Les chrétiens devraient tous être conscients d'être appelés à vivre une lutte contre l'illusion de la croissance infinie. Mode de vie simple

Publié le par Michel Durand

Les chrétiens devraient tous être conscients d'être appelés à vivre une lutte contre l'illusion de la croissance infinie. Mode de vie simple

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La lecture d’un article sur la revue Limite dans le quotidien La Croix du 26 octobre 2022 m’a attristé. En effet, même si je ne partage pas toutes les idées de ce groupe chrétien, je trouvai opportun que la revue Limite les exprime dans un un style qui me semble ajusté au public visé.

Avant le temps des débats propres à l’écologie, j’avais rencontré Gaultier Bès de Berc dans le cadre de l’ouverture de l’Église aux arts plastiques sacrés et spirituels contemporains. C’était dans le sanctuaire Saint-Bonaventure à Lyon. Une sorte de veillée de prière et conférence si je me rappelle bien. Je n’étais pas très à l’aise car l’expression de l’art que je devinais chez ces étudiants et jeunes professionnels me tournait plus vers que XIXe siècle que vers le XXIe. N’empêche que l’effort d’ouverture porté par Gaultier m’était sympathique. Le chemin qu’il ouvrait, notamment dans le domaine de l’écologie politique, se montrait utile à l’intérieur de l’Église. Le plus gros écart que nous pouvions avoir portait sur l’accueil des migrants qu’il jugeait non opportun. Par ailleurs, je ne me suis jamais senti pouvoir être présent aux manifs de la Manif pour tous.

Si je pense à tout cela dans ce blogue, c’est parce que le premier numéro de Limite, présentait favorablement, me semble-t-il, l’écologie politique et la décroissance. Falk Van Gaver signait un article destiné à ouvrir les modes de vie vers une plus grande sobriété : Heureux les pauvres ? « Le plus heureux des hommes est celui qui sait le mieux être pauvre », Proudhon.

Je place en bas de page le passage de cet article me concernant.

 

J’invite aussi à se rendre sur le site de Patrice de Plunket qui sur Facebook suscite des commentaires intéressants, me dit Patrice ; notamment le commentaire de Christian Chanliau.

À propos de Limite, il m'adresse ce courriel : « tu mets le doigt sur ce qui les a tués 'ab ovo' : la présence d'Eugénie Bastié, produit de l'ultradroite qui n'avait rien à faire là ; présence liée à l'erreur stratégique absolue d'actifs à la revue : miser sur le public Manif-pour-tous, c'est à dire sur la bourgeoisie libérale-conservatrice pour laquelle la seule écologie admissible consiste à défiler contre l'IVG !

Imaginer que ce milieu puisse se convertir à l'écologie intégrale, c'était vouloir faire boire l'âne qui n'a pas soif. Maintenant Limite s'arrête parce que le milieu ne s'est pas abonné... C'était pourtant prévisible. Il aurait fallu au départ viser un autre segment de l’opinion... Pour que le catho de droite ose "se convertir selon l'écologie", il lui faudrait commencer par admettre : a) que tous les papes depuis Jean-Paul II y ont appelé les catholiques, b) que François n'est pas l'Antéchrist. Mais le bourgeois libéral-conservateur n'est pas près d'en convenir… »

 

 

Enfin, je recopie article de La Croix :

La revue « Limite » sort son dernier numéro »

 

Lancée en 2015, la revue Limite sort jeudi 27 octobre son dernier numéro, dans un contexte de difficultés économiques. Cette publication a eu un écho plus large que sa diffusion, en portant les rêves d’écologie chrétienne de jeunes auteurs de la « génération Laudato si’ ».

Benoît Fauchet, le 24/10/2022 à 14:22

 

Esprit, la revue intellectuelle fondée par Emmanuel Mounier, célèbre ses 90 ans cet automne. Limite, dirigée par Paul Piccarreta, ne les fêtera pas : la « revue d’écologie intégrale » sort jeudi 27 octobre son 27e et dernier numéro, disponible en librairie et à la commande sur Internet.

 

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Pourquoi mettre fin à cette aventure inédite dans les rangs chrétiens, en particulier catholiques, après sept ans seulement ? « La première raison est spirituelle : nous atteignons nos limites, écrit Paul Piccarreta, 33 ans, dans son dernier éditorial, mis en ligne lundi 24 octobre. La seconde est matérielle : depuis deux ans, nous perdons des abonnés et nous ne recrutons plus assez de nouveaux lecteurs. C’est que la presse papier appartient à un monde en train de disparaître, ce n’est pas nouveau, mais le Covid a rendu cette vérité plus cruelle encore. »

À bas le « système techno-capitaliste »

Revue « artisanale », selon son directeur, Limite aura vendu environ 80 000 exemplaires au total depuis 2015 : le chiffre est modeste. Mais sa place dans le débat d’idées aura indéniablement excédé le périmètre restreint de sa diffusion. C’est celle d’un petit groupe de jeunes auteurs (Marianne Durano, Gaultier Bès, Mahaut et Johannes Herrmann…) défendant une écologie chrétienne volontiers décroissante, conservatrice sur les sujets de bioéthique et critique envers le « système techno-capitaliste », selon les mots de Paul Piccarreta.

« Nous avons cultivé des modèles : Simone Weil, Bernard Charbonneau, Georges Bernanos, Jacques Ellul, Dorothy Day, Ivan Illich, Charles Péguy et tant d’autres, écrit le directeur. Beaucoup de morts, et un pape bien vivant, François » qui, en publiant son encyclique sur l’écologie Laudato si’ au moment où la petite équipe de Limite sortait son premier numéro, l’a confirmée dans son « intuition ».

Goût du terrain et du bon titre

Entretenant le goût du terrain pour donner la parole à des femmes et des hommes aux vies difficiles, de Calais à Rio, la revue a su trouver un ton, injectant de l’humour – notamment en titraille – dans le traitement de sujets sérieux. Exemple, dans le dossier du dernier numéro, consacré à l’anarchisme chrétien : un portrait d’un militant du mouvement Extinction Rebellion intitulé Rebelle du Seigneur, et un autre titré La robe de bure pour évoquer le combat d’un avocat contre un projet d’enfouissement de déchets nucléaires dans la Meuse.

Limite a essuyé des critiques acerbes, notamment celles du quotidien Libération qui, en mai 2019, accusait son « écologie intégrale » de converger « vers la stricte défense de l’identité française et du national-conservatisme »Ils ont été nos meilleurs attachés de presse », s’amuse auprès de La Croix Paul Piccarreta, alors que le quotidien est revenu depuis à de meilleurs sentiments envers la revue.

Ajustement » de ligne

Le directeur reconnaît non pas un changement de ligne éditoriale mais un « ajustement », symbolisé par la tribune « Bioéthique, ne nous trompons pas de combat » publiée en septembre 2019. « Ce texte a marqué l’histoire de Limite en affirmant que l’écologie était la mère de toutes les batailles », souligne Paul Piccarreta. Hier assimilée à la droite conservatrice autour d’une figure comme l’essayiste et journaliste Eugénie Bastié, cofondatrice ayant quitté la revue, Limite s’est installée dans la mouvance de l’écologie chrétienne de gauche, quoique toujours à distance du progressisme sur le plan sociétal.

À l’heure du bilan, Paul Piccarreta ne cache pas une forme de lassitude devant la difficulté à promouvoir les thèmes de l’écologie et de la justice sociale dans les rangs de l’Église. « Il y a un sentiment d’échec qu’il ne faut pas occulter, dit-il. Même si, dans les faits, les catholiques n’ont jamais autant parlé d’écologie. »

« Les gens qui portent cette revue ont dit ce qu’ils avaient à dire », estime-t-il. Ils ont essaimé aujourd’hui dans des titres de presse aux sensibilités diverses, de Marianne à La Croix. Un « esprit Limite », pour très minoritaire qu’il soit, devrait perdurer dans des cafés associatifs prisés par la jeune génération « alter-catho » (le Dorothy à Paris, le Simone à Lyon…), dans tel éco-hameau chrétien… Au-delà, le message final est synthétisé par le nom du site Internet où les 27 numéros de la revue sont désormais disponibles : faites-mieux.com.

Benoît Fauchet, version internet.

 

Falk Van Gaver  : CURÉ DÉCROISSANT

Pierre-Joseph Proudhon, le père de l'anarchisme, le dit sans ambages: « La pauvreté glorifiée par l'Évangile est la plus grande vérité que le Christ ait prêchée aux hommes. » Ainsi, Michel Durand, prêtre du Prado (une association de secours des enfants pauvres fondée en 1860 par Antoine Chevrier), découvre la décroissance en 2002, quand il devient curé de Saint-Polycarpe sur les pentes de la Croix-Rousse à Lyon. Cela le renvoie aux années 70, quand la CFDT critiquait les dégâts du progrès, de la mécanisation, de l'aliénation du travail: prêtre-ouvrier en intérim à Lyon, il lit alors Jacques Ellul, Ivan Illich, le groupe Travailler deux heures par jour... Il passe d'un mémoire de maîtrise plutôt convenu sur « le développement, sacrement du salut » à une critique intitulée « Faut-il encore travailler? » Il n'a ni voiture, ni portable « Nous n'avons pas vocation à l’accumulation, mais à la simplification », explique ce curé qui sort du rang. Au quotidien, s'il consacre ses après-midi au service de la paroisse, il garde ses matinées pour la lecture, la prière et la contemplation. Une vie d'ermite urbain qu’il a conservée depuis qu'il a pris sa retraite en 2012 : « Prendre tout le temps de la contemplation sans ignorer la rencontre d'autrui. Je vis dans un appartement type HLM, propriété de l'Eglise de Lyon, qui me permet accueil et solitude. » En 2008, il fonde l’association Chrétiens et pic de pétrole : « Les chrétiens devraient tous être conscients d'être appelés à vivre une lutte contre l'illusion de la croissance infinie. » Mais il ne se fait pas d'illusion: « Au sein de l'Eglise, nous ne sommes pas seulement minoritaires, nous sommes inexistants.» Malgré les appels des évêques et des papes qui exhortent les chrétiens depuis des décennies à adopter de nouveaux modes de vie simples, tout en chantant les louanges du développement intégral... Sur la chaire de Moise se sont assis les scribes et les pharisiens : faites donc et observez tout ce qu'ils pourront vous dire, mais ne vous réglez pas sur leurs actes : car ils disent et ne font pas. Ils lient de pesants fardeaux et les imposent aux épaules des gens, mais eux-mêmes se refusent à les remuer des doigts (Mt 23, 2-4). Jésus nous avait prévenus contre les pharisiens de tous les temps.

Dès les années 30, les personnalistes gascons Ellul et Charbonneau l’écrivaient : « La révolution doit se faire contre la misère et contre la richesse. » La révolution contre l'argent, et sa misère et sa richesse, doit commencer en chacun de nous-mêmes. On raconte que Socrate, passant sur un marché, aurait dit : « Que de choses dont je n'ai pas besoin... » Il serait temps que l’Occident réentende la leçon de ses deux fondateurs : Socrate et Jésus. Et redécouvre ses vraies richesses: sa philosophie et sa religion.

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