Peace Christ (suite)

Publié le par Michel Durand

Jerome-ALexandre.jpgLa Croix,

lundi 2 mai 2011

Courrier de

Jérôme Alexandre

 

Face au scandale ressenti par des chrétiens devant des œuvres d’art qu’ils estiment blasphématoires, un autre chrétien,  qui aime l’art et les artistes, ne peut qu’être attristé. Il peut aussi s’informer et chercher à comprendre. Dans certains cas, l’intention de l’artiste est réellement blasphématoire. Dans d‘autres, heureusement plus nombreux, elle ne l’est nullement et le scandale ressenti tient pour l’essentiel à la méconnaissance du sens véritable de l’œuvre. Les artistes du XXe siècle ont très souvent produit des croix. Le dernier numéro de la revue Arts Sacrés consacre à ce sujet un dossier éloquent. J’y ai moi-même contribué en interrogeant ce phénomène troublant de l’intérêt massif des artistes contemporains pour la croix du Christ, et en suggérant une relation profonde entre l’esprit de subversion de nombre de ces artistes et ce que saint Paul appelle si fortement « le scandale de la croix ». La Croix, ne l’oublions jamais, est d’abord l’expression directe, extrêmement choquante en réalité, de l’ignominie du péché des hommes qui non seulement tuent un innocent, mais l’exposent au regard, prétendant donner par là une leçon de justice, alors qu’ils ne font que témoigner de leur propre perversion. Le sacré et le misérable, le pécheur pervers et la victime innocente sont réunis dans l’emblème de la foi chrétienne. Ce paradoxe est perçu par les artistes et les autres d’autant plus peut-être qu’ils ne vénèrent pas eux-mêmes la Croix comme objet de foi et de piété. Rien de surprenant à cela et rien de si choquant finalement. Car en prétendant renverse le sens sacré, l’artiste ne fait rien d’autre que restituer à son insu l’autre versant du même paradoxe.Aucune injure ne peut désormais dépasser celle d’avoir crucifié le Fils de Dieu. En se faisant silencieux et obéissant jusqu’à la mort sur une croix, ce sont toutes les injures et les morts humaines que le Christ une fois pour toutes a portées et traversées. Avant de trop souffrir de notre identité chrétienne bafouée, ne soyons pas innocents de la profondeur de l’enjeu. Ne jugeons pas si vite l’art sur les apparences, il est une force spirituelle qui souvent voit plus loin que nous.

Jérôme Alexandre.

Publié dans Art

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E
<br /> <br /> D'accord avec Jérôme Alexandre. L'oeuvre pourrait être blasphématoire (mettre en scène sa propre pisse !), mais puisque l'artiste  se dit croyant, je réfléchis. Quand je pense aux conditions<br /> des crucifixions de l'époque avec le relâchement de sphincters ( urine et m...)<br /> <br /> <br /> Difficile, quand le crucifix est devenu tellement banal qu'on ne réalise plus ce qu'il représente. Voir la bataille pour les crucifix dans les écoles italiennes à simple titre<br /> d'identité culturelle.<br /> <br /> <br /> Elyane Saussus, médecin puis responsable CDAS Grenoble-Vienne<br /> <br /> <br />  <br /> <br /> <br /> <br />
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M
<br /> <br /> Merci Elyane pour votre commentaire auquel je suis très sensible vue la mention de la CDAS, commission diocésaine d'art sacré de Grenoble.<br /> <br /> <br /> Nous pouvons remercier  les auteurs de cette polémique. Cela a donné l'occasion d'un débat approfondi. J'espère  un prolongement de celui-ci au cours de la 8ème Biennale d'art sacré<br /> actuel à Lyon.<br /> <br /> <br /> <br />