L’Évangile de Jean parle de la résurrection avec de nombreux détails. Je souligne les accents sensuels. Jésus ressuscité s'offre au toucher

Publié le par Michel Durand

Transfiguration, Hubert Damon

Transfiguration, Hubert Damon

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Voici ma méditation pour ce dimanche 7 avril 2024. Je reprend une homélie de 2006 pour le deuxième dimanche de Pâque. Je suis étonné de voir qu’après 18 années mon regard reste avec les mêmes accents.

Je souhaite débuté cette homélie virtuelle en citant la prière finale de l’office du matin (les laudes) de ce vendredi 5 avril.

Dieu éternel et tout-puissant, tu as offert aux hommes le sacrement de Pâques pour les rétablir dans ton alliance ; accorde-nous d’exprimer par toute notre vie ce mystère que nous célébrons dans la foi.

L’alliance avec Dieu, c’est la communion à sa Gloire ; Gloire que le Christ nous offre dans sa résurrection.

Et puis, je songe à l’exhortation finale de l’eucharistie.

Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie. J’insiste : par toute votre vie.

Enfin je me permet de redire que l’Église, l’Assemblée des fidèles disciples du Christ vivant aujourd’hui une situation de diaspora au sein d’un monde ignorant la réalité du Ressuscité, l’Église, ce petit cercle réunit à l’eucharistie dominicale, s’inscrit à l’intérieur d’un grand cercle comprenant tous les humains présents sur toute la Terre. Le chrétien vit dans le grand cercle de l’humanité. (Voir au vendredi saint)

Allez en paix, glorifiez le Seigneur par votre vie

Portons le témoignage du Ressuscité. N’ayons pas peur, soutenu par la foi du baptême,  et la chrismation (confirmation) dans l’Esprit Saint de traduire en paroles et gestes compréhensibles, la force de la résurrection, de l’appel du Créateur à vivre dans sa gloire. François, de Rome (Vatican), dans Laudato si’ 14, nous dit - enseignement que nous avions évoqué à la suite de la rencontre en paroisse sur la Fresque du climat - : « J’adresse une invitation urgente à un nouveau dialogue sur la façon dont nous construisons l’avenir de la planète. Nous avons besoin d’une conversion qui nous unisse tous, parce que le défi environnemental que nous vivons, et ses racines humaines, nous concernent et nous touchent tous ».

Témoins des multiples guerres invoquons le Seigneur, supplie le pape « pour qu'il envoie son Esprit afin de nous faire comprendre que la guerre est une défaite de l'humanité, que nous devons vaincre, nous tous ». Que l'Esprit nous fasse comprendre « que faire la guerre est un besoin qui nous détruit ». Soyons délivrés « de ce besoin d’autodestruction ».

Nous ne pouvons l’oublier au moment de voter pour les élection européennes le 9 juin 2024.

L’Évangile ce dimanche (Jn 20, 19-31) parle de la résurrection avec de nombreux détails. Je souligne les accents sensuels. Jésus ressuscité s'offre au toucher de Thomas: « Avance ta main ici et mets là dans mon côté ».

Nous connaissons cet autre récit ou Jésus recommande à Marie de Magdala : « Ne me touche pas » ou « ne me retiens pas » (Jn 20,17).

Comment expliquer cette contradiction ?

Marie de Magdala croit que Jésus est le Maître, le Seigneur ressuscité. La contemplation du ressuscité est suffisante. Surtout, il importe de ne pas essayer de retenir Celui qui monte vers le Père.

Thomas ne croit pas que l'homme Jésus, le crucifié et le Seigneur Jésus, le ressuscité, puisse être le même personnage. Alors Jésus lui offre la preuve de ses plaies. L'évangéliste, relatant cet événement, veut montrer que Jésus est bien vivant. Il nous parle et on peut lui parler. On peut aussi le louer, le prier. Le corps du Christ est bel et bien visible. Ce n'est pas un fantôme. C'est un être vivant qui entre en relation avec ses amis, qui mange avec eux du poisson grillé : « ils (les apôtres) virent un feu de braise » (Jn 21,9).

Une fois descendus à terre, ils aperçoivent, disposé là, un feu de braise avec du poisson posé dessus, et du pain. Lire ici.

Après avoir souligné le réalisme de l'Évangile de Jean à propos du ressuscité, je voudrais rappeler que d'autres disciples, Paul, par exemple, parle du corps du Christ d'une façon bien différente.

Le corps de Jésus devient, dans ses écrits, le corps du Christ. II en parle également avec réalisme mais ce n'est pas tout a fait la même réalité. Le corps de Jésus c'est le Ressuscité. Le corps du Christ, c'est l'Église fondée par le Ressuscité, le corps spirituel composé de l'ensemble de fidèles du Christ dans la mesure où, ayant des liens entre eux, ces fidèles sont en lien avec le Christ ressuscité.

Divers images expriment ce lien :

Le Christ est la tête de son corps qui est l'Église. Le Christ est aussi l'époux lié à l'Église. L'Église-épouse est le véritable corps du Christ ressuscité, une création nouvelle qui va engendrer un monde nouveau. Un nouvel Adam, une humanité nouvelle, parfaite, animé par le souffle de l’Esprit.

Le Christ est tête. Principe de la nouvelle création, initiateur de la vie dans l'Esprit. Le Christ renouvelle l'existence humaine.

Il me semble qu’il est bon de rappeler cela en cette période pascale qui nous ouvre vers la Pentecôte. La résurrection du Christ apporte le renouvellement du monde. Ce monde nouveau appartient à l’Église assemblée d’hommes et de femmes dont le Christ est la tête.

On peut penser que je vais imaginer des choses bien compliquées pour parler du Christ ressuscité. Certes, la vision de cette humanité, réconciliée à Dieu : Père – Fils – Esprit est grandiose et largement mystérieuse (surtout que nous n’en voyons guère les effets), mais sa réalisation – un acte de foi – est des plus banales et concrètes.

Les mots « Église, corps du Christ ressuscité », ne sont possibles que parce que des hommes et des femmes dans leur existence quotidienne les concrétisent. On reconnaissait les premiers chrétiens au respect qu’ils avaient les uns pour les autres. « Voyez comme ils s’aiment, disait-on d’eux. Et quand cet amour venait concrètement à manquer, Paul donne des avertissements. Ainsi, lorsque les chrétiens de Corinthe ne partagent pas avec leurs frères qui sont dans le besoin, il leur reproche de ne pas discerner le corps du Seigneur.

Autrement dit, « le renouvellement du monde » passe autant par les évènements du salut actualisé dans le culte, que par les menues actions quotidiennes car les uns ne vont pas sans les autres puisqu’il s’agit du même corps.

Appartenir à l’Église, c’est participer, à la suite Du Christ Jésus, à la transformation du monde. Le ressuscité apporte un monde nouveau que l’Église, corps du Christ met quotidiennement, en œuvre.

Actualisons ce soucis fraternel du monde, soucis auquel nous sommes constamment invités en soulignant le devoir de solidarité que, dans la ligne du Christ, nous devons avoir avec les sans papiers. Respecter ceux-ci peut nous conduire à une forme de désobéissance civile.

En invitant à lire quelques textes signés des Églises de France, je cite le contenu de cet appel signé des membres du Réseau Education Sans Frontières :

Le 30 juin 2006, le sursis accordé aux élèves sans papiers et à leurs parents tombera. Des milliers d’enfants, de jeunes et leurs familles risquent l’expulsion en masse, verront leur avenir et leur vie même anéantis. Nous ne laisserons pas commettre ces infamies en notre nom. Chacun avec les moyens qui sont les nôtres, nous leur apporterons notre soutien, notre parrainage, notre protection. S’ils nous demandent asile, nous ne leur fermerons pas notre porte, nous les hébergerons et les nourrirons ; nous ne les dénoncerons pas à la police.

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