Morale privée, conversion personnelle, individualisation comme mode d’évacuation du politique qui envisage des actions sur les structures

Publié le par Michel Durand

Morale privée, conversion personnelle, individualisation comme mode d’évacuation du politique qui envisage des actions sur les structures
Morale privée, conversion personnelle, individualisation comme mode d’évacuation du politique qui envisage des actions sur les structures

 

- L’individualisation des modes de vie écologique est-elle porteuse de tendances conservatrices qui favorisent les classes aisées tout en se montrant parmi les bons citoyens ?

- Est-ce suffisant de changer les comportements individuels pour changer la société ?

- Peut-on transformer la société sans transformation sociale ?

Voilà donc trois questions que nous abordons régulièrement dans les laboratoires conduits par Chrétiens et pic de pétrole. Elles m’ont été inspirées par Jean-Baptiste Comby grâce à son livre sur les approches de la Question climatique, Genèse et dépolitisation d’un problème public.

Il me semble que le regard sociologique de ce chercheur peut s’appliquer à de nombreux autres domaines. Son raisonnement me semble en effet convenir pour analyser nos comportements tant vis-à-vis des migrants ou des jeunes de la seconde génération, que face à une croissance sans cesse à accroître et une approche de l’écologie. Je peux même penser à des parents qui déconseillent à leurs enfants de suivre une formation artistique, car ce n’est pas là qu’ils gagneront beaucoup d’argent (sauf à être célèbre, ce qui est aléatoire).

Dans ma page de dimanche dernier, je me suis situé en un autre domaine ; mais, je suis persuadé qu’au fond, l’analyse est identique. À vouloir étudier les évènements sociaux sans mettre le doigt sur la racine des problèmes qui se trouvent dans le capitalisme ambiant, on passe à côté de l’essentiel et on ne dit rien pour construire un futur durablement viable. Les études sur les crises dans les banlieues, les difficultés du dialogue interreligieux qui ne veulent pas atteindre les racines de la réalité afin d’éviter les clivages, ne peuvent fournir qu’un vain toilettage.

Dans le mensuel La décroissance d’avril 2016, Jean-Baptiste Comby parle de son sujet, la dépolitisation, dans le cadre de l’écologie ; nous pouvons également appliquer son regard à d’autres domaines. En effet, il touche la question morale à un niveau de base individuel et collectif qui ne peut que s’appliquer dans toutes les situations. Mais, il faudrait que je le rencontre pour lui demander son avis. Voici le paragraphe de La Décroissance qui m’a incité à écrire ce que je ressens : il convient de rappeler que « le monde social est un monde conflictuel et que cette conflictualité est saine. À vouloir la refouler, la nier, on risque d’intensifier la violence. Il n’y a rien de plus violent que le compromis qui étouffe la conflictualité, nous anesthésie et neutralise  le sentiment d’injustice. Au contraire, assumons le conflit, soyons capables de débattre et d’être en désaccord, ça n’empêche pas de vivre ensemble… Un des moteurs de la vie politique, c’est le sentiment d’injustice. Il est donc important de contester, de dénoncer des agissements inacceptables, de mettre les acteurs face à leurs responsabilités, de les obliger à se positionner. Ce travail militant, il nécessite des combats collectifs pour refuser la fatalité et ne pas rester dans le « chacun fait sa part ». Là on n’est pas seulement dans l’éco-citoyenneté, mais on vise la transformation des structures sociales ».

Après la lecture de ce bel article qui m’a rafraichi les idées, j’ai visionné deux entretiens de Jean-Baptiste Comby. Quelle chance pour si vous prenez le temps de les écouter !

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