Crispée sur les questions de morale sexuelle l’Eglise est prête à défiler avec des organisations très marquées politiquement sur la droite
Extrait
de La Vie,
blog de Laurent Grzybowski
Mariage pour tous : ce qui me peine et qui m'inquiète
Ce qui me peine et qui m'inquiète, c'est de voir tous ces jeunes manifestants, dont certains ont été enrôlés malgré eux dans une confrontation qui les dépasse, alors qu'il y aurait aujourd'hui tant de grands combats à mener, vitaux et urgents, où les chrétiens (les plus jeunes en particulier) ne sont pas toujours présents : la résistance à la société de consommation, la lutte contre la pauvreté et contre la faim dans le monde, la promotion des droits de l'homme (et de la femme !), le refus de l'injustice, le combat pour la paix, la recherche de la fraternité et du vivre ensemble à travers le dialogue interculturel ou interreligieux, le défi écologique ou le développement durable... Ah, comme j'aurais aimé qu'il y ait, ces dernières semaines, autant de publicité dans les paroisses de France ou sur les réseaux sociaux, pour la démarche Diaconia que pour la Manif pour tous.
Ce qui me peine et qui m'inquiète, c'est de constater que tant de croyants n'ont pas fait leur deuil d'une société "chrétienne". Oui, de la même manière que le mariage civil n'a plus grand chose à voir avec le mariage religieux, notre monde sécularisé s'éloigne de ses racines judéo-chrétiennes (qui restent tout de même très fortes). C'est un fait, ce n'est pas une catastrophe. En Chine, en Inde, en Egypte, au Brésil ou en France, la vocation des chrétiens n'est pas de défendre une civilisation, mais de témoigner de leur foi et du bonheur de croire. Dans ce contexte, l'Eglise catholique ne peut plus se prétendre au-dessus de la mêlée, en distribuant les bons et les mauvais points. A la posture du surplomb, je préfère celle de l"écoute. C'est parce que nous écouterons les autres qu'ils nous écouteront et que nous pourrons vivre un dialogue fécond avec eux.
Mgr Albert Rouet, ancien archevêque de Poitiers, dans Le Monde du 4 avril 2010 : « L’Eglise est menacée de devenir une sous-culture. Ma génération était attachée à l’inculturation, la plongée dans la société. Aujourd’hui, le risque est que les chrétiens se durcissent entre eux, tout simplement parce qu’ils ont l’impression d’être face à un monde d’incompréhension. Mais ce n’est pas en accusant la société de tous les maux qu’on éclaire les gens. Au contraire, il faut une immense miséricorde pour ce monde où des millions de gens meurent de faim. C’est à nous d’apprivoiser le monde et c’est à nous de nous rendre aimables ».