelligence politique très fine.
Je me souviens de la colère d’un prêtre à l’avènement de la cinquième république. Pour ce dernier, le régime présidentiel aurait détruit la démocratie. Ce n’est que maintenant que je prends conscience de la justesse de son discernement. Pourtant, sommes-nous vraiment en régime présidentiel ? N’y a-t-il pas quelque part une outrance qui ferait qu’il y a plus qu’un pouvoir de président ?
Il m’est venu à l’idée que N. S. montrait des ressemblances avec Napoléon, un Seigneur, lui aussi. Ne serions-nous pas, en effet, sous un régime impérial ? Dynamisme, vitalité, puissance de travail… un homme qui dicte dans le même instant plusieurs lettres à ses différents secrétaires.
Travailler, travailler ! Voilà le retour de la valeur essentielle de l’existence !
J’ai donc tout à fait conscience que mes réflexions sur le repos, la contemplation, les loisirs sont ringardes à l’écoute de cette volonté de produire des richesses. La France est pauvre, il faut la redresser. Retroussons nos manches.

Travail, famille, patrie. Travail, autorité, responsabilité.

Bizarre, mais je n’arrive pas à prendre ces exhortations au sérieux. Pourtant, autour de moi, tous semblent les applaudir tout en rêvant d’un surcroît de travail qui augmenterait leur pouvoir d’achat. Serait-ce que je ne suis pas sensible à la voix de l’empereur qui se fait séductrice au point que la vraie réalité : la pauvreté de ses voisins ou des pays lointains n’est plus perçue ? Pour partager avec eux, il me faut accepter un certain appauvrissement ; ce qui ne signifie pas tomber dans la misère.
Bref, croire aujourd’hui que la vraie utopie (au sens d’illusion) soit le travail permanent n’est plus de mise. On pense même étrange qu’il puisse y avoir encore des anciens de 68 à penser de la sorte.

Pas un seul jour sans que les médias nous parlent d’un Sarko poussant au travail.

Question du « Figaro » (31 janvier 2007) à M. Sarkozy :

Le Figaro : Vous parliez des valeurs de la droite. Quelles sont-elles ?
Rep de N.S. : Au premier rang, je mettrai la valeur travail dont l’oubli résume à mes yeux toute la crise morale française. Le travail a été délaissé par la droite et trahi par la gauche. Les socialistes ne parlent plus des travailleurs, c’est un signe. Je veux être le candidat du travail. C’est ma cohérence et le ciment de mon projet. La deuxième valeur, c’est le respect. L’erreur de mai 68, c’est d’avoir pensé faire le bonheur de l’élève en le considérant comme l’égal du maître. Or, si l’élève a vocation à dépasser le maître, il doit respecter son autorité. Enfin, il y a la valeur de responsabilité. Je considère qu’il n’existe pas de droit sans devoir en contrepartie. Je demande que nul ne puisse refuser plus de deux offres d’emploi qui correspondent à sa qualification. Je demande aussi qu’il n’y ait pas de minimum social sans une obligation d’activité en contrepartie.

Petit éloge du travail


N.S.
Moi, je propose de gagner plus. ..
Moi, je le dis très simplement: je veux que les 35 heures soient un minimum, pas un maximum.

Je suis libéral, mais je refuse la caricature du libéralisme. J’ai dit que le capitalisme doit respecter une éthique. Je ne transigerai pas là-dessus. Que les chefs d’entreprises aient des gros salaires, c’est normal, car c’est la contrepartie d’un risque. Mais les « golden parachute » me choquent. Je crois que c’est le travail qui crée le travail. Je veux autoriser les gens à s’affranchir des 35 heures, à cumuler retraite et travail à temps partiel. Je veux que les patrimoines s’investissent en France, je veux qu’on développe le capitalisme familial, par exemple en défiscalisant la cotisation à l’ISF de ceux qui investiront dans les petites entreprises.

Je veux relancer la croissance en libérant le travail. Pourquoi la France, depuis quinze ans a-t-elle 1% de croissance en moins que les pays comparables ? Parce que l’on ne travaille pas assez.


Et le 20/06/2007 : "je propose à la majorité présidentielle le choix suivant : politique sociale, le travail, politique éducative, le travail, politique économique, le travail, politique fiscale, le travail, politique de concurrence, le travail, politique commerciale, le travail, politique de l'immigration, le travail, politique monétaire, politique budgétaire, le travail", a-t-il dit. ". "Je vous propose de faire comme politique celle du travail".
Travail, travail, travail.
À quand le temps du repos et de la contemplation pour admirer les fruits de son travail ?
A quand le partage de son temps de travail pour gagner moins afin de partager avec celui qui ne travaille pas ?
Redonner aux Français "le goût de l'effort, du travail et de la réussite".
Remettre le travail au goût du jour.
ETC…

Je m’arrête. Je me repose. Je réfléchis…
Revoilà mon rêve : j’aperçois, au pied de mon lit, un homme en bicorne qui, avec la solennité décontractée des empereurs du XXIe siècle, accompagnée d’une sauce américaine, m’exhorte à encore plus de travail.

Publié dans Politique

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