Climat. Le monde souhaite une transition. Je pense que là où nous en sommes, seule une révolution serait à envisager
1er janvier 2015.
Nous avons écouté les vœux des uns et des autres. Nous avons lu les journaux. Décembre 2015 est sans cesse évoqué avec la question du climat ! Oui, tous les « chefs » parlent du Climat. C’est lui la bête noire qu’il convient de chasser. Le diable du Gévaudan à capturer. Endiguons ce mal pour que l’on ne dépasse pas les 2 degrés fatidiques.
En fait, promettent les présidents, il faut obtenir la baisse de la température du globe terrestre sans que nous ayons à modifier nos modes de vie. Ou, si l’on doit changer quelque chose, que cela soit en douceur.
On parle alors de transition énergétique ; de lutte contre le chômage grâce à la croissance verte. Même les jeunes réunis par la communauté de Taizé à Prague se disent « engagés pour protéger la création » (La Croix du 1er Janvier). Ne serait-ce qu’un effet de mode ?
Mais, on ne peut qu’être d’accord avec ce que dit, par exemple, Christopher :
« Toute la terre est la création de Dieu et nous en faisons partie. C'est pour cela que c'est un devoir de la préserver. Cela passe par un comportement quotidien, comme le fait de profiter de ce qui nous est offert sans le gaspiller. C'est la spiritualité ignatienne, dont je suis proche, qui m'apprend cela! Je cultive mes fruits, mes légumes, mes plantes aromatiques en pot. Cela me permet de consommer ma production, sans dépense énergétique superflue. Je ne suis pas tellement attaché à la technologie, mais j'avoue qu'il est difficile de s'en passer complètement. Peut-être que j'ai un effort à faire de ce côté-là. Si l'on me montre de nouveaux gestes pour préserver l'environnement, je serai prêt à faire des efforts supplémentaires. De manière générale, je crois que le soin que l'on doit apporter à la Terre dépasse le simple respect de l'environnement. Il s'agit surtout d'une manière de vivre avec son prochain, qui s'enracine dans l'amour du Christ. »
Comment, en plus de cet essentiel et existentiel investissement personnel, rejoindre une attitude politique active ?
Le monde souhaite une transition. Je pense que là où nous en sommes, seule une révolution serait à envisager. Et les sages de me dire : « encore les grands mots ! »
Hollande estime la France grande et apte obtenir ce que d’autres n’ont pas réussi. 2015 sera une "année essentielle pour le climat", a-t-il déclaré en, rappelant que la France accueillera une grande conférence à ce sujet à la fin de l'année. Lors de ses vœux, il a affirmé vouloir une "déclaration sur les droits de l'humanité pour préserver la planète".
Cette déclaration sera-t-elle efficace si l’on ne modifie pas les lois économiques qui pressurent la terre et les populations pauvres ? Évidemment non.
N’oublions pas la façon dont Lima 2014 s’est terminé :
« La vingtième conférence de l'ONU sur le climat s'est tenue à Lima, capitale du Pérou. Loin de répondre aux espérances attendues, cette dernière a même dû être prolongée jusqu'à dimanche. La faute aux pays développés qui ne proposent qu'une contribution financière minimale.
Revenons également sur le message du Conseil des Églises chrétiennes aux communautés chrétiennes pour l’avent (30 novembre 2014).
« La Création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement » (Rm 8).
Temps de préparation intérieure à la fête de Noël, l’Avent est une période privilégiée pour méditer sur la radicale nouveauté qu’a constituée la naissance de Dieu parmi les hommes et sur la manière dont Jésus est né à Bethléem. Dieu n’est pas venu en grande pompe au sein de la Création. Il est possible de passer à côté de cette joie véritable qui touche les humbles que sont les bergers de Noël et les chercheurs de Dieu que sont les Mages : une joie donnée dans la simplicité, bien loin de l’accumulation matérielle.
Temps de vigilance, l’Avent tourne aussi le regard des chrétiens vers l’avènement du Christ à la fin des temps et leur fait prier : viens, Seigneur, ne tarde plus. Car « la Création tout entière gémit maintenant encore dans les douleurs de l’enfantement », mais elle garde l’espérance d’être « libérée de l’esclavage de la corruption » (Épître aux Romains, ch. 8).
En décembre 2015, la France accueillera la Conférence des Nations unies sur les changements climatiques, afin de définir un nouvel accord international sur le climat. Le mode de vie des pays les plus riches représente pour beaucoup un idéal. Or il est fondé sur l’exploitation de ressources naturelles non renouvelables et bon marché. Le généraliser à l’ensemble de la planète conduirait à des niveaux de pollution insoutenables.
Comme responsables d’Églises en France, nous nous interrogeons : les communautés chrétiennes ont-elles pris toute la mesure de la confession d’un Dieu créateur qui, par l’incarnation de son Fils, a choisi de partager la condition de créature ? En ce temps de l’Avent, nous encourageons les chrétiens en France à porter dès maintenant dans la prière, la réflexion des Nations unies sur les enjeux climatiques, à reconsidérer leur relation aux biens matériels, à réorienter leur vie vers l’essentiel, à montrer qu’une façon de vivre plus sobre et plus solidaire est possible, en avançant eux-mêmes sur ce chemin de conversion. Notre façon d’agir envers la Création traduit la manière dont nous nous la représentons. Est-elle un stock de ressources pour répondre aux besoins de nos sociétés ? ou est-elle un don de Dieu dont nous devons être les intendants respectueux et responsables ?
En souhaitant à chacun(e) une belle et joyeuse marche vers Noël.
le pasteur François Clavairoly, le métropolite Emmanuel et Mgr Georges Pontier
Tout cela nécessite une réflexion qui se concrétise dans des engagements politiques collectifs : une nécessité morale à agir.
Pietro Parolin*, secrétaire d’État du Vatican, l’exprime à l’occasion du sommet sur le climat qui s’est tenu en septembre à l’ONU : « Il existe un impératif moral à agir, car nous avons tous la responsabilité de protéger et de valoriser la création, pour le bien de notre génération et de celles à venir ».
*Monsieur le secrétaire général, les motivations éthiques à la base de toute décision politique complexe doivent être claires. Par conséquent, il faut consolider à présent une révision profonde et clairvoyante des modèles de développement et de styles de vie, afin de corriger leurs nombreux dysfonctionnements et les déséquilibres (cf. BenoîtXVI, Lettre encyclique Caritas in veritate, n. 32). Cela est également nécessaire étant donné les nombreuses crises que la société actuelle traverse dans le domaine économique, financier, social, culturel et éthique... L'ensemble du discours est à lire.
Ne laissons pas les politiques agir selon leurs pensées, car ils ne fonctionnent que dans l’intérêt de quelques-uns. Ils parlent, veulent de la croissance pour lutter contre le chômage sans atteindre les racines structurelles des crises. C’est à cela que nous invite un juste regard porté sur le monde. François Hollande, et beaucoup d’autres, veulent continuer à regarder ailleurs, impossible de le suivre.