Dialogue de sourd ?

Publié le par Michel Durand

Vous rencontrez quelqu’un, une connaissance – peu importe. Vous papotez, et vous en venez à aborder des sujets qui méritent réflexion, intelligence et perspicacité.

En fin de discussion, vous glissez à votre interlocuteur/trice que vous êtes au chômage depuis de nombreuses années – au RMI, au RSA, maintenant. L’autre tout à coup semble perdre pied. Il ne comprend pas, il ne comprend pas bien – ou mal, ce que vous lui dites-là… Vous vous êtes moqués de lui en lui mentant sur votre situation réelle, ou en ne faisant pas tout pour aller travailler alors que vous pourriez amplement le faire !

Il/elle ne comprend pas –

Vous tentez alors de lui expliquer que le chômage est endémique, important, que la situation économique est difficile en France au jour d’aujourd’hui, pour ne pas dire ailleurs aussi…

Il/elle ne comprends vraiment pas, et vous voilà suspecté d’un manque de courage, d’une sorte de fainéantise et de que sais-je encore… Vous vous débattez alors un peu, laissant entendre que les conditions de travail sont parfois aujourd’hui tellement… – Vous êtes un tire-au-flanc, un fumiste, c’est à présent certain, avéré et certain ! Et puis à bien y regarder, votre interlocuteur/trice se mets à penser que vous n’êtes pas grand-chose finalement – à ne pas combattre, comme ça –, que vous mériteriez d’être dénoncé à la CAF, au Conseil Général, au Haut commissariat aux Solidarités actives contre la pauvreté, mais vous devez bien être idiot tout compte fait, oui : stupide, plutôt que profiteur. Il/elle a pitié de vous, une pitié dont vous vous passeriez bien, mais il/elle ne parvient toutefois pas à se mentir complètement – honnêtement pourrait-on dire… un doute subsiste dans son esprit… il/elle souhaite encore vous dénoncer, mais ne peut s’y résoudre. Alors il/elle tente d’oublier, ce que vous lui avez dit, une partie de votre vie. Finalement il ou elle, la nie, cette partie de votre existence, équivoque, troublante pour lui, pour elle… – tant que ce n’est pas vous-même qui se trouve-là nié, mais nous n’en sommes parfois pas loin…

Vous vous séparez plus ou moins en amis…

 – Gageons que nous le resterons.

 

Jean-Marie Delthil. 12 Juin 2009.

Écrivain, artiste peintre, plus ou moins au RMI depuis dix bonnes années.

Publié dans J. M. Delthil

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