L'effondrement d'une économie sans base éthique. La fin du capitalisme

Publié le par Michel Durand

« L'Eglise a le devoir de dénoncer les erreurs fondamentales que révèle aujourd'hui l'écroulement des grandes banques américaines. La cupidité humaine est une idolâtrie qui va contre le vrai Dieu et contrefait l'image de Dieu à travers un autre dieu, Mammon. Nous devons les dénoncer avec courage mais aussi avec pragmatisme, parce que les grands appels à la morale sont inutiles s'ils ne s'appuient pas sur la connaissance de la réalité, qui aide aussi à comprendre ce que l'on peut faire concrètement. L'Eglise dénonce depuis toujours ce qui est mal mais elle montre aussi les chemins qui mènent à la justice, à la charité, à la conversion des cœurs. Même en économie la justice ne se construit que s'il y a des justes. Et ils se forment par la conversion des cœurs ».

Ce n'est pas Jacques Ellul qui a écrit cela dans les années 70, mais le théologien Ratzinger, répondant à un prêtre de Rome, le 26 février 2009. Ratzinger dont on ne connaît qu'une seule conférence sur l'économie prononcée en 1985 sous l'intitulé : « Market economy and ethics ».

Je tiens cette information du journaliste italien Sandro Magister, l'observateur aguerri du Vatican qui depuis très longtemps décrypte chaque semaine l'actualité de l'Eglise et des papes sur son site "Chiesa", traduit en quatre langues. Ce vaticaniste écrit pour l'hebdomadaire italien de centre gauche l'Espresso. Selon Céline Hoyeau de La Croix (15/04/09), il a l'art de mettre en perspective les textes et les décisions du pape à l'aide de documents plus anciens ou d'événements souvent méconnus.

L'événement qui m'intéresse ici est un article publié par « Il Regno » dans le N° 10 de 2009 où son auteur, Ernst-Wolfgang Böckenförde, un intellectuel allemand, demande à la doctrine sociale de l'Eglise de se réveiller de son "sommeil de Belle au Bois Dormant" et de se consacrer à une "contestation radicale" du capitalisme que rend indispensable l'actuel "effondrement évident" de celui-ci.

Ernst-Wolfgang Böckenförde est un catholique, philosophe, éminent spécialiste de la politique que Ratzinger a toujours lu avec intérêt et estime. En 1967, dans un essai qui avait marqué les esprits, il avait présenté ce que l'on a appelé depuis "le paradoxe de Böckenförde", selon lequel "l'Etat libéral sécularisé vit de présupposés qu'il ne peut pas garantir".

Cet auteur demande donc de renverser le capitalisme depuis ses bases car Marx a vu juste.

 

RENVERSER LE CAPITALISME DEPUIS SES BASES

 

De quoi souffre donc le capitalisme? Pas seulement de ses excès et de l'avidité et de l'égoïsme des hommes qui y opèrent. Il souffre de son point de départ, de son principe fonctionnel et de la force qui crée le système. Il est donc impossible de guérir cette maladie par des remèdes marginaux; on ne peut la guérir qu'en changeant le point de départ.

 

« L'organisation de la nature voulue par Dieu, les biens terrestres sont prévus pour la satisfaction des besoins de tous les hommes ». Reprenant l'orientation théologique de St Thomas, il rappelle que « la propriété privée des individus n'existe que dans le cadre de cette destination universelle et lui est subordonnée. ». Ainsi, en cas d'extrême nécessité ; le vol n'et pas un péché.

Solidarité :

« On voit apparaître ici un modèle contraire au capitalisme. Un modèle qui part d'autres principes fondamentaux et démasque ainsi le caractère inhumain du capitalisme. La solidarité n'apparaît plus comme une réparation, pour bloquer et compenser les conséquences nuisibles d'un individualisme débridé en matière de propriété, mais comme un principe structurant de la coexistence humaine y compris dans le domaine économique. »

 

Désormais, Marx n'étant plus, c'est l'heure de l'Eglise.

« Longtemps cette doctrine sociale de l'Eglise a eu une attitude plutôt défensive vis-à-vis du capitalisme dont les indiscutables succès l'impressionnaient. Elle l'a critiqué sur des points spécifiques au lieu de le mettre en discussion en tant que tel. Actuellement l'évident effondrement du capitalisme, dû à son expansion illimitée et presque déréglée, peut et doit permettre à la doctrine sociale de l'Eglise de le contester de manière radicale.

 

 

Mais plutôt que de vous donner à lire ces quelques citations je devrais vous inviter à lire l'intégralité de l'article.

C'est ici : Chiesa.  Il y a de nombreux liens qui conduisent très loin dans la réflexion.

 



Publié dans Politique

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article