LA MÉTÉO, LE GÉNOCIDE

Publié le par Michel Durand

Alors que déjà, ce matin on dépasse les 30°, voici ce texte de J. M. Delthil :


La chaleur étouffante de ce matin me rappelle quelque chose :

C’était la semaine dernière, il faisait très chaud également.

Je venais de rencontrer une amie au pied de mon immeuble :

(elle) – « Alors, on se promène ? »

(moi) – « Non, pas vraiment ; mais qu’est-ce qui fait chaud ! »

(elle) – « Non mais attendez – où on va, là ?! »

Il est vrai qu’il faisait, tout comme ce matin, autour de trente degrés…

Et puis l’amie me questionne sur ce que je venais de faire, ou sur ce que j’allais faire, je ne sais plus…

(moi) – « Oui, vous savez, je travaille toujours sur le génocide rwandais : sur l’implication de la France par rapport au génocide rwandais ; vous vous souvenez, c’était il y a quinze ans – un million de morts ! »

(elle) – « Un million de morts ?! – mais où on va là !! »

Fin de séquence.

Incroyable…

J’ai cru un peu rêver.

Deux poids, deux mesure ?...

- Un fait qui n’avait rien à proprement parler de dramatique, et sur lequel nous n’avons pratiquement aucune emprise : le climat, était perçu (ou en tous cas, avait suscité la même réaction chez mon amie) de la même manière qu’un autre fait qui lui, ne lui était en rien comparable : une atrocité en l’occurrence, voulue, désirée par des hommes, planifiée, et mise en œuvre méthodiquement avec une intention effroyable et criminelle.

Incroyable…

… tout semblait là perçu, chez mon amie, plus ou moins sur le même plan.

 

Alors je pense là aux journalistes, au travail des journalistes qui doit être de hiérarchiser les événements autant que faire se peut… et qui doit nous aider à distinguer l’importance d’un fait par rapport à un autre ; dans la profession : il y a une dimension d’information à respecter, certes, mais également une dimension pédagogique à tenir, me semble-t-il, dans le fait d’y voir clair…

Le travail de journalisme doit donc être, entre autre, de former le lecteur, l’auditeur – au vu de la quantité phénoménale d’informations délivrées chaque jours – pour qu’il puisse classer, hiérarchiser toutes ces données ; cela me paraît pour le moins indispensable.

Mais il arrive que dans les radios ou les télévisions qui ne font pas très bien leur travail, certaines informations soient débitées plus ou moins sur le même ton, en vrac, comme ça : à la pelle, à la va-vite, les unes derrières les autres, et que des événements plus ou moins anodins se voient finalement mêlés aux événements nettement plus graves (et vice-versa)… alors, la réaction de mon amie m’a surpris sur le moment –  et puis, réflexion faite, plus tant que cela.

 

C’est en tous cas très inquiétant à bien y regarder, cette absence de discernement.

Et le travail de journalisme bâclé l’est tout autant, inquiétant.

Nous sommes [devrions être] responsables.

 

 

Jean-Marie Delthil. 23 juillet 2009.

Publié dans J. M. Delthil

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