Le fait de « péter les plombs » n’est pas nécessairement malsain

Publié le par Michel Durand

Deuxième billet du moins d'août de Robert Beauvery

Aux Amis, Communautés qui s’associent à mon séjour hebdomadaire, le vendredi

Au Centre Anti-cancéreux Léon Bérard à Lyon

Ainsi qu’aux internautes.


Chers tous,

 

Durant les 10 mois de thérapie écoulés, je suis entré plus avant dans le mystère de l’intercession : la vôtre dont je bénéficie et la mienne que j’ai à vous ouvrir au fur et à mesure de vos confidences dont certaines sont particulièrement lourdes à porter, comme par exemple : la décision canonique d’exclaustration de religieux(se) – 2 cas ! ou les séquelles de relations incestueuses subies dès l’enfance et pendant 10 ans, au sein même du giron familial… Le mystère de l’intercession sous-tend l’existence de notre « communauté nouvelle » enracinée au centre anti-cancéreux L.Bérard et élargie à tous ceux qui entrent dans ce mystère, jusques et y compris des internautes inconnus.


  1. 1.    Le fait de peter les plombs

André, retraité des services techniques des P.T.T est présent au Centre depuis 9 h. ce matin ; les attentes sont longues devant les différents services. Et il finit par « péter les plombs avec des gestes bruyants irrationnels, des paroles agressives, démesurées…

Dans le groupe « où l’on s’aide pour aller bien », qu’il finit par rejoindre au début de l’après-midi, il se calme et surtout il parle normalement. Il raconte les évolutions de son métier : le passage du téléphone de campagne avec la manivelle à droite de l’appareil et les standardistes, au téléphone automatique, avec cadran circulaire et la suppression des standardistes ; et l’avènement du téléphone portable par satellite. Cette longue et précise remémoration du passé professionnel – qui s’écoute silencieusement comme une commération – le libère manifestement de ses colères soudaines, et laisse apparaître autre chose de son identité humaine, au point d’être capable, en vérité, de se lever devant tous et d’aller présenter ses excuses à l’infirmière la plus agressée et celle-ci le conduit à l’infirmerie pour les préparatifs de la chimio…


  1. 2.    Dans le groupe où on s’aide à aller bien

Le groupe assiste au geste de réconciliation qui fait rebondir la conversion de thérapie collective, en particulier, sur deux points repérables : 1) le fait de « péter les plombs » n’est pas nécessairement malsain, comme s’il s’agissait d’un jaillissement mauvais, issu du fond de l’être ; 2) il peut même être interprété, en bonne part, comme une manifestation d’hygiène mentale, tonique pour se libérer du mal : un exorcisme…

La conversation – toujours informelle ! – rebondit sur une application inattendue dans la vie même du couple : taire ce qui ne va pas, « un cancer oppressant du cœur ». En revanche, laisser exploser son mal, « péter les plombs » est largement préférable à le cacher. Une co-patiente témoigne : « et puis ça finit dans le lit » . Personne ne rit. Pas le moindre sourire discret, coquin, rien !... Le témoignage est écouté dans un silence impressionnant comme si quelque chose de vrai avait été dit, à ramasser précieusement : le lit conjugal est un espace de pardon et de réconciliation. Membre à part entière du groupe, le témoignage m’est également confié comme une parole à garder dans le silence et l’activité du cœur. A la lumière de la Parole incréée je puis, je dois approfondir cette parole humaine jaillie d’une expérience unique.  Avant d’entrer dans l’acte sacré où un homme et une femme, deux personnes deviennent une seule chair, un seul être, cf.Gn 2,24 ; un temps de purification, de réconciliation entre les deux conjoints est nécessaire pour re-construire ce qui a été détruit pour réunir à nouveau ce qui est inséparable devant le Seigneur cf.1Co.11,11. Une nécessité absolue, sine quo non, pour accomplir, en vérité, l’acte, la célébration de l’amour par excellence, déposé dans le cœur humain par l’Esprit de Dieu, cf.Tob.6,8 ; Mt. 5,23… sans omettre 1 Co.7,1-7. Peut-être qu’ « évangéliser » aujourd’hui, annoncer une parole crédible, reçue par les gens, cf.Jn.10,3-5, suppose la mise en place de deux engagements : 1) garder dans le silence et l’activité du cœur une parole vraie, comme « ça finit dans le lit » ; 2) extérioriser, ensuite, les fruits du travail intérieur de méditation, par communication verbale aux autres : deux choses à la fois différentes l’une de l’autre, et dépendantes, la seconde se base sur la première et celle-ci s’exprime dans la seconde.


Conclusion

Aidez-moi, aidons-nous, à comprendre ce que je vois et entends ; à le garder dans la mémoire du cœur ; à l’enrichir au contact de la Parole ; à le « proclamer » éventuellement.

 

Publié dans Témoignage

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