Marie – Maryam, vénérée par des musulmans et des catholiques, peut-elle devenir la médiatrice entre chrétiens et musulmans ?

Publié le par Michel Durand

Marie – Maryam, vénérée par des musulmans et des catholiques, peut-elle devenir la médiatrice entre chrétiens et musulmans ?
Marie – Maryam, vénérée par des musulmans et des catholiques, peut-elle devenir la médiatrice entre chrétiens et musulmans ?
Marie – Maryam, vénérée par des musulmans et des catholiques, peut-elle devenir la médiatrice entre chrétiens et musulmans ?

Dans les dialogues interreligieux, il est souvent question de Marie dont on dit qu’elle est priée par les catholiques et les musulmans. L’histoire de la naissance de Marie se montre légendaire dans les deux traditions. De même pour la naissance de Jésus. Ouvrant ce chapitre, je pense, une fois de plus, à l’importance d’un regard sur la Révélation divine qui ne peut que s’inscrire dans une culture déterminée sans pour autant nier les données objectives de la raison. Comment se situer, avec foi et raison, devant des récits que l’on a du mal à recevoir parce que trop merveilleusement légendaire ?

Nicolas Senèze alimente ma réflexion. Dans son article au journal La Croix du dimanche 3 avril 2016 ; il parle de la Vierge Marie, mère de Jésus, en disant qu’elle « peut être un élément de conciliation entre chrétiens et musulmans ». Il cite le P. Maurice Borrmans, ancien enseignant à L’Institut pontifical d’études arabes et d’islamologie à Rome : « Si, pour les chrétiens, Marie est médiatrice de toutes grâces, avec et par son Fils, le seul médiateur auprès du Père, elle pourrait aussi être médiatrice entre musulmans et chrétiens en tant que modèle parfait de la “soumission confiante” aux désirs de Dieu sur notre commune humanité ».

En effet, Marie n’est pas inconnue des musulmans.

Appelée Notre-Dame (sayyidunâ) ou Marie (Maryam), le Coran parle d’elle à 34 reprises. Beaucoup plus que dans le Nouveau Testament. Selon Maurice Borrmans, « Le Coran dit d’elle que sa mère, la femme de ‘Imrân*, l’a consacrée à Dieu dès sa naissance (3, 35-36), que Zacharie s’est occupé de son éducation “dans le sanctuaire” (3, 37), qu’elle a reçu “bonne nouvelle” d’une “parole” lui venant de Dieu (3, 45), qu’elle est donc devenue enceinte sans concours d’homme “sous l’action de l’esprit de Dieu” (3, 47 ; 19, 20-21), qu’elle a accouché de son fils au pied d’un palmier, au désert, palmier qui l’a gratifiée de dattes fraîches et d’une eau désaltérante (19, 25-26), qu’elle a présenté son bébé “aux siens” répondant par un “jeûne du silence” à leurs accusations de prostitution (19, 26-28), qu’elle est donc “avec son fils, un signe pour les mondes” (23, 50 ; 21,91) et, pour son compte personnel, “un modèle pour les croyants parce qu’elle a préservé sa virginité, si bien que Dieu a insufflé en elle de Son esprit, parce qu’elle a déclaré véridiques les paroles et les livres de Dieu et parce qu’elle a été du nombre des personnes pieuses” (66, 12). »

Le texte du Coran sur Marie, ne correspond pas à ce que nous lisons d’elle dans les Évangiles, qui, eux, demeurent très sobres. Mais, nous chrétiens, nous ne pouvons pas oublier que, pour combler le vide des récits néotestamentaires, notamment à propos de la naissance de Jésus, la tradition y a ajouté des récits dont l’aspect légendaire est tel qu’ils ne furent pas officiellement acceptés, tel l’évangile apocryphe de Jacques (IIe siècle) et celui de Matthieu ( VIe-VIIe siècle). Ces écrits ont été très utilisés par les peintres et les sculpteurs du moyen-âge chargés de donner à voir la vie de Marie et de Jésus selon les commandes d’évêques. Regardons l’enfance de Marie et de Jésus peint par Giotto dans la chapelle des Scrovegni à Padoue.

Je ne citerai qu’un exemple de la similitude entre le Coran et le proto évangile de Jacques : Marie reste vierge après la naissance de Jésus.

Au moment où Anne enfante Marie, de suite elle consacre sa fille à Dieu, dans le Temple. « Quand les jours furent accomplis, Anne se purifia, donna le sein à l'enfant et l'appela du nom de Marie (V. 2)… De jour en jour, l'enfant se fortifiait. Quand elle eut six mois, sa mère la mit par terre, pour voir si elle tenait debout. Or l'enfant fit sept pas, puis revint se blottir auprès de sa mère. Celle-ci la souleva, disant : " Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, tu ne marcheras pas sur cette terre, que je ne t'ai menée au temple du Seigneur. " Et elle apprêta un sanctuaire dans sa chambre et elle ne laissait jamais sa fille toucher à rien de profane ou d'impur. Et elle invita les filles des Hébreux, qui étaient sans tache, et celles-ci la divertissaient (VI. 1)… Quand l'enfant eut un an, Joachim donna un grand festin où il convia les grands prêtres, les prêtres, les scribes, les Anciens et tout le peuple d'Israël. Il présenta l'enfant aux prêtres qui la bénirent : " Dieu de nos pères disaient-ils, bénis cette enfant, et donne-lui un nom illustre à jamais, dans toutes les générations. " Et tout le peuple s'écria : " Qu'il en soit ainsi ! Amen ! " Et ils la présentèrent aux grands-prêtres, et ceux-ci la bénirent, disant : " Dieu des hauteurs, abaisse ton regard sur cette petite fille et bénis-la d'une bénédiction suprême, qui surpasse toute bénédiction " (VI. 2)… Et, à la naissance de Jésus, « la sage-femme dit : " Mon âme a été exaltée aujourd'hui car mes yeux ont contemplé des merveilles : le salut est né pour Israël. " Aussitôt la nuée se retira de la grotte et une grande lumière resplendit à l'intérieur, que nos yeux ne pouvaient supporter. Et peu à peu cette lumière s'adoucit pour laisser apparaître un petit enfant. Et il vint prendre le sein de Marie sa mère. Et la sage-femme s'écria : " Qu'il est grand pour moi ce jour ! J'ai vu de mes yeux une chose inouïe. " (XIX.2). Et la sage-femme sortant de la grotte, rencontra Salomé et elle lui dit : " Salomé, Salomé, j'ai une étonnante nouvelle à t'annoncer : une vierge a enfanté, contre la loi de nature. " Et Salomé répondit : " Aussi vrai que vit le Seigneur mon Dieu, si je ne mets mon doigt et si je n'examine son corps, je ne croirai jamais que la vierge a enfanté. " (XIX.3)… Et la sage-femme entra et dit : " Marie, prépare-toi car ce n'est pas un petit débat qui s'élève à ton sujet. " A ces mots, Marie se disposa. Et Salomé mit son doigt dans sa nature et poussant un cri, elle dit : " Malheur à mon impiété et à mon incrédulité ! disait-elle, j'ai tenté le Dieu vivant ! Et voici que ma main se défait, sous l'action d'un feu. " (XX.1)… Et voici qu'un ange du Seigneur parut, qui lui dit : " Salomé, Salomé, le Maître de toute chose a entendu ta prière. Étends ta main sur le petit enfant, prends-le. Il sera ton salut et ta joie. " (XX.3) Et Salomé, toute émue, s'approcha de l'enfant, le prit dans ses bras, disant : " Je l'adorerai. Il est né un roi à Israël et c'est lui. " Aussitôt Salomé fut guérie, et elle sortit de la grotte, justifiée. Et voici qu'une voix parla : " Salomé, Salomé, n'ébruite pas les merveilles que tu as contemplées, avant que l'enfant ne soit entré à Jérusalem" (XX.4).

La vierge Marie de l’Évangile est aussi pure que la vierge Maryam du Coran. Un trait d’union dans le dialogue islamo-chrétien. Qu’en pensent les théologiens des deux religions ?

*Joachin est aussi, comme Maire, Jean-Bapiste, de la maison des ancêtres de Moïse : Amram.

Publié dans Eglise, évangile

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