Que l'Esprit Saint Christ forme en nous Jésus Christ comme il l'a formé dans le sein de Marie.

Publié le par Michel Durand

Mardi les bénévoles du Secours populaire et de l’association Salam se sont rendus auprès des migrants de Calais et leur ont offert de la nourriture mais aussi quelques petits cadeaux : de quoi améliorer le quotidien d’une journée mais pas de régler le problème sur la durée. France 3 avec AFP, Publié le 24/12/2014 | 10:39, mis à jour le 24/12/2014 | 12:32

Mardi les bénévoles du Secours populaire et de l’association Salam se sont rendus auprès des migrants de Calais et leur ont offert de la nourriture mais aussi quelques petits cadeaux : de quoi améliorer le quotidien d’une journée mais pas de régler le problème sur la durée. France 3 avec AFP, Publié le 24/12/2014 | 10:39, mis à jour le 24/12/2014 | 12:32

"Nous suivons les événements douloureux de notre temps : les peuples africains frappés par Ebola ; le flux migratoire continu provoqué par la pauvreté et les conflits régionaux sans solutions ; les conséquences de l'individualisme économique qui concentre la richesse dans les mains de quelques riches ; les hommes détruits par la société de consommation".

J’avais sur ma table la traditionnelle lettre de Noël des « responsables » des prêtres du Prado. J’écris “responsable” entre guillemets, car je n’aime pas bien ce mot. Nous sommes tous responsables, car nous agissons continuellement avec la conscience de nos responsabilités. Au moins, espérons-le.

Cette lettre je l’avais mise de côté afin de la relire. Ce que je viens de faire. Très bonne lettre ! Je trouve qu’elle donne un excellent programme pour les mois à venir. Elle concrétise par ses pistes missionnaires propres aux disciples, apôtres et prophètes que nous sommes (devrions être) par vocation. C’est pour là que je désire la déposer sur ce blogue en complément de mon témoignage d’hier.

"La mission nécessite l'empathie avec les gens et avec le monde d'aujourd'hui. Une empathie qui n'est en rien une sorte de fusion avec autrui. Elle nous fait trouver la juste distance pour vivre nos relations, conscients que nous sommes appelés à aimer avec un cœur de célibataires, toujours disposés à laisser les gens libres et à ne pas les retenir pour nous-mêmes, ou pour nos projets pastoraux".

Si l’occasion m’était donnée, en petits groupes de prêtres du Prado, je serais heureux de vivre « une révision de vie » mettant en parallèle ce message avec le discours de François aux membres de la curie. Voir ce que j’en disais le 27 décembre.

Lettre de Noël 2014 des membres du Conseil Général des prêtres du Prado.

J'entendis la voix du Seigneur qui disait : "Qui enverrai-je ? Qui donc ira pour nous ?" Je répondis: "Me voici ! Envoie-moi !" Et il me dit: "Va !" (Isaïe 6,8-9)

Noël est toujours un cadeau, une proclamation qui retentit, c'est le mystère de l'amour d'un Dieu qui veut se faire aimer. Alors il vient à notre rencontre, s'entretient avec chacun d'entre nous comme un ami parle à un ami ; il se tient à la porte de notre cœur et il y frappe. (Apocalypse 3,20). Lui seul sait nous attirer comme cela. Il désire nous sauver en nous entraînant dans son « oui » au Père et dire à notre tour : « Me voici, je viens pour faire, ô Dieu, ta volonté" (He 10,7).

Cette année encore, nous accueillons le mystère de la naissance du Seigneur comme une grâce à contempler avec l'amour. Laissons-la entrer et couler en nous-mêmes comme une "eau vive", Jn 4,10) laissons-la agir dans le secret de notre cœur, laissons-la nous modeler et nous conformer "de plus en plus et de mieux en mieux" au Fils bien-aimé du Père, à Jésus notre Unique Maître.

Quel accueil trouvera en nous la Grâce descendue du ciel ? (Tit 2,11)

La famille pradosienne est très diverse. Nous sommes dispersés dans le monde, nous sommes là où le Seigneur nous a mis, nous sommes présents de différentes manières dans l'action pastorale de l'Église, chacun selon son âge, la richesse de son expérience, son histoire personnelle, et en tout cela où se combinent mystérieusement le péché et la grâce. Nous faisons partie d'un presbyterium local, en communion avec l'évêque, et nous vivons ensemble la mission apostolique de l'Église. Nous ne l'oublions pas, nous faisons partie d'un peuple avec qui nous partageons "les joies et les espoirs, les tristesses et angoisses, des pauvres surtout et de toutes celles et ceux qui souffrent", et nous faisons en sorte qu'elles deviennent "les joies et les espoirs, les tristesses et les angoisses des disciples de Christ". Nous ne pourrons jamais tourner le dos à tout ce "vraiment humain" qui nous entoure afin « qu'il trouve écho dans [notre] cœur ». (Gaudium et Spes n°l)

Avec l'Enfant Jésus, témoin de l'amour compatissant du Père, source de la paix, nous suivons les événements douloureux de notre temps : les peuples africains frappés par Ebola ; le flux migratoire continu provoqué par la pauvreté et les conflits régionaux sans solutions ; les conséquences de l'individualisme économique qui concentre la richesse dans les mains de quelques riches ; les hommes détruits par la société de consommation. L'Église aussi est agitée par des questions profondes comme celles que le Synode sur la famille a commencé à affronter. L'écoute authentique devient accueil de celui qui souffre ; et l'amour compatissant, fondé sur celui de Jésus, change notre cœur, élargit notre esprit, nous montre des voies nouvelles de communion, et surtout nous ouvre à la mission. Dieu attend notre "Me voici !" filial.

Que ce Noël nous mette en "sortie" de nous-mêmes, de nos habitudes, de nos modèles culturels et pastoraux, de tout ce qui nous rassure et qui nous convient trop ; qu'il nous évite d'être déstabilisés par les changements inévitables. La tentation est grande de refuser les changements et les bouleversements ; de se laisser aller, sans y prendre garde, à des réflexions stériles, ou à des jugements sans miséricorde à l'égard de l'homme d'aujourd'hui. Ne risquons-nous pas parfois d'empêcher les hommes d'être "conduits par l'Esprit Saint dans leur marche vers le Royaume du Père ?". Pourquoi ne pas reconnaître que nous sommes « porteurs d'un message de salut qu'il faut proposer à. tous », et ainsi chercher des chemins nouveaux pour l'inculturation ? (GS n° 1).

Pour nous sentir réellement et intimement solidaires avec le genre humain et avec son histoire, à la suite de Dieu qui se fait homme en Christ, nous avons besoin de cette "Lumière du monde", qui descend du ciel. Nous avons besoin que l'Esprit Saint fasse grandir en nous l'esprit d'obéissance du Christ : c'est Lui l'homme nouveau, c'est en Lui que prend forme l'humanité nouvelle, c'est en Lui que le Royaume naît, vit et se développe.

N'hésitons donc pas à ouvrir notre cœur pour faire nôtres les sentiments qui furent en Jésus Christ (Ph 2,5). Est-ce que l'apôtre Paul nous invite à mettre de côté nos sentiments et à s'en méfier ? Ne nous suggérerait-il pas plutôt de gérer nos émotions, notre affectivité à la manière du Christ ? En effet, la Sagesse incarnée nous "apprend à renoncer à l'impiété et aux convoitises de ce monde, et à vivre dans le temps présent de manière raisonnable, avec justice et piété" (Titus 2,12).

La mission nécessite l'empathie avec les gens et avec le monde d'aujourd'hui. Une empathie qui n'est en rien une sorte de fusion avec autrui. Elle nous fait trouver la juste distance pour vivre nos relations, conscients que nous sommes appelés à aimer avec un cœur de célibataires, toujours disposés à laisser les gens libres et à ne pas les retenir pour nous-mêmes, ou pour nos projets pastoraux. En recevant le charisme du célibat, nous avons accepté la voie qui nous consacre au Christ ; et sur cette route, avec cœur unifié, nous nous consacrons plus librement, en lui et pour lui, au service de Dieu et des hommes. Pour porter l'amour de Dieu à l'homme de notre temps, nous devons progresser vers une plus grande maturité et liberté intérieure. Soutenus par les frères de l'équipe de base, dans un dialogue vrai et sincère avec eux, nous sommes stimulés à avoir un sens toujours plus haut de l'altérité sur ce chemin de « paternité en Christ » dont nous parle le Concile. (Cf. PO n° 16)

Vivons dans la justice ! Laissons-nous toucher le cœur par la nouveauté de l'Évangile !

Cherchons en toute circonstance ce qui plaît à Dieu ! Nous ne pouvons jamais baisser la garde dans notre lutte avec le Christ contre l'Esprit du mal : il est toujours à l'œuvre pour nous séparer de Celui qui nous avons élu comme « notre seul et unique Maître ». Rappelons-nous que Dieu, « en faveur du Christ, vous a fait la grâce non seulement de croire en lui mais aussi de souffrir pour lui » (Ph 1 ,29). Et, comme le Christ, nous pourrons aussi, avec nos frères et sœurs écrasés par l'injustice, partager leur recherche de la justice. Cependant, nous le ferons comme des envoyés ; nous leur annoncerons ainsi, quand le moment viendra sur ce chemin de libération, la béatitude évangélique promise à tous ceux qui ont faim et soif de la justice, parce que par Dieu ils seront rassasiés, (Mt 5,6).

Nous vivons enfin avec ferveur et conviction notre communion avec le Christ parce que "Christ est puissance de Dieu et sagesse de Dieu", (1 Cor 1,24). Nous pouvons dire que nous aimons le Verbe qui s'est fait chair, si nous pratiquons fidèlement "l'étude de l'Evangile" que notre Fondateur nous a donné comme notre travail quotidien. "Celui qui ne connaît pas les Écritures, affirme Saint Jérôme, ne connaît pas la puissance de Dieu, ni sa sagesse. Ignorer les Écritures, c'est ignorer Christ", (Prologue du commentaire sur le prophète Isaïe). Que l'Esprit Saint Christ forme en nous Jésus Christ comme il l'a formé dans le sein de Marie.

Que la grâce du Noël nous remette devant les yeux que nous ne sommes pas tant appelés à faire des choses qu'à vivre et à témoigner par notre vie de la joie de l'Évangile. Le prophète, qui sait par avance ce qui sera vécu en plénitude dans le Christ, entend l'appel de Dieu ; et Dieu n'hésite pas à lui dire "Vas-y !". Aujourd'hui le prophète de Dieu, c'est nous ; Dieu nous appelle à rejoindre, nous faire proches, et aimer l'humanité, avec la même compassion que Lui, et cheminer avec elle vers la Source de la Vie éternelle.

Notre Bienheureux Antoine Chevrier intercède pour nous depuis le ciel. Il a pu monter vers le Christ parce que, dans les jours de sa vie terrestre, il a contemplé le Christ descendu par amour. Conquis par Jésus, il n'a pas hésité à parcourir la route de l'Évangile avec détermination et radicalité. Le Bienheureux Antoine a su se situer au milieu des contradictions de son temps, ou plutôt, il s'est situé en face d'elles, à la manière du Christ ; il ne s'est pas laissé aller au compromis, et il a proposé un Évangile qui touchait le cœur de ses contemporains. Autrement, il aurait affadi et affaibli la force révolutionnaire du mystère de Bethléem, du Cénacle et du Calvaire. Que c'est beau d'être, par grâce, sur le même chemin ! Que son Témoignage agisse en nous comme un éperon ! Devenons toujours plus conscients de la richesse que nous portons, bien sûr dans des vases d'argile, pourtant toujours prêts à l'offrir à tous, à commencer par les derniers de notre société qui vivent à nos côtés.

Fraternellement en Christ. ..

Michel Delannoy, Xosè Xulio Rodriguez, Armando Pasqualotto 

Publié dans Témoignage

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