Travail et temps libre ; au-delà de l'utopie du travail, le temps libre

Publié le par Michel Durand

Comme je l'ai indiqué précédemment, dans cette catégorie "anthropologie", je donne diverses réflexions sur le sens, ou non sens, du travail. Textes qui me semblent d'une grande importance alors qu'on veut augmenter la durée du travail salarié tout en critiquant "mai 68".

Je dois mettre un terme à cette "relation" du colloque, Travail et temps libre. Il y a trop longtemps que je vous en parle. Ecoutant d'une oreille (parfois distraite) les informations, je ne peux que reconnaitre le décalage immense entre  nos paroles et ce qui se dit aujourd'hui. J'en reparlerai.

Conclusion du colloque par Paul Moreau :

jeunebanlieue4-copie-1.jpgEduquer au sens de la vie

En somme, c’est comme si aujourd’hui, dans notre monde, la seule raison de vivre, c’était ce qui n’est en réalité qu’un moyen de vivre. Vous connaissez ce mot fameux de Juvénal : “il ne faut pas pour vivre perdre les raisons de vivre”. Il semblerait qu’aujourd’hui nous en soyons là ; à cette forme de perversion où nous cherchons à acquérir absolument les moyens de vivre, en oubliant ce qu’est vivre et le sens de la vie. Pour terminer, une boutade que vous connaissez certainement tous. Vous avez tous entendu parler du livre de Wiliam Forrester “L’horreur économique”. J’ai trouvé quelque chose d’extraordinaire : c’est une réflexion sur les jeunes des banlieues. Paradoxe à faire hurler tous les politiques, tous les élus, tous ceux qui cherchent à adapter la formation scolaire aux populations en fonction de leur histoire, de leur contexte, etc. Nous tous disons : mais si ces jeunes des banlieues sont ce qu’ils sont, c’est qu’on n’a pas su les éduquer correctement, on ne leur a pas donné la formation scolaire qui était convenable par rapport à leur vocation, par rapport à leur histoire, par rapport à leur trajectoire. Regardez : ces jeunes ne savent rien faire. Puisqu’ils ne savent rien faire ils ne peuvent pas travailler. Forrester dit : pour eux la voie des emplois se ferme ; l’enseignement pourrait au moins se donner pour but d’offrir à ces générations charnières une culture qui donnerait du sens à leur présence au monde, à leur simple présence humaine. Parce que ces jeunes n’ont rien, on leur retire tout ; ces jeunes que l’on va envoyer d’emblée dans les filières techniques quand on sait très bien que par leur étroitesse elles ne conviendront plus dans quelques années. On leur retire tout, et d’abord ce qui paraît gratuit, d’un luxe inutile, et qui touche au culturel, à savoir ce qui demeure du domaine de l’humain. Le seul pour lequel ces groupes, en nombre incommensurable, bannis du monde économique, ont encore vocation.

On évoquait tout à l’heure la possibilité que des jeunes des banlieues puissent néanmoins faire preuve d’invention pour s’intégrer dans la société. Si c’est le cas, qu’est-ce que l’éducation pourrait faire pour les aider à nourrir cette capacité d’invention ? Sans reproduire certains modèles culturels qui ne leur conviendraient pas, ne pourrait-on pas reprendre très au sérieux une éducation qui donne véritablement à réfléchir sur le sens de l’existence et sur la façon dont on peut, dans les plus grandes difficultés, vivre encore ?

Et je dirais que c’est un but pour l’éducation du citoyen en général. Si le citoyen est celui qui est en mesure de résister devant des situations difficiles, je ne pense pas qu’aujourd’hui nous soyons véritablement en mesure de réagir devant des situations comme celles qu’ont connues nos pères. Il s’agit finalement du sens de la vie, il s’agit de l’honneur, il s’agit de l’essentiel en somme.


Publié dans Anthropologie

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O
Suivant avec interêt vos remarques et observations sur la politique actuelle, je ne peux que vous conseiller cette pétition:http://tmp.sauvonslarecherche.fr/spip.php?article1625
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M
Non au contrôle génétique de l’immigration. Merci de nous avoir communiqué cette information.  Signons la pétition.